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    Flash saison 5 sur TF1 : la série a-t-elle encore quelque chose à raconter ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Quelques mois après sa fin sur la CW, la saison 5 de "Flash" débarque à partir du 7 août sur TF1. Et ça n'est vraiment pas la meilleure. La série a-t-elle atteint ses limites ? A-t-elle encore quelque chose à raconter ? On fait le point.

    The CW

    ATTENTION - L'article ci-dessous contient des spoilers sur la saison 5 de "Flash", diffusée à partir du 7 août sur TF1, car il revient sur certains de ses plus gros rebondissements. Veuillez donc passer votre chemin si vous n'êtes pas à jour et revenir ensuite. Pour les autres, rendez-vous après la bande-annonce.

    Mais qu'arrive-t-il à Flash ? Fût un temps où l'homme le plus rapide du monde était le héros le plus sympathique de l'Arrow-verse, quand l'Archer vert faisait face à des menaces surnaturelles, que Supergirl peinait sur CBS et les Legends of Tomorrow n'assumaient pas encore le côté lunaire de leurs aventures. Mais ça, c'était avant. Depuis, tout le monde s'est repris, sauf Barry Allen qui, comme Oliver Queen à l'époque, a commencé à trébucher avec sa saison 3, lorsqu'il s'est attaqué à un monument de sa mythologie : l'arc narratif "Flashpoint", qui le voit retourner dans le passé pour le modifier, et bouleverse tout l'univers DC Comics sans s'en rendre compte.

    À l'écran, l'affaire était réglée en deux petits épisodes, même si les conséquences ont continué de se faire sentir par la suite. Mais de façon trop légère. Et la série n'a pas vraiment su repartir de l'avant après ce pétard mouillé. Il y a bien eu la tentative louable, dans la saison 4, de ne pas confronter Flash à un énième bolide en faisant du Penseur le grand méchant, forçant ainsi le héros à faire travailler son esprit plutôt que sa vitesse. Une bonne idée qui n'a hélas pas tenu la distance, le côte intrigant des premiers épisodes laissant vite la place à de l'ennui, voire de l'indifférence, face à un personnage qui avait huit coups d'avance sur tout le monde et un manque d'indices peu engageant pour le téléspectateur.

    La saison 5 a-t-elle su rectifier le tir ? Malheureusement non. Bien au contraire même, car le bilan est encore moins positif que pour la précédente, malgré les efforts de renouvellement mis en oeuvre par le showrunner Todd Helbing et ses scénaristes, qui s'incarne à travers deux axes : le super vilain principal de l'histoire et - surtout - l'arrivée de Nora West-Allen (Jessica Parker Kennedy), fille de Barry et Iris qui font connaissance avec leur enfant alors que celle-ci est adulte et vient du futur. Personnage LGBTQ+, même si cet aspect n'est pas assez développé, cette dernière apporte, malgré quelques heurts sur le chemin, une vraie bouffée de fraîcheur à ce cinquième tour de piste qui, comme le précédent, commence et finit bien. Mais patine régulièrement entre les deux. Tout débute donc là où nous étions restés quelques mois auparavant : sur la révélation de l'identité de cette mystérieuse jeune femme que nous avions croisée à plusieurs reprises.

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    Barry et Iris sont donc parents, avant même que la seconde ne soit enceinte. Sur le papier, c'est une bonne façon de faire progresser un couple de moins en moins convaincant dans sa relation sur petit écran, tout en revenant sur une information qui flotte dans l'air depuis le début de la série : Flash va disparaître au beau milieu d'une crise, en 2024, alors que Nora n'est qu'un bébé. Ayant remonté le temps, celle-ci trouve un moyen de faire connaissance avec un père dont elle n'a appris l'existence qu'en 2032, lors d'une visite du musée consacré à l'homme le plus rapide du monde. Dotée des mêmes pouvoirs, qui lui ont permis de voyager dans le temps, elle va également devenir une alliée, en attendant de trouver un moyen de retourner chez elle. Sans trop se presser, car il n'y a pas de paradoxe temporel à même de détruire le monde en jeu.

    Barry se retrouve alors partagé entre des rôles de père et mentor, comme celui qu'il tenait avec Ralph Dibny (Hartley Sawyer) dans la saison précédente. Avec beaucoup de retard à combler face à une fille qui chercher à brûler les étapes sans trop se soucier des conséquences et se révèle distante avec sa mère, ce qui créé des tensions entre le héros et son épouse. Et fait donc avancer leur relation. Mais pas pour longtemps, car cette sous-intrigue tourne vite en rond et la série retombe dans ses travers sur ce plan : alors que Nora devient agaçante avec des actes trop peu réfléchis, Flash semble à nouveau porter le poids du monde sur ses épaules et passe plus de temps à être désolé qu'à progresser. Il finit même par devenir le maillon faible d'une équipe pourtant peu en vue. Jusqu'à ce qu'un twist ne lui fasse prendre une décision radicale. Mais il aura fallu l'aider.

