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    The Handmaid's Tale saison 3 : "L'histoire de Tante Lydia m'a brisé le coeur" confie Ann Dowd

    Quelques jours avant le lancement de la saison 3 de "The Handmaid's Tale" AlloCiné a rencontré Ann Dowd à New York. Elle nous a parlé du personnage de Tante Lydia et notamment de l'épisode 8 diffusé ce soir qui reviendra sur son passé.

    George Kraychyk/Hulu

    Votre personnage est l'un des plus intéressants de la série, mais vous jouez une femme qui est extrêmement violente envers les autres femmes. Qu'est-ce que cela fait ?

    Ann Dowd : De mon point de vue, celui de l'actrice qui joue le rôle, il faut se débarrasser de tout jugement pour pouvoir interpréter le personnage de la manière la plus honnête possible. Je crois que son interprétation du monde avant Gilead est la suivante : plus de valeurs, elle était vraisemblablement enseignante et elle était confrontée à des élèves grossiers, n'ayant plus aucune relation avec Dieu, n'ayant pas vu l'intérieur d'une église depuis une éternité, irrespectueux de l'autorité, s'habillant comme s'ils étaient dans un strip club – "par pitié rhabillez-vous !" – sans parlé de l'avortement ! Le monde s'écroulait pour elle, le don de Dieu détruit par les effets de la pollution et la chose la plus précieuse mise à mal : la vie, la naissance d'un nouvel être dans ce monde. Elle sent que des mesures extrêmes doivent être prises et que ces jeunes filles sont perdues et que sa mission, c'est de les remettre dans le droit chemin et qu'elles renouent avec Dieu et je crois qu'elle est pleinement engagée dans cette démarche. Dans l'épisode 8, qui raconte son histoire, on voit pourquoi elle a pu prendre cette direction et devenir si sévère. On entrevoit ce qui aurait pu arriver si seulement la honte n'avait pas une telle prise sur elle.

    Les gens viennent-ils vous voir pour vous parler de Tante Lydia ?

    Les gens sont en général très bienveillants, mais j'ai une anecdote un peu bête, mais très drôle. J'étais à l'aéroport et une dame me dit : "Je vous connais" de manière assez sévère, je pense qu'elle savait demanière inconsciente donc je me suis demandé si je lui disais tout de suite ou si j'attendais de voir ce qui allait se passer. Je lui ai demandé : "D'où venez-vous ? Où étiez-vous à l'école ?" On était sur un escalator et à mi-chemin, elle a compris. Elle s'est complètement fermée, elle est descendue de l'escalator et elle est parti précipitamment. J'avoue que j'ai éclaté de rire, c'était génial.

    Les acteurs disent souvent que les personnages de méchants sont plus intéressants à jouer. Pourquoi ? Parce qu'ils sont plus complexes ?

    Le récit, qu'est-ce que c'est ? Par essence, c'est le conflit. Sans conflit, il n'y a pas de pièce de théâtre, pas de scénario. Avec quelqu'un comme Lydia, les questions qu'on se pose sont les suivantes : Qui lui a fait du mal ? Comment est-elle devenu cette personne ? Avec un personnage comme celui-ci, je dois aborder les choses de la même manière que l'on construit une relation d'amitié : je te parle de moi, tu me parles de toi. Ce n'est pas simplement basé sur la lecture du texte. Si je considère simplement qu'elle est horrible, alors je n'obtiendrai rien d'elle. Je pense qu'elle vit et qu'elle respire au travers du texte et que mon travail est de ne faire qu'un avec lui pour qu'elle existe. Ce qui me fascine à son sujet, c'est son passé. Sa backstory m'a vraiment brisé le cœur. Oui, je crois que ce qui me plaît, c'est vraiment sa complexité, son conflit intérieur. Je me dois de trouver un moyen d'en faire quelqu'un d'humain auquel les gens peuvent s'identifier, pour qui ils peuvent avoir de la compassion. Quand on comprend ce qui fait souffrir quelqu'un, on ne peut qu'avoir de l'empathie pour cette personne. Je suis sûre qu'on pourrait tous avoir une minute de compassion pour Trump si on pouvait voir ce qui fait souffrir cet homme.

