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    Lady Oscar : avant l'anime, il y a eu un film français live !
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Etrange coproduction franco-japonaise réalisée par Jacques Demy ("Les Demoiselles de Rochefort"), la version live de "Lady Oscar", également adaptée du manga éponyme, sera pourtant inédite en France durant 20 ans...

    NTV

    Le 10 octobre 1979, il y a tout juste 40 ans, l'anime japonais Lady Oscar déboulait sur le petit écran sur la chaîne nippone NTV. En France, il faudra attendre jusqu'en septembre 1986 pour découvrir cette série, diffusée sur la chaîne Antenne 2 dans l'émission Récré A2.

    En revoici son cultissime générique, chanté par Marie Dauphin. Séquence souvenir...

    Créé d'après le manga La Rose de Versailles de Riyoko Ikeda et paru en 1972, lui-même nourri de l'histoire authentique du fameux chevalier d'Eon qui aimait se travestir en femme, Lady Oscar racontait en 40 épisodes de 23 minutes chacun le destin -finalement tragique- d'Oscar, une jeune femme élevée en garçon par un père excédé de n'avoir que des filles. L'éducation militaire de celle-ci lui permettra de devenir le capitaine de la garde royale, chargée de la protection de la jeune dauphine Marie-Antoinette.

    Si cet anime adapté du manga est passé à la postérité, ce dernier a aussi fait l'objet d'une curieuse adaptation au cinéma, mise en scène par Jacques Demy. Réalisé en 1978, produit par Agnès Varda, ce Lady Oscar version cinéma possède aussi une bande originale composée par le regretté Michel Legrand, qui collaborait régulièrement avec le cinéaste.

    Etrange coproduction franco-japonaise que ce Lady Oscar, signée par un metteur en scène français avec des comédiens majoritairement britanniques. C'est d'ailleurs l'actrice britannique Catriona MacColl qui prêtera ses traits à l'héroïne, même si le cinéaste lui préférait la comédienne Dominique Sanda. Mais son cachet était trop élevé... En fait, ce film est une oeuvre de commande -chose rare pour le réalisateur- passée par un producteur japonais, Mataichiro Yamamoto, détenteur des droits du manga. Ce dernier avait choisi Demy en raison de sa maîtrise de l'anglais, mais surtout parce qu'un metteur en scène français pouvait -à juste titre- grandement faciliter l'accès aux monuments historiques.

    Tourné entre les mois de juillet et septembre 1978 en onze semaines en décors naturels à Senlis (pour la reconstitution de la prise de la Bastille notamment), Jossigny, ainsi que dans des studios parisiens, la production du film s'est même vu ouvrir les portes du château de Versailles, qui n'avait plus vu de tournage depuis le film de Sacha GuitrySi Versailles m'était conté... en 1954.

    Sorti en mars 1979 au Japon, le film a reçu là-bas un accueil mitigé, où l'on estima que l'oeuvre de Demy dénaturait trop le manga d'origine. Et s'il ne fut distribué que dans une poignée de pays et fut présenté dans quelques festivals de manière éphémère, il n'a même pas été distribué en France. "Une bande dessinée japonaise, des acteurs anglais et moi, français, c’était surréaliste, ça m’a plu… Une façon de raconter l'Histoire de France" dira Demy. Une expérience positive ? Pas vraiment. C'est plutôt l'inverse en fait. Echaudé par les exigences des japonais, insatisfait par le film au point d'en être finalement embarrassé, il a même souhaité que le film ne sorte pas en France de son vivant. Ce n'est qu'en 1997, sept ans après sa disparition, que son Lady Oscar connaîtra une exploitation dans les salles françaises, sur la pointe des pieds, sortant un peu de l'oubli cette curiosité cinématographique. Même si le public a largement eu entre-temps le plaisir de découvrir le personnage dans la série télévisée, qui ne fut pourtant mise en chantier qu'après la sortie initiale du film.

    Régulièrement qualifié de nanard ou en tout cas de plus mauvais film de toute l'oeuvre de Jacques Demy, Lady Oscar mérite quand même le coup d'oeil, ne serait-ce que pour la qualité des costumes et la partition de Michel Legrand. C'est déjà pas si mal.

    Ci-dessous, la bande-annonce du film...

     

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