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    Shazam : saviez-vous qu'il s'était appelé Captain Marvel ? Retour sur les origines du héros

    Ses origines, ses pouvoirs, son évolution, l'époque à laquelle il s'appelait Captain Marvel... Avant de découvrir "Shazam !", faites connaissance avec le héros grâce à Yann Graf, auteur d'une Anthologie qui lui est consacrée.

    DC / Warner Bros.

    Vingtième plus gros succès mondial de tous les temps à l'heure actuelle, avec 1,147 milliard de dollars de recettes, Aquaman n'a pas raté son plongeon dans les salles obscures, et permis à DC Comics de reprendre des couleurs, après la déception Justice League. Aujourd'hui, le studio compte bien poursuivre sur sa lancée avec Shazam ! Ou les aventures d'un héros né en 1940 mais moins connu ici qu'aux États-Unis, où il s'est d'abord appelé... Captain Marvel. Avant de le voir électriser le grand écran, sous les traits de Zachary Levi, faites donc connaissance avec le personnage : ses origines, ses pouvoirs, son évolution... Suivez le guide, en l'occurrence Yann Graf, éditeur chez Urban Comics et auteur de l'Anthologie consacrée au super-héros, disponible depuis le 29 mars.

    AlloCiné : Qu’est-ce qui a conduit à la création de Shazam ? Comme Flash était censé parler aux personnes qui manquaient de temps, s’agissait-il de faire rêver les enfants et ados qui voulaient être des super-héros ?

    Yann Graf : Tout à fait. Comme tous les premiers personnages de l’Âge d’Or du comic book (les années 40), la création de ce héros part d’une idée simple : et si un petit garçon pouvait se transformer en super-héros en prononçant une formule magique ? Shazam est d’ailleurs au départ le nom du sorcier qui donne ses pouvoirs au héros, qui s’appelle lui Captain Marvel. Les noms de Captain Marvel et de Billy Batson, son alter ego, proviennent eux du premier magazine à l’origine des Éditions Fawcett (qui ont publié les aventures du Captain Marvel dans les années 40 et 50) : "Captain Willy’s Whiz Bang". Le premier titre dans lequel il apparaît s’appelait d’ailleurs Whiz Comics.

    Quand le personnage a-t-il été intégré au catalogue DC Comics ? Et à quel moment a-t-il abandonné le nom de Captain Marvel pour définitivement devenir Shazam ?

    Le personnage a été intégré en 1973 : il s’appelait toujours Captain Marvel, mais pour des raisons de copyright, le mensuel où il apparaissait s’appelait "Shazam". Idem pour la série télévisée et le dessin animé qui ont été diffusés dans les années 70 et 80. Lorsque DC Comics a remanié son univers et ses personnages en 2011, ils ont changé définitivement le nom de Captain Marvel en Shazam.

    Quels sont, concrètement, ses pouvoirs ? Et qu’est-ce qui le différencie de Superman, dont il a très fortement été inspiré ?

    La différence principale est que Superman relève de la science-fiction tandis que Captain Marvel/Shazam tient ses pouvoirs de la magie et évolue dans un univers plus enfantin et fantastique. Ses pouvoirs proviennent des héros et dieux de l’Antiquité dont les initiales forment le mot SHAZAM : la sagesse de Salomon, la force d’Hercule, l’endurance d’Atlas, la puissance de Zeus, le courage d’Achille et la vitesse de Mercure.

    DC Comics

    Pourquoi le personnage est-il aussi populaire outre-Atlantique ? Quelle est son importance dans l’univers des comic books ?

    Dans les années 1940, les comic books mettant en vedette Captain Marvel étaient ceux qui se vendaient le mieux : les publications atteignaient même plus d’un million d’exemplaires vendus pour chaque numéro. Il est également le premier super-héros que l'on décline en plusieurs versions : on trouve les "Lieutenants Marvel", trois jeunes gens qui s’appellent également Billy Batson et qui sont surnommés "Fat Billy", "Tall Billy", "Hill Billy", et qui partagent les mêmes pouvoirs. Et surtout, les auteurs créent la "Famille Marvel" avec Captain Marvel Junior, son sidekick au costume bleu et or, et Mary Marvel, sa propre sœur. Il s’agit d’une des premières équipes de super-héros qui évolue dans les pages de Marvel Family.

    Le personnage inspirera également plusieurs autres héros dont Miracleman, une version britannique qui sera reprise par le scénariste Alan Moore dans les années 80. Et les auteurs qui ont travaillé sur "Captain Marvel" comme le scénariste Otto Binder et le dessinateur Kurt Schaffenberger partiront ensuite réaliser des épisodes de "Superman" : Otto Binder introduira même des concepts comme Supergirl, Brainiac ou Kandor, la ville-bouteille.

    DC Comics

    Étant auteur de l'Anthologie Shazam, quel est, pour vous, son âge d’or ? Quels comic books doit-on absolument lire si l’on veut mieux le connaître ?

