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    American Horror Story saison 9 : un premier épisode 100% pur slasher
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Avec "1984", sa saison 9, "American Horror Story" s'attaque au slasher, sous-genre du cinéma horrifique popularisé par "Halloween", "Vendredi 13" ou "Scream". Mais que vaut le premier épisode ? Que retenir de son approche ?

    FX

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Cinq amis se font engager le temps de l'été comme moniteurs au Camp Redwood. Très vite, ils découvrent qu'il y a quelque chose d'encore plus terrifiant que les effrayantes histoires de feu de camp.

    American Horror Story - 1984 avec Emma Roberts, Billie Lourd... - Crée par Ryan Murphy et Brad Falchuk

    Sur FX depuis le 18 septembre, et sur Canal+ en US+24 - Épisodes vus : 1

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    NOTRE AVIS

    Deux jeunes femmes s'embrassent au beau milieu d'un dortoir, très vite rejointes par un homme. Mais leurs ébats n'ont pas vraiment le temps de commencer qu'ils sont interrompus par un grincement de porte, un tintement et les coups de couteaux de celui qui commet un véritable massacre et prélève une oreille sur chaque victime pour agrémenter le collier qu'il se confectionne. Dès le prologue situé en 1970, American Horror Story donne le ton et accueille à bras ouverts les fans de slasher, sous-genre du cinéma horrifique qui sera au cœur de cette saison 9. Laquelle se déroule surtout 14 ans plus tard, pendant l'été 1984 : alors que les olympiades de Los Angeles sont sur le point de débuter, Xavier (Cody Fern) propose à trois de ses amis ainsi qu'à la nouvelle venu Brooke (Emma Roberts) de quitter la ville de Californie pour l'accompagner au Camp Redwood et officier à ses côtés en tant que moniteurs de colonie de vacances. Du jour au lendemain.

    Une proposition qui, de notre point de vue de spectateur, paraît un peu trop spontanée et brusque pour être vraiment honnête. Mais cela ne choque aucun des personnages, qui acceptent immédiatement et partent donc dans le camp qui s'apprête à réouvrir des portes qui avaient fermé en 1970, à l'issue d'un carnage qui avait fait dix morts. Ou plutôt neuf. Car malgré la perte de son oreille, Elizabeth Booth (Leslie Grossman) a survécu, et c'est pour exorciser ce mauvais souvenir qu'elle décidé de racheter les lieux pour leur donner une seconde vie, alors que le reponsable des faits, un certain Benjamin Richter (John Carroll Lynch), avait été arrêté peu de temps après et croupit dans un asile psychiatrique depuis. Jusqu'à cette nuit de tempête dont profite, bien évidemment, celui qui se fait appeler Mr. Grelots pour s'enfuir après avoir feint son suicide, et revenir sur les lieux de son crime.

    FX

    Cela vous rappelle quelque chose ? C'est normal, car ce premier épisode de 1984 reprend tous les codes, pour ne pas dire clichés, du slasher : le camp qui a été le théâtre d'un horrible massacre, le récit macabre au coin du feu, les ados aux hormones bouillonnantes, le tueur-dont-on-pensait-être-débarrassés-mais-en-fait-non-et-ça-va-faire-mal, la victime potentielle qui trébuche sur tous les obstacles possibles… Jusque dans le personnage du pompiste chez qui les héros s'arrêtent faire le plein et qui les incite à rebrousser chemin avant qu'il se soit trop tard, et sera le premier à périr lorsque Mr. Grelots entamera sa deuxième tournée meurtrière. Habitués à provoquer et bousculer les conventions, Ryan Murphy et Brad Falchuk seraient-ils rentrés dans le rang, en faisant preuve de révérence envers le genre au lieu d'en proposer une relecture ?

    Si leur approche ressemble clairement à celle, très premier degré, d'un Vendredi 13 ou d'un Halloween, il y a fort à parier que le duo maniera davantage l'ironie du Wes Craven de Scream dans les épisodes suivants, après cette entrée en matière un poil trop familière. Surtout que, d'Harper's Island aux trois saisons de la série Scream, en passant par la bien-nommée Slasher, les exemples prouvant que le genre est difficilement transposable en tant que tel sur petit écran ne manquent pas. Et Ryan Murphy en sait quelque chose, lui dont les Scream Queens ouvertement parodiques n'ont pas dépassé les deux tours de piste. A défaut de le renouveler, il va donc falloir le dépoussiérer un peu tout au long des dix épisodes déjà prévus, histoire de tenir la distance.

