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    Coppola : il descend les films Marvel et répond à "l’étudiant" Alain Chabat au Festival Lumière
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    Auréolé du prix Lumière 2019 ce week-end à Lyon, Francis Ford Coppola s’est adressé à la génération des cinéastes de demain mais également approuvé les propos de Martin Scorsese à l’encontre des films Marvel.

    Laurent Cipriani/AP/SIPA

    La semaine passée, la capitale internationale du cinéma était à Lyon alors que le festival Lumière recevait de prestigieux invités parmi lesquels la présence du légendaire cinéaste Francis Ford Coppola. Accueilli à bras ouverts par la ville, ce dernier a livré une masterclass publique qu’il a souhaité construire comme un échange ouvert avec la jeune génération, puis tenu une conférence de presse où ont été abordés divers sujets comme le statut de son prochain film Megalopolis mais également les récents propos de Martin Scorsese à l’encontre des films Marvel. 

    Un prix dédié à la jeunesse

    C’est dans un théâtre des Célestins plein à craquer que Francis Ford Coppola a livré sa très attendue masterclass, ou plutôt sa rencontre avec le public puisque le prix Lumière 2019 a en effet personnellement tenu à ce que son intervention s’articule comme un échange avec le public, invitant notamment de jeunes étudiants en cinéma à lui poser des questions autour de thèmes précis, comme l’écriture, la réalisation, la direction d’acteurs…

    Parmi les premiers à avoir levé la main pour interroger le maître, un Alain Chabat quelque peu intimidé à l’idée de glaner quelques conseils de réalisation au réalisateur du Parrain (voir vidéo ci-dessous).

    "L’écriture et le jeu d’acteurs sont pour moi les deux piliers du cinéma. Un film peut être beau, bien filmé, mais cela ne sera pas forcément un bon film, c’est pourquoi il est primordial selon moi d’avoir l’un ou l’autre de ces aspects, et même les deux. Parfois, un producteur peut avoir de l’influence sur un tournage, quand les contraintes budgétaires obligent un réalisateur à se focaliser sur son scénario et son travail avec les comédiens."

    "Je déteste cette expression ‘ce réalisateur a su tirer cette performance de son comédien’. C’est tout à fait incorrect : le réalisateur a certes aidé son acteur, mais la performance ne vient que du talent de l’acteur. Le travail du réalisateur consiste à s’adapter à chaque type d’interprète, en tenant compte de leurs spécificités, leurs failles etc. Certains acteurs sont bons dès la première prise, d’autres ont besoin d’en tourner vingt, il faut alors espérer ne pas réunir ces deux profils dans une même scène. Le réalisateur ne fait que préparer le terrain et offrir à ses acteurs les meilleurs conditions possibles de tournage, rien de plus..."

    "Apprendre est un grand plaisir de la vie. Apprendre ne fait pas grossir, ne rend pas malade, et on peut apprendre sans modération et risquer de se faire gronder par sa femme. Je ne connais pas d’autre plaisir équivalent, à part peut-être celui d’écouter de la musique."

    "On peut accepter une commande comme je l’ai fait avec Le Parrain, et il est tout à fait possible de se l’approprier pour en faire une œuvre personnelle. Mais je doute que ce serait quelque chose qu’il me serait possible de faire par le biais d’une série."

    "Les cinéastes de San Francisco (lui-même, George Lucas, Philip Kaufman…) sont à l’origine de deux révolution majeures dans l’Histoire du cinéma. Tout d’abord, l’importance accordée au son avec des artistes comme Walter Murch et la création du studio Dolby qui nous a permis à l’époque de compenser par le son ce que nous n’avions pas les moyens de montrer à l’écran. Puis l’arrivée du digital par le biais notamment de George Lucas, qui a estimé qu’il était plus avantageux de tourner en numérique qu’en pellicule, car il est très cher de convertir les images pour monter les films numériquement. La transition s’est d’abord faite par le son, puis les images, et désormais les films sont pour la plupart projetés en numérique."

    Son avis sur les films Marvel

    "Les propos de Martin Scorsese ont été sortis de leur contexte. Mais lorsqu’il dit que les films Marvel s’apparentent davantage à des parcs d’attraction qu’à du cinéma, alors je dois dire que je suis d’accord avec lui. (…) Je dirais même que Martin Scorsese a été très indulgent dans ses propos, car moi je qualifierais ces films d’abjects."

    Il y a dix ans déjà, Francis Ford Coppola dressait un constat pessimiste de l'industrie cinématographique dans l'entretien-fleuve qu'il nous avait accordé :

    Megalopolis, une ambitieuse utopie

    "J’ai commencé l’écriture du script de Megalopolis il y a vingt ans de cela. Je voulais écrire une authentique utopie, qui matérialiserait mon idée du paradis sur Terre. En 2001, j’ai commencé les prises de vues mais le tournage s’est arrêté à cause des attentats du 11 septembre car il me paraissait alors impossible de tourner un film autour de ce thème dans un tel contexte. Au cours de l’Histoire, beaucoup de régimes ont tenté des expériences sociales, mais cela s’est toujours fini dans le sang comme récemment en Chine et en Ukraine. Je me suis dit qu’en imaginant une utopie sous forme de film, il n’y aurait pas de dommage collatéral et que cela pourrait plus facilement inspirer le public."

    "Megalopolis sera mon film le plus ambitieux, encore davantage qu’Apocalypse Now, à l’instar des films Marvel, bien que je ne dispose pas des mêmes moyens qu’eux. En 2001, j’avais commencé le tournage avec une petite équipe pour tourner des plans qui donneraient une idée visuelle du résultat que je souhaite reproduire. Depuis cette époque, ma vision n’a pas changé et j’ai récemment achevé un script qui se rapproche grandement du résultat que j’attends pour raconter cette histoire."

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