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    The Red Line : que vaut la nouvelle série avec Noah Wyle ?

    Produite par Ava Duvernay, The Red Line est la nouvelle série de CBS qui aborde le sujet sensible du racisme dans la police américaine. En prenant pour toile de fond Chicago, la série trouve un écho avec l’actualité.

    Best Available Screengrab/CBS ©2018 CBS Broadcasting, Inc. All Rights Reserved

    De quoi ça parle ?

    A Chicago, on appelle la Red Line, cette ligne du métro qui traverse la ville du nord au sud. Elle symbolise également la séparation entre les quartiers riches et ceux plus pauvres. L’histoire débute avec une bavure policière où un jeune officier en uniforme abat par erreur un docteur afro-américain qu’il prenait pour un braqueur. La série va alors explorer les retombées de cette affaire sur la ville de Chicago mais surtout sur les proches du défunt et du policier.

    C’est avec qui ?

    Dans le rôle du mari veuf, on retrouve un habitué du petit écran : Noah Wyle, l’éternel docteur Carter d’Urgences que l’on a également pu voir dans Falling Skies ou Flynn Carson. Sa fille est jouée par Aliyah Royale dont c’est le premier rôle notable. Complète la distribution : l’aspirante politicienne Tia Young est incarnée par Emayatzy Corinealdi (Ballers, le remake de Racines) et le flic fautif a les traits de Noel Fisher (ShamelessTwilight 4 et 5). La séries est produite par Ava Duvernay et est diffusée sur CBS aux Etats-Unis.

    Ça vaut le coup d’oeil ?

    The Red Line ne brille pas toujours pour sa subtilité mais sa présence sur les écrans américains et notamment sur une chaîne jugée le plus souvent comme étant conservatrice lui accorde une légère indulgence. De celle qui félicite l’effort sur le résultat. Car si parfois peut jaillir l’impression d’assister à une explication de texte très pédagogique (et on peut s’en agacer), dans une Amérique où les tensions sont toujours aussi fortes, il y a un côté « nécessité publique » à diffuser cette série sur une chaîne à large audience. The Red Line donne par moment l’impression de craindre la polémique. Alors elle avance avec des marqueurs bien voyants, navigue entre vulgarisation et simplification quitte à faire preuve d’excès de prudence et d’appuyer lourdement sur le côté « fiction à message ». Comprendre que ce n’est pas toujours très fin mais les intentions sont bonnes.

    Elizabeth Morris/CBS

    On se dit alors que la série en fait peut-être un peu trop lorsqu’elle appuie là où ça fait mal, quand elle expose le racisme dans les rangs de la police et verse dans une naïveté très premier degré sur le versant politique. Peut-être. Puis on regarde l’actualité américaine.

    Le 2 avril, les habitants de Chicago élisaient leur nouveau maire. Et pour la première fois de son histoire, le maire sera une femme, noire et lesbienne : Lori Lightfoot. Sa victoire est lourde de signification, d’autant plus qu’elle gagne très largement sur son adversaire républicain en recueillant 74% des voix. L’un de ses principaux axes de campagne reposait sur une réforme de la police locale pour lutter contre le racisme trop présent et les bavures trop nombreuses dans une ville trop souvent présente dans le classement des plus meurtrières. Sa mission, rétablir la communication entre les forces de l’ordre et certains quartiers ; rétablir la confiance également dans une institution qui a le plus souvent protégée les policiers.

    Un programme qui est au coeur de The Red Line à travers le portrait et le parcours de Tia Young, jeune femme idéaliste, aspirante politique qui souhaiterait imposer un traitement plus horizontale à la ville de Chicago, où tout le monde aurait les mêmes chances et droit aux mêmes traitements. De la naïveté, voire de la candeur sur le principe mais la victoire de Lori Lightfoot est une belle histoire qui rappelle que la réalité dépasse le plus souvent la fiction. Et ce personnage que l’on pourrait trouver un un peu naïf dans l’écriture devient plus intéressant dès lors qu’on le place à côté de la nouvelle maire de Chicago.

    Elizabeth Morris/CBS

    Dans un monde parfait, on pourrait penser que The Red Line arrive avec 15 ans de retard. Mais les violences dont souffre la population afro-américaine, les tensions qui s’exercent entre les forces de l’ordre et leur communauté rendent cette série pertinente. On aurait aimé qu’elle traite le sujet avec plus de délicatesse et de façon peut-être un peu plus inspirée qu’une vulgarisation élémentaire. Mais son existence sur une chaîne capable de toucher un maximum de spectateurs est probablement nécessaire. On sait combien la fiction a des vertus pédagogiques et participe à faire évoluer les mentalités sur des sujets importants. On sait aussi combien elle peut inspirer ou créer des référents (voire devenir référence pour les plus belles). C’est une responsabilité peut-être un peu trop lourde, tant la série ne semble pas avoir les épaules (du moins, après deux épisodes). Mais elle participe au pluralisme de la télévision américaine. Et en ces temps, les Etats-Unis en ont plus que besoins.

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