    SLASHER DU CRIME

    Même si un twist n'est pas à exclure, et nous sommes d'ores et déjà prêts à mettre une pièce sur l'implication d'Elizabeth Booth dans les meurtres à venir, American Horror Story 1984 ne compte visiblement pas jouer la carte du "whodunit", à savoir une intrigue dont l'un des enjeux majeurs est de découvrir l'identité du tueur : pendant son évasion et ensuite, Benjamin Richter nous apparaît à visage découvert et nous le voyons tuer le pompiste, et prouver qu'il sait utiliser d'autres armes potentielles qu'un couteau. On aurait aussi pu imaginer (redouter ?) que cette saison soit en fait centrée sur le tournage d'un slasher, comme la 6 (Roanoke) avec son émission de télé-réalité, mais ce n'est pour l'instant pas le cas. Et tout porte à croire que Brooke sera la clé du récit.

    Elle nous est présentée comme l'héroïne, à priori virginale, de 1984 : une nouvelle venue dans la ville de Los Angeles, qui paraît peu sûre d'elle et semble fuir quelque chose (au même titre que Xavier, comme le laisse entendre un message sur son répondeur). Mais n'y aurait-il pas une astuce ? Depuis sa première apparition, dans la saison 3, Emma Roberts n'a jamais eu le beau rôle dans la série, y compris lorsqu'elle apparaissait juste le temps de se faire tuer dans la 7. Et ça n'est pas la peste qu'elle incarnait dans Scream Queens qui a changé la donne. A l'instar de Ryan Murphy et Brad Falchuk à son sujet, Brooke cache-t-elle quelque chose ? Un lien avec le tueur, ou des intentions maléfiques comme Scream 4 qui faisait d'elle une néo-Sidney Prescott avant de révéler qu'elle se cachait en réalité derrière le masque de Ghostface.

    A moins que les créateurs n'aient décidé, pour une fois, de faire de l'actrice une vraie gentille, il va falloir surveiller son personnage de près. Au même titre que la très croyante Elizabeth Booth, opposée aux goûts des jeunes pour la drogue, le sexe et l'alcool, et qui fera office de lien entre la tuerie du passé et celle qui s'annonce. S'il nous est révélé que l'annonce de la réouverture du Camp Redwood a été à l'origine des envies d'evasion de Richter, il paraît évident que c'est le visage de la survivante de ses méfaits qui a été entouré par ses soins sur la coupure de journal retrouvée dans sa cellule, même si cela ne nous est pas explicitement montré. Faut-il s'attendre à la voir disparaître sous peu ? Le teaser des prochains épisodes suggère que oui.

    Ce n'est peut-être qu'une fausse piste destinée à nous détourner de son éventuelle implication dans les meurtres à venir. Mais si elle devait tuer ce personnage, la saison 9 pourrait ainsi tourner la page du passé et se focaliser entièrement sur les autres personnages qui, à une exception près pour le moment (Brooke), gravitent autour d'un thème cental : la luxure. "Si ça fait du bien, vas-y", "Tout le monde s'inscrit à l'aérobic pour draguer", "Un sportif, ça baise", peut-on entendre, quand Elizabeth critique une jeunesse corrompue par "les sous-vêtements révélateurs, la pornographie accessible chez soi et Van Halen". Sans oublier la scène d'aérobic, toute en regards lubriques et poses lascives, qui suit le générique. Un autre code des slashers que Ryan Murphy et Brad Falchuk accentuent ici, tout en nous renvoyant deux ans en arrière, lorsque le premier avait relayé une théorie qu'il jugeait "intéressante", et selon laquelle, outre quelques clins-d'œil, les histoires seraient reliées entre elles par le fait que chacune d'elle correspondrait à l'un des neufs cercles de l'Enfer.

    1984 ferait-elle office de confirmation ? Si le sexe a toujours occupé une place importante dans bon nombre des œuvres de Ryan Murphy, Nip/Tuck en tête, difficile de ne pas le remarquer ici, même si tout reste suggéré, de la même façon que les meurtres ont juste ce qu'il faut de sanglant. Le choix du slasher paraîtrait alors idéal pour aborder ce thème de la luxure. Et la notion de cercle de l'Enfer, qui s'incarnerait aussi bien dans les principes religieux qui dictent la vie d'Elizabeth, que chez ce mystérieux tueur qui se fait appeler le Traqueur de Nuit (The Night Stalker en VO), qui dit être guidé par Satan et aggresse Brooke chez elle avant de réapparaître à la fin de l'épisode.

    Va-t-il faire le lien avec la saison 7 (Cult) ? Pourquoi s'en prend-il tout particulièrement à Brooke ? S'agit-il du fruit de l'imagination de cette dernière, un alter ego avec lequel elle se débat intérieurement et qui représente les pulsions qui l'assaillent au moment de commettre des meurtres ? De l'intérêt et l'originalité de la saison, en passant par la sécurité des personnages principaux et la façon dont la luxure sera évoquée, la grande majorité des mystères semble tourner autour de la jeune femme jouée par Emma Roberts à l'issue de ce season premiere efficace, plaisant et visuellement soigné, tant dans l'ambiance 80's que les mises à mort, mais qui aborde le slasher de façon beaucoup trop classique. Pour mieux nous surprendre ensuite ? Réponse dès la semaine prochaine.

    "American Horror Story - 1984" : le générique old school

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