    Avant d'en arriver là, les téléspectateurs auront dû subir le nouveau méchant de l'histoire. Oui, subir. Car Cicada s'est vite révélé ridicule, après des premières apparitions encourageantes, qui faisaient planer une vraie menace difficile à contenir sur les héros : grâce à une dague magique, Orlin Dwyer peut absorber les pouvoirs des méta-humains qu'il croise et ainsi les tuer sauvagement pour se venger de Flash et ses semblables, qu'il juge responsable de la mort de sa soeur et son beau-frère, puis de l'accident qui a plongé sa nièce dans le coma lorsque les débris du satellite détourné par le Penseur se sont abattus sur Central City à la fin de la saison 4. Ayant lui aussi vu ses aptitudes améliorées dans l'affaire, il entreprend une quête qui débute à la fin de l'épisode 1, avec une entrée en scène réussie. La suite le sera nettement moins.

    CICADA LA FAUSSE BONNE IDÉE

    Dès que le mystère autour du personnage se dissipe, le méchant perd de son aura, pas aidé par le jeu dénué de finesse de Chris Klein, qui pourrait concurrencer Dominic Purcell dans ce secteur parmi les acteurs de l'Arrow-verse. Malgré le ridicule de certaines de ses scènes, il parvient parfois à se révéler plus humain lorsque son rapport à sa nièce est abordé, le scénario dressant alors un parallèle entre Flash et lui. Mais il souffre d'un mal récurrent qui touche bon nombre de ces personnages : il n'a pas la stature nécessaire pour tenir une saison de vingt-deux épisodes, quand bien même Nora nous le survend en présentant Cicada comme le tueur en série que Barry et ses amis n'ont jamais réussi à arrêter. Ce n'est pas vraiment un spoiler que de dire que les choses vont changer, mais que le chemin pour y parvenir aura été laborieux.

    Présent dès le début, il se montre ensuite par petites touches, puis disparaît pendant des semaines entières et ne participe, au final, qu'à seize des vingt-deux épisodes que compte la saison 5. Parce que le potentiel de Cicada n'est pas assez important pour qu'il ne porte le récit plus longtemps sur ses épaules. Mais aussi parce que les scénaristes se débarrassent de lui au profit de sa nièce Grace (Sarah Carter), adulte et venue elle aussi du futur pour prendre sa place et sa dague. Mais cette dernière n'est pas la grande méchante de l'histoire pour autant, car la vraie raison de la présence de Nora dans l'intrigue nous est ensuite révélée : elle a été envoyée dans le passé par le Reverse-Flash Eobard Thawne, depuis sa prison en 2049, avec pour but de détruire la fameuse dague. Sans lui expliquer qu'elle entravait ses pouvoirs et l'empêchait de s'évader de sa cellule, et que supprimer son existence lui offrirait une belle porte de sortie.

    Compliqué ? Oui. Mais ces rebondissements ont le mérite de nous surprendre, même s'il faut reconnaître qu'ils tombent comme des cheveux sur la soupe et mettent en lumière deux gros soucis : l'impression que les scénaristes naviguent à vue tout d'abord. Ce qui n'est pas exclusif à Flash, car bon nombre de séries de networks s'écrivent sur la durée (par blocs de deux épisodes dans le cas de 24 heures chrono, chaque auteur étant ensuite libre d'imaginer ce qu'il voulait à partir de la base qui lui avait été confiée), et il y a fort peu de chance pour que le retour du Reverse Flash ait été acté d'entrée de jeu. Mais les twists à l'oeuvre donnent le sentiment d'un aveu d'échec, d'une volonté de remplacer un pion par un autre lorsque le showrunner et son équipe se sont retrouvés dans une impasse avec leurs antagonistes.

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    Autre problème mis en lumière par ce retournement de situation : la série se repose beaucoup trop sur le talent de Tom Cavanagh. L'acteur est certes le maillon fort du casting, et les différentes versions d'Harrison Wells venues des mondes parallèles du multiverse sont souvent amusantes, même si Sherloque et son accent français ne resteront pas parmi les plus réussis. Il n'empêche que c'est souvent lui qui apporte un grain de folie bienvenu à l'ensemble, et le retour improbable d'Eobard rappelle bien à quel point la série avait perdu quelque chose avec son départ, de la même façon que le centième épisode de la série (et le huitième de cette saison) a mis en lumière ce qui manquait au présent en faisant revenir les illustres ennemis du passé, Reverse Flash et Zoom en tête, pour l'occasion. Pour autant, et même si son retour fait grincer quelques dents, le virage est ensuite plutôt bien négocié.

