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    Les Météorites : rencontre avec Romain Laguna, réalisateur de cette chronique adolescente solaire
    Emilie Schneider
    Emilie Schneider
    -Journaliste
    Amatrice d’œuvres étranges, bizarres, décalées et/ou extrêmes, Emilie Schneider a une devise en matière de cinéma : "si c'est coréen, c'est bien".

    Pour son premier long métrage, Romain Laguna suit, le temps d'un été, une jeune adolescente qui se cherche. Porté par Zéa Duprez, "Les Météorites" est à voir au cinéma dès aujourd'hui.

    Les Météorites est une chronique adolescente qui flirte avec le fantastique (la météorite, les dinosaures). On sent un refus de la chronique réaliste, bien qu’au détour d’un dialogue, des problématiques sociales comme l’immigration ou le racisme sont évoquées. Comment décririez- vous votre film ? Et comment cet équilibre a-t-il été maintenu ?

    Romain Laguna : Je dirais que c’est davantage un film d’aventure, ou conte réaliste, déguisé en chronique adolescente. J’ai essayé de m’emparer d’un sous-genre que les américains appellent le « my summer of love ». L’histoire des premières fois, le temps d’un été, et d’en faire quelque chose de personnel. Je voulais parler d’une fille qui s’éveille certes dans son propre corps mais aussi dans son rapport au monde, à l’univers, à l’infiniment petit et à l’infiniment grand, à la croyance. Et à travers elle, arriver à dépeindre l’environnement social dans lequel se déploie l’histoire. Ce qui tient le naturalisme dans le film, ce sont les jeunes comédiens je pense. Après j'aime beaucoup le cinéma de genre et j’ai voulu jongler avec tous ces désirs contradictoires.

    Le film suit une jeune fille qui s’ennuie le temps d’un été dans le Sud. Vous êtes vous-même originaire de Béziers. Dans quelle mesure Les Météorites s’inspire de votre adolescence ?

    J'ai grandi dans un village à 20 kilomètres de Béziers. C’est le genre de bled dans lequel il ne faut pas rater son bus le matin parce que le suivant ne repasse que le lendemain ! De mon adolescence, je raconte surtout les paysages, aussi le souvenir des grandes vacances d’été ; quand trois mois semblaient une éternité. Le temps s’écoule différemment aujourd’hui. Toute ma famille vit encore dans la région. Ils font du vin. C'était important pour moi d’y faire mon premier long métrage et puis on avait un petit budget alors leur aide et celle des amis a compté.

    LES FILMS DU CLAN

    Était-ce important pour vous que votre premier film montre non seulement une région qui vous est familière mais qui est aussi rarement montrée dans le cinéma français ?

    Oui, il n’y avait pas eu de long-métrage tourné à Béziers depuis des années. Mon premier choix a été aussi de ne pas "délocaliser", de trouver les comédiens sur le territoire que le film voulait explorer. Pendant le tournage à Colombière-sur-Orb, Jean-Claude Carrière est venu à l’improviste sur le plateau avec une bouteille de vin. Il vivait à deux maisons de là. C’était une rencontre improbable et magique qui a gonflé le cœur de toute l’équipe.

    Comment s’est déroulée la collaboration avec Salvatore Lista, qui co-signe le scénario avec vous ? Ressentiez-vous le besoin d’être épaulé par quelqu’un de plus aguerri que vous dans l’exercice pour votre premier long ?

    J’ai développé le scénario pendant presque 4 ans. Salvatore est arrivé vers la fin du processus, pile quand je commençais à tourner en rond. Je me suis senti autorisé à prendre plus de libertés, dont un glissement vers quelque chose de plus étrange, presque fantastique car je savais qu’il saurait tenir l’histoire et sa structure.

    Comment avez-vous trouvé Zéa Duprez, qui est une véritable révélation ?

    Le casting a duré presque 10 mois. On a uniquement fait du casting sauvage ; petites annonces dans les journaux, dans la rue, et aussi quelques incursions dans les lycées de la région. Romain Silvi, qui a conçu les génériques mais faisait aussi le casting, a découvert Zéa dans un concert de hip-hop à Sète. Il paraît qu'il lui a couru après dans la rue ! Quand j'ai vu sa tâche de naissance rouge au coin de l'œil c'était la météorite, c'était un signe !

    On a organisé des répétitions en plein air dans un parc à Béziers. C'était des séances de 4 heures environ. 2 heures avec Zéa et 2 heures avec un autre comédien pour qu'ils puissent tisser des liens. Le mot d'ordre était improvisation totale à partir d'une situation donnée. Ça leur a permis d'accepter la caméra et moi de me nourrir d'eux pour repenser les personnages. Ensuite, Zéa est venue dans le gîte que nous occupions avant le tournage. On la filmait le matin dans des déplacements silencieux pour qu'elle intègre que "jouer" ce n'est pas dans la parole. Elle a fait 20 fois le tour du gros olivier qu'on voit dans le film. Il a 1000 ans ! Une fois terminé, je lui ai dit qu'on allait faire "un reportage animalier sur Nina". Ce n'est pas si loin au final.

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