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    Place des victoires : rencontre avec Guillaume de Tonquédec et Piti Puia
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Guillaume de Tonquédec et le jeune Piti Puia sont à l'affiche ce mercredi de "Place des victoires", premier long métrage de Yoann Guillouzouic. Un conte sur une rencontre improbable entre deux êtres que tout sépare.

    AlloCiné : Comment avez-vous trouvé Piti Puia, le jeune héros de Place des victoires ?

    Yoann Guillouzouic, réalisateur et scénariste : Pour le choisir, je me suis inspiré de la souris de Ratatouille, et de Giulietta Masina dans La Strada. Je voulais beaucoup de blanc autour des yeux ! Je voulais quelque chose de très technique, que l'émotion naisse de la technique, et qu'on soit assuré de ça. Le premier casting, je l'ai fait comme ça. Je voulais qu'on les filme sans les voir dans le réel. Parce qu'il y a ce truc qu'a Piti naturellement : il prend la lumière. C'est indépendant du talent : tu prends la lumière ou tu ne la prends pas !

    Comme il s'agissait d'enfants qui venaient de la rue, dans des conditions très compliquées, il y avait deux sortes d'enfants : soit ceux qui étaient très abattus, les épaules déjà tombantes, un peu tristes, le regard un peu cassé, parce qu'il y a beaucoup de difficultés, d'abandons, tout ce que la misère peut entraîner… Soit des jeunes qui étaient sur la même réaction, mais beaucoup plus violente. Ils étaient beaucoup plus agressifs, plus durs, ce que je ne voulais pas non plus pour le film.

    Et puis au milieu, il y avait cette petit souris avec ses grands yeux lumineux ! Je me renseigne un peu auprès des associations : on m'explique que oui il vit dans la rue lui aussi, mais il vit avec son père, sa mère. Il a la reconnaissance de ses parents, donc il a l'essentiel. Ce qui lui manquait c'était un peu d'argent et un toit sur la tête, mais pour le reste il va se débrouiller. C'est comme ça qu'il est sorti du lot. C'est le seul que j'ai voulu voir pour la première rencontre et ça n'a été que lui en fait. Donc très vite on s'est rencontrés. Même s'il ne parlait pas français au départ, et justement, ce n'était pas plus mal, parce que pour le coup c'était très cinématographique. On ne passait pas par les mots, on passait par des regards. Ça c'est fait comme ça.

    Alba Films

    Etes-vous d'accord avec l'idée que votre film puisse être pris comme un conte ?

    Quand je parlais de Ratatouille, il y a aussi l'aspect cartoon dans le personnage de Piti. Dans les références qu'on avait, il y avait beaucoup de contes, de dessins animés pour faire rentrer dans la vie cette lumière, cette enfance. Cet enfant va redresser cet homme un peu sombre, qui était en train de tomber. D'un seul coup, il y a un enfant qui vient du sous-sol de la vie, la petite souris ! Le fait qu'il soit chapardeur, c'était vraiment cette idée de la petite souris. Tant qu'il ne s'est pas fait choper, il va le refaire, parce que c'est une question de survie. C'est comme un chien de la rue, il n'a pas d'autre choix s'il veut survivre. Ce sont des voleurs de pommes comme disait Brassens ! Et pour rendre ça crédible, lumineux, et créer une énergie, j'aime beaucoup l'univers de Pixar, les dessins animés japonais aussi. Ils savent très bien jouer là-dessus, avec la poésie, la difficulté de l'existence, les aléas de la chance, de la malchance, la dureté de la vie. Et en même temps, à côté de ça, quelque chose de lumineux, de l'enfance, et donc ce côté conte était en effet voulu.

    Place des victoires EXTRAIT "Lecture du soir"

    Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2019 - Cadre : Laetitia Ratane 

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