    Car Eobard Thawne n'est autre que le meurtrier de la mère de Barry Allen, celui par qui tout a donc commencé. Voir sa propre fille travailler avec son pire ennemi sonne donc comme une trahison pour le héros qui, enfin, décide de prendre les choses en main et de bannir son enfant en lui interdisant de revenir en 2019. Si elle a souvent brillé par sa légéreté, la série se révèle aujourd'hui plus juste dans la noirceur, et c'est peut-être un axe à creuser pour la suite. Surtout vu comment cette saison se termine : avec la destruction de la dague qui, en plus de libérer le Reverse Flash, créé une autre chronologie qui efface l'existence de Nora, cette dernière refusant de survivre en ayant recours à la Force Véloce Négative, dont les effets dévastateurs nous ont été montrés un peu plus tôt dans la saison. Et c'est ainsi que le show fait un vrai choix fort, prouvant au passage qu'il n'a pas totalement atteint ses limites. Mais qu'il va falloir changer beaucoup de choses.

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    Dans la Team Flash notamment. Si Iris a eu une vraie sous-intrigue pendant que Caitlin a pu enquêter, de temps en temps, sur ses origines, et que Tom Cavanagh faisait le show en Sherloque Wells, tous les personnages secondaires n'ont pas eu cette chance. Tous ceux qui ont suivi cette saison 5 ont sans aucun doute été surpris de voir Jesse L. Martin réapparaître après neuf épisodes d'absence inexpliquée, sans que cela n'impacte l'histoire. Et pendant que Ralph se muait en sidekick relativement amusant, la grosse déception s'appelait Cisco Ramon. En 2018/2019, le plus attachant des protagonistes après Barry a clairement été relegué au second plan, malgré la volonté des scénaristes de l'impliquer dans une romance, et la sous-intrigue autour d'un remède capable de supprimer les pouvoirs des méta-humains, qui fait écho au plan de Cicada et s'achève lorsque ce fan de pop culture redevient normal grâce au produit.

    Ce qui ne sera pas sans poser problème à l'avenir. Car s'ils s'apparentent souvent à des facilités de scénario, permettant de faire accélérer l'enquête en localisant un personnage (souvent grâce à une vision qui tombe un peu trop bien), les pouvoirs de Cisco 'Vibe' Ramon ont une vraie utilité pour l'équipe, et le personnage risque alors de redevenir ce qu'il était au début : un petit génie de la science qui améliore l'équipement de Flash saison après saison, et fait preuve de beaucoup de créativité lorsqu'il s'agit de trouver un nom au méchant de la semaine. Son évolution est à ce jour l'un des grands mystères de l'avenir d'une série dont il était annoncé partant... avant un démenti de son interprète Carlos Valdes pendant le dernier Comic-Con de San Diego. A-t-il changé d'avis, ayant obtenu de vraies garanties du nouveau showrunneur, ou n'était-ce vraiment qu'une rumeur ?

    Quoiqu'il en soit, la gestion des personnages secondaires sera l'un des vrais enjeux de la saison 6, et un bouleversement de l'équipe s'impose, histoire de lancer une nouvelle dynamique. Peut-être pas de façon aussi brutale que dans le très meurtrier début de saison 5 de 24 heures chrono, mais il faut envisager de vraies décisions fortes comme la mort de Nora (qui pourrait très bien revenir grâce à une astuce temporelle) pour que la série reparte de l'avant, après avoir donné de sérieux signes d'essoufflement, sous peine de voir le public s'en détourner au profit d'autres super-héros, puisque ce n'est pas ce qui manque sur petit écran. Si tout n'est pas à jeter dans ces vingt-deux épisodes, qui contiennent quelques scènes, idées et super vilains réussis, le show approche dangereusement de ses limites. Mais ses têtes pensantes l'ont peut-être compris.

    VERS LA SAISON DU RENOUVEAU ?

    La saison 6 marquera l'arrivée d'un nouveau showrunner, puisqu'Eric Wallace a succédé à Todd Helbing. Avec une vraie volonté de changement, si l'on en croit les propos de Grant Gustin qui annonçait un ton plus sombre et adulte lors du Comic-Con de San Diego. Sans doute parce que les conséquences du dernier épisode en date se feront encore sentir, mais aussi parce que le grand méchant Bloodwork (Sendhil Ramamurthy de Heroes) sera l'ennemi "le plus intime émotionnellement parlant et le plus terrifiant que Flash aura affronté depuis Eobard Thawne", nous promet-on. Et ce dernier s'illustrera seulement pendant la première moitié d'un tour de piste scindé en deux parties distinctes, entrecoupées par le cross-over "Crisis on Infinite Earths".

    À défaut de faire des saisons plus courtes, alors que cela handicape ses séries super-héroïques, la CW va procéder comme on pu le faire Heroes et Once Upon a Time à un moment de leurs existences respectives : nous proposer deux demi-saisons, bien évidemment liées entre elles, et ainsi éviter de diluer son intensité. Reste à voir si ce changement en appellera d'autres et si Flash en profitera pour repartir de l'avant, comme Arrow lorsque le show s'est recentré sur Oliver et les histoires de justiciers dans les rues de Star City. En sachant que l'année de la disparition du héros, sans doute liée aux événement de "Crisis on Infinite Earths", a été avancée et est maintenant fixée à 2019 au lieu de 2024. Et si tout l'Arrow-verse était bouleversé ? Réponse à partir du 8 octobre.

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