    Le personnage a toujours su inspirer les auteurs et titiller leur imagination : les épisodes de la fin des années 40 et du début des années 50 sont particulièrement imaginatifs. Dans l’Anthologie, on présente ainsi un épisode où la Famille Marvel voyage dans le temps, de l’Antiquité au lointain futur, afin de percer le mystère de l’Atlantide. Dans un autre épisode, Captain Marvel affronte carrément la Terre, lassée des mauvais traitements que lui infligent les humains !

    Mais d’autres périodes sont aussi intéressantes : dans les années 90, Jerry Ordway a relancé la série sous le titre "Power of Shazam" et a imaginé que les aventures de Captain Marvel se passaient de nos jours mais dans une ville imaginaire, Fawcett City, au look rétro. Les véhicules et la technologie n’y ont pas évolué depuis les années 50. On publie le premier récit qui fait 96 pages dans l’Anthologie. Enfin, récemment, Jeff Smith, le créateur de "Bone", a fait un très bon album pour la jeunesse, "Shazam et la Société des Monstres", que l’on publie dans notre collection Urban Kids.

    Le public vient pour Iron Man, Batman ou Shazam, mais s’attache avant tout à Tony Stark, Bruce Wayne ou Billy Batson

    Quel a été l’apport de Geoff Johns vis-à-vis du personnage dans les comic books ? Que pouvez-vous nous dire sur cette nouvelle série que les lecteurs de l’Anthologie pourront découvrir en avant-première ?

    Geoff Johns a remanié les origines et la personnalité de Billy Batson : c’est un adolescent, désormais, il est un peu plus âgé que dans les versions précédentes. Il est aussi un peu plus cynique par rapport au monde qui l’entoure. Mais c’est toujours au fond de lui-même quelqu’un de bien : il va réapprendre à s’ouvrir aux autres grâce à sa nouvelle famille. C’est d’ailleurs le principal apport de Geoff Johns : remettre l’idée d’une famille de héros au cœur de la série. Lorsque les auteurs de Fawcett ont inventé Captain Marvel, l’idée de départ était de montrer un groupe d’enfants qui possédaient chacun un pouvoir tiré d’un héros ou d’un dieu de l’Antiquité : Salomon pour la sagesse, Hercule pour la force, Mercure pour la vitesse, etc.

    Mais les auteurs se sont dit qu’il serait plus simple de créer un seul personnage réunissant toutes ces qualités : on retrouve cette idée dans la description des frères et sœurs adoptifs de Billy (Mary, Pedro, Darla, Eugene et Freddy) qui ont chacun des personnalités différentes en lien avec l’un des dons et aptitudes de Shazam. Dans le premier épisode présent dans l’Anthologie, on retrouve Billy et sa famille tentant d’en savoir plus sur la magie dont ils tirent leurs pouvoirs.

    De quelle série de comic books le film est-il le plus proche ?

    Définitivement, le récit complet "Shazam" écrit par Geoff Johns et dessiné par Gary Frank. La trame s’en rapproche, notamment l’arrivée de Billy dans sa famille d’adoption et sa rencontre avec ses frères et sœurs. Le personnage de Sivana, qui cherche à percer les secrets de la magie de Shazam, est également proche de cette version. Mais le film arrive également à délivrer quelques clins-d’œil à toute l’histoire éditoriale du personnage, par exemple en utilisant une chanson d’Elvis Presley, grand admirateur du personnage de Captain Marvel Junior.

    DC Comics / Warner Bros.

    Que vous inspirent les derniers films DC Comics en date ? Pensez-vous que le studio soit sur la bonne voie avec ses adaptations ?

    La principale difficulté dans une adaptation de super-héros en film est d’arriver à synthétiser toute l’histoire du personnage sur papier tout en le rendant abordable par le plus grand nombre. Et de ce point de vue, les derniers films, Shazam et Aquaman, sont des réussites.

    Plusieurs essais présentent les super-héros comme l’équivalent de ce qu’étaient les divinités grecques et romaines dans l’Antiquité. Êtes-vous d’accord avec cette vision, que Shazam semble tout particulièrement incarner vu la provenance de ses pouvoirs ?

    La grande différence entre les super-héros et les divinités de l’Antiquité est le positionnement moral des super-héros qui est à l’opposé de ces divinités : elles agissent souvent de façon égoïste et représentent à la fois des éléments naturels mais aussi les problèmes qui s’abattent sur les mortels. Les super-héros agissent généralement pour le bien commun même si certaines séries contemporaines essaient de noircir le tableau. De plus, les super-héros sont généralement des humains qui obtiennent leurs pouvoirs par accident ou à l’adolescence : ce ne sont pas des immortels, ils connaissent le doute, la maladie, la défaite, la mort. C’est leur humanité qui fait justement leur intérêt. Le public vient pour Iron Man, Batman ou Shazam, mais s’attache avant tout à Tony Stark, Bruce Wayne ou Billy Batson.

    "Shazam Anthologie" - Édité chez Urban Comics - Disponible depuis le 29 mars - 25 euros - Une sélection des meilleures histoires consacrées au héros, entre 1940 et 2015, avec en bonus le premier numéro de la nouvelle série signée Geoff Johns et Dale Eaglesham.

    "Shazam !" en salles à partir du 3 avril :

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