Mon compte
    "Nous voulions faire réfléchir sur la culture de la peur" : 3 questions au réalisateur de Tito et les Oiseaux
    Thomas Imbert
    Thomas Imbert
    -Chef de rubrique - Infotainment
    De la Terre du Milieu aux confins de la galaxie Star Wars en passant par les jungles de Jurassic Park, il ne refuse jamais un petit voyage vers les plus grandes sagas du cinéma. Enfant des années 90, créateur des émissions Give Me Five et Big Fan Theory, il écrit pour AlloCiné depuis 2010.

    Alors que le film d'animation brésilien "Tito et les Oiseaux" sort aujourd'hui en salles, nous avons pu rencontrer son co-réalisateur Gustavo Steinberg à l'occasion du dernier Festival d'Annecy. Retour sur sa démarche artistique et engagée...

    Damned Distribution

    AlloCiné : Quel a été le point de départ, la motivation de ce projet ?

    Gustavo Steinberg, réalisateur : Nous voulions faire réfléchir les enfants et les adultes sur la "culture de la peur" qui existe aujourd’hui dans le monde. La peur a toujours été là, mais la façon dont cela se passe de nos jours représente un nouveau phénomène qui mérite que l’on y prête attention - et peu de gens en parlent.

    Ce conte est donc une métaphore du monde réel et actuel, et notamment de l'atmosphère qui y règne. Comment avez-vous eu l'idée de transformer le pessimisme des médias en maladie contagieuse ? 

    Je pense que le fait de venir de São Paulo nous a facilité la tâche pour envisager la peur comme quelque chose de contagieux. J’ai pu voir à quelle vitesse elle était capable de se propager depuis que je suis enfant. Et je ne pense pas que ça soit seulement du pessimisme. Je pense que le problème avec les médias est plus profond que cela : ils sont très bons pour rapporter des catastrophes et des crises, ce qui est essentiel lorsque de véritables crises surviennent. Cependant, lorsqu'ils rencontrent des chutes d’audiences et des difficultés liées au business model, cela est tentant pour eux de se tourner vers ces crises de plus en plus souvent. Et les réseaux sociaux, nourris par les utilisateurs eux-mêmes, intensifient ce procédé car les catastrophes et les crises – en un mot, la peur – attirent davantage l’attention que d’autres sujets.

    Damned Distribution

    Dans le film, Tito et ses amis guérissent la peur grâce aux oiseaux, de façon indirecte. Pensez-vous que l'animation (et ce film en particulier) pourraient faire office de remède dans notre société ?

    Bonne question ! Ça revient à se demander si un film ou un livre peuvent changer le monde. Bien sûr que oui ! Tout d’abord, n’importe quel film où oeuvre d’art est politique, y compris (et même peut-être spécialement) les gros blockbusters hollywoodiens. Les films (ou les oeuvres d’art en général) ne peuvent pas changer le monde tout seuls, il faut qu’ils puissent trouver écho dans un contexte social et devenir les catalyseurs de changements plus importants. Si vous avez un doute sur la capacité d’un film à changer la société, je peux vous donner un exemple extrême : Les Dents de la mer. Plus personne ne va se baigner de la même manière après avoir vu ce film.

    Je pense que Tito et les oiseaux aborde des sujets importants. Mais avant toute chose, j’aime à penser qu’il introduit une compréhension plus profonde des sujets qu’il aborde, à travers les sens et la synesthésie. Les images animées et les émotions qui jalonnent l’aventure de Tito sont de meilleurs "remèdes" à la maladie de la peur que ne l’est l’aspect rationnel du film.

    (Re)découvrez la bande-annonce de "Tito et les oiseaux" (en salles à partir d'aujourd'hui)...

     

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top