    Je suis sûre qu'on pourrait tous avoir une minute de compassion pour Trump si on pouvait voir ce qui fait souffrir cet homme.

    Au début de la saison, on est un peu perdus, on voit qu'elle tient énormément aux filles, mais ensuite elle perd les pédales et on ne sait jamais sur quel pied danser. 

    Ce qui est fascinant au début de la saison c'est qu'elle est vulnérable plus qu'elle ne l'a jamais été jusqu'alors. Elle se targue de savoir qui sont les Servantes, quels sont leurs défauts. Chaque soir, elle refait le film de la journée et se demande de qui elle doit se méfier. Elle sait qu'Emily a toujours été compliquée, qu'elle est toujours aussi têtue malgré son opération et son séjour dans les Colonies, mais elle est passée à côté. Elle ne l'a pas vue venir et se tromper autant sur une Servante et presque y laisser sa peau, c'était trop humiliant pour elle, elle est déboussolée et elle a perdu confiance, elle devient donc quelqu'un de réactif alors que ça ne serait jamais arrivé avant. Comme une religieuse catholique, elle n'aurait jamais eu de réaction émotionnelle, elle aurait été au-dessus de ça. Et désormais, elle a peur. Elle souffre de stress post-traumatique et dans l'épisode 4 elle perd son sang-froid. 

    Votre personnage reste malgré tout toujours très humain. Est-ce quelque chose qui est écrit ou est-ce que cela repose vraiment sur ce que vous lui apportez ?

    Cela vient de différentes choses. Reed Morano, qui a réalisé les trois premiers épisodes de la série, a toujours été très claire là-dessus : elle aime sincèrement ces filles et quand il y a de l'amour, attention Gilead car l'amour peut faire s'effondrer tous les murs. C'est écrit bien sûr, et c'est enrichi par les différents réalisateur et par mon expérience d'actrice. 

    Son empathie semble altérée par ce qui lui est arrivé à la fin de la saison 2. Cela peut-il évoluer ? 

    Je ne crois pas qu'elle ait perdu son empathie envers les Servantes. Elle a perdu sa force et qui elle était jusqu'à maintenant à Gilead : quelqu'un qui a le contrôle. Elle se demande quelle est sa position dorénavant. D'ailleurs à Washington, on voit qu'elle ne devient pas si sombre. Elle n'a pas d'intérêt à écraser les filles, elle veut connaître leur bonté, ce que Dieu a en tête pour elles. Elle pense qu'elle peut faire la différence en les aidant à sa manière. 

    Qui sont, selon vous, les Tante Lydia de la vraie vie ?

    Avez-vous vu Doute ? Pas le film, mais la pièce, car je crois que le film manque quelque chose, malgré le génie de Meryl Streep. Elle n'est pas cruelle et mesquine, ce n'est pas la raison pour laquelle elle punit les enfants. Elle est tellement sûre que ce prêtre est pédophile, et puis, par bonheur, le doute la prend et c'est le doute qui la conduit à une deuxième chance. Avez-vous vu Compliance ? Ce qui arrive à cette femme s'est vraiment passé. Quand elle comprend qu'on l'a manipulée et qu'elle a l'entière responsabilité de ses décisions, elle refuse de l'accepter. Elle dit : "Non, à ma place, vous auriez fait exactement la même chose." Lydia réalise ce qui se passe, elle prend conscience que ce qui se passe n'est plus dans la droite ligne de ce en quoi elle croit. Elle est à la croisée de ces chemins et reste à savoir lequel elle va prendre. 

    Quel regard portez-vous sur l'Eglise catholique de votre côté ? 

    Je ne suis pas une catholique praticante. J'adore être dans une église quand il n'y a personne d'autre dedans. Je crois que les règles de l'Eglise catholique sont faites par les hommes et que ce sont des conneries et qu'elles sont insupportables dès qu'il s'agit des femmes. Mais je crois en Dieu et ça m'apporte beaucoup de joie. 

    La bande-annonce de l'épisode 8 disponible dès demain sur OCS :

     

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