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    Wonderland, le royaume sans pluie : qui est Keiichi Hara, cinéaste révélé par Miss Hokusai ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Après Miss Hokusai, Keiichi Hara est de retour au cinéma avec Wonderland, le royaume sans pluie, en salles depuis le 24 juillet. Focus sur la carrière du metteur en scène de 60 ans.

    Keiichi Hara est né en 1959 dans la ville de Tatebayashi au Japon . Il débute sa carrière en 1984 en tant qu'assistant-réalisateur sur l'animé populaire Doraemon. Tirée du manga du même nom créé par Fujiko Fujio, la série raconte l'histoire d'un chat-robot venu du futur pour venir en aide au jeune Nobi Nobita.

    Après cette expérience, Keiichi reste dans l'univers du mangaka de Doraemon en dirigeant 119 épisodes de l'animé La Malicieuse Kiki. La série est diffusée au Japon entre 1987 et 1989. Elle raconte l'histoire de Kiki, adolescente de 14 ans dotée de pouvoirs télépathiques et de psychokinésie. À noter que l'animé a fait polémique en France en raison de séquences controversées. Sur celles-ci, Kiki posait nue pour son père afin de gagner son argent de poche. Ces scènes ont été censurées dans lors de la diffusion de la série dans l'Hexagone.

    Keiichi Hara est ensuite engagé sur Crayon Shin-chan, série pour laquelle il a été réalisateur de 1996 à 2004. L'animé suit les aventures de Shinnosuke Nohara alias Shin-chan, un garçon de 5 ans et son entourage. Le réalisateur a également écrit dix films de Crayon Shin-chan, et en a mis en scène six. Le natif de Tatebayashi s’est ensuite tourné vers le cinéma indépendant pour se consacrer à des projets plus personnels.

    L'artiste obtient une reconnaissance internationale avec le prix de l’Académie japonaise pour Un été avec Coo en 2007. Ce premier long-métrage produit pour le cinéma narre le parcours de Kôichi, jeune écolier en quatrième année de primaire. Ce dernier découvre une pierre bien étrange dans le lit asséché d'une rivière et la rapporte à la maison. Alors qu'il décide de laver ce précieux trophée, un étrange animal en sort. Surprise, c'est un kappa, un esprit de l'eau.

    Hara enchaîne 3 ans plus tard avec Colorful. Dans ce récit fantastique, un esprit gagne une deuxième chance de vivre à condition d'apprendre de ses erreurs. Il renait dans le corps de Makoto, un élève de 3ème qui vient de mettre fin à ses jours. L'esprit doit endurer la vie quotidienne de cet adolescent mal dans sa peau. L'oeuvre est récompensée du prix spécial du jury et du prix du public au Festival International du film d’animation d’Annecy en 2011.

    4 ans plus tard, le japonais fait à nouveau une magistrale démonstration de son talent avec Miss Hokusai. Le film reçoit de nombreuses récompenses dont un Annie Awards et le prix du jury au festival international d’animation d’Annecy en 2015. Après des histoires fantastiques, le cinéaste décide avec ce long-métrage de s'attaquer à un biopic d'animation. Il dresse ainsi le portrait du célèbre Hokusai, peintre japonais, accompagné de sa fille, O-Ei, jeune femme indépendante et éprise de liberté.

    Cette liberté, Keiichi Hara l'embrasse aussi en vivant de manière modeste dans la campagne japonaise, fuyant les téléphones portables et Internet. Le cinéaste, qui admire les réalisateurs de films classiques japonais tels que Yasujiro Ozu et Keisuke Kinoshita, n'est en revanche pas tendre avec le légendaire Hayao Miyazaki. Selon Hara, depuis qu'il est sorti de sa retraite, tous les meilleurs jeunes animateurs veulent travailler avec lui et les autres metteurs en scène ont du mal à trouver de la main d'oeuvre. À noter qu'en 2013, Keiichi Hara a dirigé son seul film en prises de vues réelles, Hajimari no michi, inédit en France. Il s'agit d'un biopic consacré au cinéaste Keisuke Kinoshita, réalisateur de La Ballade de Narayama.

    Avec Wonderland, le royaume sans pluie, Hara renoue avec son univers de fantaisie. Dans cette histoire, nous suivons Akané, une jeune fille rêveuse. La veille de son anniversaire, elle se rend chez sa tante antiquaire pour récupérer son cadeau. Dans l’étrange bric-à-brac de la boutique, elle pose sa main sur une pierre magique. S’ouvre soudain un passage secret d’où surgit Hippocrate, un alchimiste venu d’un autre monde. Il veut convaincre Akané qu’elle est la Déesse du vent vert dont parle la légende et qu’elle seule peut éviter la terrible sécheresse qui menace son royaume.

    Selon le metteur en scène, Wonderland n'est pas qu'un récit de fantasy, c'est aussi une déclaration d'amour à la France, un pays qu'il adore. "Je voulais montrer dans Wonderland tout le respect que j’ai pour la culture française. J’ai glissé quelques détails sur la France dans le film. Vous avez remarqué ? La chanson de fin de Wonderland est Parlez-moi d’amour de Lucienne Boyer. J’aime vraiment, profondément la France. Je suis venu ici plusieurs fois pour mes vacances. Le personnage de Chii, l’antiquaire, prévoit un voyage dans le village de l’Isle-sur-la-Sorgue, dans le Vaucluse, où je me suis déjà rendu... Et pour les séquences de repas, j’ai glissé aussi des références à la nourriture française. Les paysages s’inspirent aussi de la campagne française que j’ai visitée", confiait Keiichi Hara à nos confrères de Première lors du Festival d'Annecy 2019.

    DÉCOUVREZ UN EXTRAIT DE 4 MINUTES DE WONDERLAND

     

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