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    Hanna : qu'apporte la série par rapport au film ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Renouvelée pour une saison 2, l'adaptation de "Hanna" en série vaut le détour dans la mesure où elle se révèle complémentaire du film de Joe Wright, qu'elle approfondit à travers plusieurs changements. On fait le point - ATTENTION SPOILERS !!!

    ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers, dans la mesure où il revient en détails sur certains des événements et rebondissements de la saison 1 de "Hanna". Veuillez donc passer votre chemin si vous n'êtes pas à jour et revenir ensuite. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce.

    À première vue, la nécessité de transformer Hanna en série ne semblait pas s'imposer, tant le film paraissait se suffire à lui-même. Supervisé par David Farr, scénariste du long métrage, le show d'Amazon Prime conserve la même trame dans sa globalité mais opère plusieurs changements de taille. Des apports même, pourrait-on dire, tant ils permettent d'approfondir ce que nous avions pu voir sur grand écran en 2011. La preuve par quatre.

    MARISSA WIEGLER EST PLUS NUANCÉE

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    Dans le film de Joe Wright, Marissa Wiegler (Cate Blanchett) est la grande méchante de l'histoire. Une véritable sorcière même, comme le réalisateur se plaît à le souligner à travers différentes références au Magicien d'Oz, à commencer par ses chaussures rouges. Au premier abord, la série semble aller dans le même direction avec le personnage (le côté conte de fées en moins), immédiatement présenté comme l'antagoniste principal. À ceci près que, contrairement au long métrage, ça n'est pas elle qui tue la vraie mère d'Hanna. Un changement qui, combiné aux scènes avec sa famille française (son mari et le fils de ce dernier), réduit d'emblée son potentiel de cruauté et la rend plus humaine.

    Une tendance qui se confirme par la suite, lorsque Marissa, désireuse de supprimer les derniers vestiges de l'opération Utrax qui a conduit à diverses expérimentations sur des bébés (dont Hanna, jouée par Esme Creed-Miles), elle découvre que ses supérieurs l'ont doublée envoyant Jerome Sawyer (Khalid Abdalla) faire son travail. Et la tuer par la même occasion. Sans pour autant changer totalement de camp, car sa personnalité reste trouble, elle devient donc elle aussi une cible et part chercher Hanna de son côté. Elle renforce ainsi son rôle de mère de substitution en passant un peu de temps avec l'ado, dont elle s'estime autant responsable qu'Erik.

    Autre changement de taille par rapport au film, où elle mourrait à l'issue d'un combat contre l'héroïne dans un parc d'attractions, Marissa est encore en vie lorsque le générique de fin du dernier épisode débute. Et c'est même en partie grâce à elle qu'Hanna et son père adoptif le sont (momentanément pour le second), puisqu'elle les aide à s'évader des bâtiments d'Utrax Regenesis, en tuant leurs assaillants et se blessant elle-même, afin de garder un pied chez l'ennemi. Tout porte donc à croire que Mireille Enos sera de retour dans la saison 2, et il faut maintenant patienter avant de savoir si elle ira définitivement vers la lumière, ou basculera à nouveau dans le côté obscur.

    AFFAIRES DE FAMILLE

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    À la fin de la saison 1, Hanna sait que sa mère de substitution n'est pas loin, prête à veiller sur elle comme un ange-gardien. Ce qui tombe plutôt bien car Erik Heller, son père adoptif, est décédé des suites des blessures contractées dans le dernier épisode en date. Si la finalité est la même sur ce plan, les circonstances changent dans la série : au cinéma, l'espion était abattu par Marisssa Wiegler mais permettait à l'héroïne de s'échapper. Sur petit écran, cette dernière n'est pas responsable de sa mort, et le personnage incarné par Joel Kinnaman décède dans les bras de sa "fille", qui peut ainsi lui faire ses adieux, avant d'enterrer le corps et de poursuivre sa quête.

    Et c'est dans ce dénouement dramatique que la série rappelle à quel point la notion de famille constitue le coeur du récit. Dans le long métrage de Joe Wright, Erik et Marissa sont présents, au même titre que la vraie mère d'Hanna. Ici incarnée par la révélation de Cold War Joanna Kulig, qui succède à Vicky Krieps (Phantom Thread) dans le rôle, celle-ci est également présente, dans l'ouverture puis au travers de flashbacks. Mais ça n'est pas tout, car nous rencontrons également la mère d'Erik et - surtout - le père biologique de l'héroïne, Emil Prodna (Aleksandar Mikic), qui se dit même prêt l'ado chez lui, aux côtés de sa femme et ses autres enfants.

