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    Le Jeune Ahmed, L'Adieu à la nuit, Made In France... 8 films à voir sur la radicalisation
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Les frères Dardenne ont décidé d'explorer le thème de l'embrigadement dans l'islam radical dans leur nouveau film, Le Jeune Ahmed. L'occasion de faire un focus sur les films traitant de ce sujet brûlant et délicat.

    LE JEUNE AHMED - LES FRÈRES DARDENNE (2019)

    Trois ans après avoir présenté La Fille inconnue en compétition à Cannes, les frères Dardenne font leur grand retour avec Le Jeune Ahmed. Pour leur 8ème film projeté dans la plus prestigieuse des catégories cannoises, Luc et Jean-Pierre ont décidé de traiter du thème de l'adolescence avec en toile de fond la radicalisation.

    Nous suivons donc Ahmed (Idir Ben Addi), 13 ans, un jeune homme pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels de la vie. Son changement de comportement suscite l'inquiétude de sa famille et de ses enseignants, qui vont tenter à tout prix de l'empêcher de sombrer dans l'islam radical.

    "Ahmed a 12 ans et demi, 13 ans. On avait déjà écrit des scénarios avec des personnages plus âgés mais notre problème avec les personnages plus âgés c'est que nous ne voulions pas raconter l'histoire de quelqu'un qui se radicalise mais celle de quelqu'un qui l'est dès le début du film et qui doit sortir de cette radicalisation, de cette idéolologie mortifère dans laquelle une version de la religion islamique l'a placé", expliquent les Dardenne à notre micro.

    L'ADIEU À LA NUIT - ANDRÉ TÉCHINÉ (2019)

    Dans L'Adieu à la nuitCatherine Deneuve incarne Muriel. Cette dernière est folle de joie à l'idée de voir Alex (Kacey Mottet-Klein), son petit-fils. Le jeune homme vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu’il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie. Muriel, bouleversée, doit réagir très vite. 

    L'Adieu à la nuit est né d'une convergence de plusieurs éléments. Parmi eux, le livre de David Thomson ("Les Français jihadistes"), recueil d’entretiens très bruts de jeunes Français partis en Syrie faire le jihad. André Téchiné précise :"Pour ces adolescents attirés par le jihad, il y a un « désir furieux de sacrifice ». Je trouvais ça certes brûlant, mais aussi susceptible de ne pas intéresser que moi, mais tout le monde. C’est un sujet clivant et ouvert à la fois. Et ce film ne représente que mon regard sur ce sujet, c’est une proposition de fiction. Quand des adolescents prennent ce nouveau visage « monstrueux », cherchent un nouvel enracinement, c’est comme une conversion maléfique dans un pays inconnu. Cinématographiquement, cela m’amenait vers une dimension de fantastique intérieur."

    LE CIEL ATTENDRA - MARIE-CASTILLE MENTION-SCHAAR (2016)

    Sonia (Noémie Merlant), 17 ans, a failli commettre l'irréparable pour "garantir" à sa famille une place au paradis. Mélanie (Naomi Amarger), 16 ans, vit avec sa mère, aime l'école et ses copines, joue du violoncelle et veut changer le monde. Elle tombe amoureuse d'un "prince" sur internet. Elles pourraient s'appeler Anaïs, Manon, Leila ou Clara, et comme elles, croiser un jour la route de l'embrigadement… Le Ciel attendra propose de suivre le portrait croisé de ces deux adolescentes, l'une en cours de désenbrigadement et la seconde en plein dans le processus de radicalisation.

    Hasard macabre : le tournage a commencé le lundi 16 novembre 2015, soit 3 jours après les attentats du 13 novembre. Lorsqu'elle a commencé à se documenter, Marie-Castille Mention-Schaar a pu constater à quel point l’embrigadement ne se limite pas aux quartiers difficiles et aux gens fragiles. La réalisatrice témoigne : "Ces profils existent mais ils sont loin de représenter la majorité. En France, plus de la moitié des jeunes filles embrigadées sont des converties, issues de la classe moyenne, voire supérieure. Des enfants qui ont été entourés, choyés, mais qui vivent en même temps dans une société qui a beaucoup de mal à faire de la place à la jeunesse et à leurs rêves. Quelles sont les utopies qui nous meuvent, aujourd’hui ? À quoi peut-on encore adhérer ?", questionne la réalisatrice.

    NE M'ABANDONNE PAS - XAVIER DURRINGER (2016)

    Le jour où Inès, médecin urgentiste, découvre que Chama, 17 ans, a épousé sur internet un djihadiste et qu’elle s’apprête à le rejoindre en Syrie, sa vie bascule. Pour tenter de sauver sa fille de l’embrigadement dont elle est victime, Inès ira jusqu’à la séquestrer dans une maison loin de tout. Mais Chama, totalement endoctrinée, n’a pas l’intention de renoncer à ce qu’elle croit être sa destinée… Pour Inès, c’est le début d’un long combat.

