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    Brooklyn Affairs : dix ans de travail pour Edward Norton [ITW EXCLU]
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le réalisateur Edward Norton confie en exclusivité ses intentions et ses choix pour "Brooklyn Affairs", sa nouvelle mise en scène, qui sort le 4 décembre dans les salles.

    Warner Bros.

    AlloCiné : Vous aviez déjà travaillé avec Bruce Willis sur "Moonrise Kingdom", pourquoi était-il l'acteur idéal pour jouer le mentor de votre personnage ?

    Edward Norton : Au début du film, je devais rapidement établir la force de cette relation et je crois que tout le monde voudrait un grand frère comme Bruce. Et je pense que lorsqu'on est aussi cool que Bruce quand il descend une rue, montre son affection pour [Lionel, mon personnage] (...), on comprend rapidement ce lien, ce qui était important car il permet de comprendre le choc de Lionel.

    Sans trop en révéler, que pouvez-vous raconter sur le personnage d'homme d'affaires joué par Alec Baldwin ?

    Dans le film, (...) c'est une figure de pouvoir et de séduction d'une certaine façon. Je trouve qu'Alec apporte un réel sérieux, il est à la fois intimidant mais aussi incroyablement charmeur.

    Gugu Mbatha-Raw qu'on avait vu dans "Un raccourci dans le temps" ou "Free State of Jones" joue un rôle capital dans le film, pourquoi l'avoir choisie ?

    Pour beaucoup des personnages, je savais qui je voulais pour chaque rôle. Pour le sien, Laura, j'avais la possibilité de travailler avec quelqu'un de moins connu des gens, car dans le film, elle est une figure mystérieuse et je voulais que les spectateurs veuillent en apprendre davantage sur elle. Gugu est sublime et possède une grande intelligence féroce. Honnêtement, le scénario passait aussi de main en main et elle est venue me parler du rôle et sentait déjà vraiment [le personnage]. Je peux aussi dire qu'elle est très professionnelle.

    Warner Bros.

    Vous savez, on m'a suggéré d'engager des popstars et je ne pouvais réaliser et jouer dans un film avec un acteur qui soit trop demandant, vous voyez ce que je veux dire ? Et Gugu était si talentueuse que je sentais qu'elle me seconderait et résisterait aux distractions liées au fait que j'étais aussi le réalisateur. C'était sensationnellement facile de travailler avec elle. (...) La choisir s'est avéré une excellente décision.

    Vous jouez Lionel, un détective privé souffrant d'une forme de syndrôme de la Tourette, comment avez-vous travaillé pour représenter cela à l'écran ?

    Je m'intéresse à cette maladie depuis des années et il y a d'excellents documentaires sur les gens qu'elle touche. Ce qui a vraiment été libérateur si l'on peut dire, et qui sera confirmé par les malades de la Tourette, c'est que [la maladie] est différente pour chacun. Elle est individuelle, elle n'a pas qu'une seule façon de s'exprimer, donc vous ne pouvez pas mal la représenter (...).

    Combien de temps cela vous a t-il pris de trouver "votre" Tourette ?

    Je dirais qu'il m'a fallu développer une compréhension, un sens de ce que ma propre combinaison de détails allait être. Honnêtement, cela a dû prendre deux ans.

    Il y a un personnage dont nous n'avons pas encore parlé, c'est de New-York elle-même. J'imagine que c'est pour cela que vous deviez tourner dans la ville elle-même et pas en studios ?

    Oui, j'aurais refusé de tourner Brooklyn Affairs à Budapest ! Budapest Affairs ne m'aurait pas autant intéressé ! (rires)

    Warner Bros.

    Le film se passe dans les années 50, était-ce un défi de reconstituer les clubs de jazz de Harlem et les bas quartiers de Brooklyn de l'époque ?

    Ce qui est fascinant avec New York, c'est à quel point le passé est toujours là, intact. C'est un peu comme la chasse. Vous devez rouler encore et encore et trouver les gemmes cachées de la vieille ville.

    Le roman de Jonathan Lethem se déroule d'ailleurs en 1999, mais vous avez fait le choix de le transposer aux années 50. Dans quel but ?

    C'est une période au cours de laquelle les choses changeaient. On associe souvent New York à une ville libérale, progressive et cosmopolite. Mais dans les années 50, il y avait énormément d'antidémocratie, de racisme, ce qui a eu un important impact sur le reste du siècle, jusqu'à aujourd'hui. Et je crois que choisir cette période m'a permis d'évoquer ce qui se passe aujourd'hui sans en parler directement.

    Dick Pope, votre directeur photo, a fait un travail formidable. Vous avez fait sa connaissance sur L'Illusionniste, comment avez-vous collaboré pour représenter le Brooklyn que vous aviez en tête ?

    Je suis d'accord avec vous, Dick est l'un grands maîtres vivants. Vous savez, il y a quelques années, il était nommé pour Mr. Turner et c'était mérité car dans ce film, il démontrait qu'il était le maître de la lumière, comme Turner l'était. Nous avons énormément parlé [du peintre] Edward Hopper et de nos autres inspirations. Dick est septuagénaire, mais il a une compréhension incroyable de la façon dont mêler les nouvelles technologies digitales et les anciennes lentilles. L'effet rendu est très réaliste et sans une fausse patine. [Il apporte] la qualité des photos d'antan. C'est un magicien (...).

    Warner Bros.

    Il vous a fallu dix ans pour mettre ce film sur pied. Pourquoi cela a-t-il été si long ?

    Lorsque j'ai lu le livre, les personnages m'ont happé. J'ai donc dis à son auteur et au studio que j'allais travailler dessus... sauf que je ne l'ai pas fait, car j'avais d'autres choses à faire ! Puis j'ai commencé l'écriture, et je me suis retrouvé bloqué. J'ai eu une panne d'inspiration pendant plusieurs années et mon ami Toby Emmerich qui est maintenant à la tête de Warner Bros mais qui avant cela travaillait chez New Line m'a encouragé : "c'est une bonne idée, tu dois aller plus loin, et tu dois jouer dans le film" et j'ai suivi ses conseils jusqu'en 2012. Puis New Line a rejoint Warner Brothers et Toby devait y faire des films difficiles, des comédies, pas Brooklyn Affairs. Il a été mon sauveur, en insistant pour que ça se fasse mais ça n'a pas été le cas. Trouver le bon casting m'a pris plusieurs années, puis Toby a pris la tête de Warner et nous avons enfin pu finir le film.

    Notre entretien arrive à son terme. Y a-t-il quelque chose que vous souhaiteriez ajouter, quelque chose dont nous n'avons pas pu parler ?

    Je pense que cette bande-annonce vous présente un personnage plutôt unique (rires) ! Je n'aime pas les bandes-annonces qui en disent trop, pour moi vous voulez voir quelque chose dont vous n'avez rien vu avant [donc ce trailer] va vous introduire à une histoire riche. Comme dans Forrest Gump, où il y avait cet étrange personnage qui nous emmenait en voyage, je pense que c'est ce que nous souhaitons mettre en avant.

    Le film en images, avec la première bande-annonce. Sortie le 4 décembre dans les salles :

     

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