    Une rencontre a même lieu, mais elle tourne en faveur d'Erik, qu'Hanna considère davantage comme son vrai père, exemple supplémentaire de la façon dont les liens du sang et affectifs s'opposent tout au long des épisodes, là où la relation entre les deux protagonistes était enrayée par la course-poursuite dont ils étaient les acteurs principaux. Mais ce revirement est une vraie victoire pour le soldat, qui passe une bonne partie du récit loin de l'héroïne pendant qu'il fait équipe avec son ancienne famille : d'anciens coéquipiers auxquels il fait appel pour capturer Marissa. Un plan qui fonctionne à merveille, jusqu'à ce que Sawyer n'entre en scène et ne tue tout le monde sauf Dieter (Benno Fürmann), dont il menace de tuer la famille s'il ne révèle pas où Erik se cache. Trahi, ce dernier pardonne quand même à son ami, affirmant qu'il comprend les raisons qui l'ont poussé à faire cela.

    VIE ORDINAIRE D'UNE ADO SECRÈTE

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    Comme nous l'avons vu plus haut, Erik et Hanna sont séparés pendant une bonne partie du récit. Après avoir découvert que l'homme n'était pas son vrai père, et fait face à son refus de répondre à ses questions, l'ado décide en effet de s'éloigner de lui, alors qu'ils ont une occasion de fuir ensemble dans l'épisode 4. Elle se rend alors à Londres, ville qui ne faisait pas partie de son périple au cinéma, pour y retrouver son amie Sophie, croisée avec sa famille alors que ces derniers étaient en vacances au Maroc, et que l'héroïne a rencontrée après s'être échappée du site secret de la CIA situé à proximité.

    Comme dans le long métrage, où elle était incarnée par Jessica Barden (The End of the F***ing World), Sophie (Rhianne Barreto) est immédiatement fascinée par Hanna. Mais dans la série, sa famille n'est pas mise en danger puisque seule l'héroïne est ciblée dans l'impressionnante scène de combat qui clôt l'épisode 2. Et c'est peut-être pour cette raison que les deux ados se retrouvent sans heurts en Grande-Bretagne, où Hanna peut momentanément vivre comme une fille de son âge, donnant un côté plus introspectif à son parcours. Elle tombe même sous le charme d'un garçon, Anton (Gamba Cole), avec qui elle connaît sa première expérience sexuelle lors d'une soirée... ce qui créé des tensions entre elle et son amie, qui avait des vues sur la même personne.

    Un problème qu'elle n'a pas vraiment le temps de régler car Marissa, alertée par la présence d'Hanna sur une photo publiée sur Instagram, parvient à retrouver sa trace et la force, de nouveau, à fuir pour éviter de mettre en danger la famille de Sophie, bien plus dysfonctionnelle que dans le film et dont la présence au sein du récit permet surtout à l'héroïne de constater que cette notion peut prendre plusieurs formes. Ce que la suite de ses aventures ne fera que confirmer.

    HANNA N'EST PAS SEULE

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    Et si c'était ça le plus gros changement par rapport au film ? Dans les derniers épisodes, Hanna découvre (et nous avec) que le projet Utrax a été relancé très peu de temps après avoir été abandonné, puisqu'on nous dit que les bébés devenus des super-soldats sont nés en 2004, alors que le récit débutait un an auparavant. Sous la supervision de la CIA et du Dr. Roland Kunek (Noah Taylor), qui avait participé à la salve précédente, d'autres jeunes filles ont été génétiquement modifiées puis entraînées et certaines sont déjà de véritables machines à tuer, comme le constate l'héroïne lorsqu'elle cherche à les libérer, et réalise que presque toutes sont déjà conditionnées.

    Toutes sauf une, qui porte le numéro 249 mais s'appelle en réalité Clara (Yasmin Monet Prince). Grâce au sacrifice d'Erik, les deux jeunes filles parviennent à fuir le complexe roumain dans lequel elles sont toutes deux nées. Et après avoir enterré son père, c'est aux côtés de celle qui apparaît désormais comme sa soeur qu'Hanna disparaît dans le paysage alors que la saison 1 s'achève, de façon ouverte. Même s'il paraît évident que Marissa sera de retour dans les prochains épisodes, où les ados de l'expérience Utrax 2.0 représenteront un véritable danger à plusieurs têtes.

    Mais il ne serait pas étonnant de retrouver Erik dans des flashbacks, si la saison 2 reste dans la lignée de la première, où les gros changements par rapport au film servent avant tout à creuser le côté humain des personnages, et à les rendre plus nuancés que chez Joe Wright, qui marquait bien la séparation entre le Bien et le Mal pour appuyer l'ambiance de conte de fées de son récit. Pour en avoir le coeur net, il va cependant falloir patienter jusqu'en 2020.

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