    Xavier Durringer (La Conquête) a réalisé Ne m'abandonne pas en 2016, révélant les jeunes comédiennes Lina El Arabi et Sofia Lesaffre. Lors de sa première diffusion sur France 2 en février 2016, le téléfilm a réuni 5,1 millions de téléspectateurs, arrivant en tête des audiences. L'oeuvre, dénonçant le fanatisme et l'intégrisme avec force et subtilité, a reçu de nombreux prix. La ministre de l'éducation de l'époque, Najat Vallaud-Belkacem, poussée par le public, a décidé de faire projeter le film dans les lycées de la République.

    MADE IN FRANCE - NICOLAS BOUKHRIEF (2015)

    Sam (Malik Zidi), journaliste indépendant, profite de sa culture musulmane pour infiltrer les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Il se rapproche d’un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et semer le chaos au cœur de Paris. C'est en 1995, au moment de la retransmission de la cavale du terroriste Khaled Kelkal, que Nicolas Boukhrief songe pour la première fois à faire un film sur le sujet : "Digne des pires clichés de terroristes barbus qui hantent le cinéma américain depuis le milieu des années quatre-vingt, sa mort en soi-disant « martyr » ne peut pas résumer à elle seule le parcours sanglant de cet enfant des cités. Qui est ce jeune homme ? Comment a-t-il pu en arriver là ? Quelle est sa part d’humanité ? Comment son intégration dans la société française a-t-elle pu échouer à ce point ?", se souvient-il.

    À noter que Made In France, qui a été tourné avant l'attaque meurtrière contre Charlie Hebdo, a connu une sortie chaotique. Après avoir été déprogrammé le 18 novembre 2015 dernier suite aux attentats de Paris, Made In France devait sortir en salles le 20 janvier 2016. Le distributeur a finalement déclaré que le film ne bénéficiera finalement que d'une sortie en VOD le 29 janvier 2016.

    LES COWBOYS - THOMAS BIDEGAIN (2015)

    Dans Les CowboysFrançois Damiens incarne un père de famille déterminé qui part à la recherche de sa fille qui s’est convertie à l’islam pour vivre avec un musulman radicalisé. L'idée de faire débuter le film en 1994 s'est imposée d'emblée parce qu'en se documentant sur la période, Thomas Bidegain a remarqué que les premières manifestations du mouvement djihadiste remontaient au début des années 90. Et comme aux yeux des « cowboys », la fille d’Alain ne s’est pas enfuie mais a été capturée pour faire le djihad : 

    "Quand nous avons commencé à écrire, personne ne parlait du phénomène. Par la suite, nous avons même eu peur d’être taxés d’opportunisme, alors que ce n’était pas du tout le cas : on voulait parler du monde, raconter les premières années du XXIème siècle. D’où, là encore, l’idée de western et de l’esprit pionnier qui tente de faire reculer la Frontière. Au fond, le film ne raconte que cela : l’histoire de gens simples projetés dans le fracas du monde qui les dépasse."

    LA DÉSINTÉGRATION - PHILIPPE FAUCON (2012)

    Une cité dans l’agglomération Lilloise, aujourd’hui. Ali, Nasser et Hamza, âgés d’une vingtaine d’années, font la connaissance de Djamel, dix ans de plus qu'eux. Aux yeux d'Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés, mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie.

    En mettant en scène le portrait d'un jeune homme glissant vers le terrorisme dans La Désintégration, le réalisateur Philippe Faucon avait en tête le parcours de Zacarias Moussaoui, parfois surnommé le 20ème pirate de l'air des attentats du 11 septembre. Avant de s'engager dans la voie du djihad et d'être condamné à la perpétuité suite à son arrestation peu de temps avant les attaques de 2001, Moussaoui était un étudiant français né à Saint-Jean-de-Luz.

    "Dans mon film, la dérive radicale et violente a aussi un sens métaphorique : elle est le symptôme révélateur d’un état de société miné. Ali a le sentiment que la fermeture sociale qu’il subit malgré son investissement est la suite directe de l’exclusion vécue avant lui par ses parents. Le terrain est préparé pour que soient récupérés par le personnage de Djamel la frustration, le désespoir, la colère, le morcellement identitaire", explique le metteur en scène.

    MENACE D'ÉTAT - HADI HAJAIG (2012)

    Ewan (Sean Bean) est un agent des services secrets chargé de traquer et d'éliminer les terroristes cachés à Londres. Ash, citoyen anglais sans histoires, se laisse embrigader dans l’extrémisme et prend la tête d’une cellule terroriste, extrêmement dangereuse. Commence alors une traque sans merci entre deux adversaires redoutables.

    Menace d'Etat est une petite pépite méconnue du grand public mais qui mérite l'attention. Le film traite du terrorisme islamiste de manière non manichéenne avec un oeil anglo-saxon qui tranche avec les productions françaises du genre, apportant un autre point de vue sur la question. Sean Bean excelle en espion cynique et chevronné, face au jeune Abhin Galeya (Ash), dont la descente aux enfers dans les abîmes de l'extrémisme est racontée avec un réalisme terrifiant. Sortie directement en DVD en septembre 2012, l'oeuvre réunit également Charlotte Rampling et Tuppence Middleton (Sense8).

     

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