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    5 est le numéro parfait : quel grand cinéaste hongkongais devait réaliser ce film de mafia ?
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    5 est le numéro parfait, thriller italien tiré d'une BD populaire, a débarqué au cinéma le 23 octobre. Porté par le grand Toni Servillo, ce film aurait dû être mis en scène par le maître du polar hong-kongais Johnnie To. Explications.

    Avant de parler du célèbre Johnnie To (PTU, Election, Vengeance), qu'on ne présente plus, faisons connaissance avec Igort alias Igor Tuveri, réalisateur de 5 est le numéro parfait. L'italien travaille depuis la fin des années 1970 comme auteur de bande dessinée, illustrateur, essayiste et musicien. Ses premières histoires apparaissent dans la revue « Il pinguino » qu’il a lui-même fondée.

    Depuis les années 1980, ses bandes dessinées sont publiées dans les pages de revues nationales et internationales telles que Linus, Alter, Frigidaire, Métal Hurlant, Vogue ou The New Yorker. Il écrit des articles, des essais, des réflexions pour Il Manifesto, Reporter, Il Corriere della Sera, Repubblica. Ses oeuvres sont publiées dans plus de 26 pays, dont les États-Unis et la France.

    Le projet 5 est le numéro parfait remonte à plus de quinze ans. Plusieurs cinéastes ont envoyé des petits mots à Igort avec l'idée de réaliser l'adaptation ciné de son best-seller. En effet, dès sa publication, la BD a été un triomphe, traduite dans 15 langues et récompensée par de nombreux prix. Forcément, des producteurs européens, américains ou asiatiques ont été intéressés pour la porter à l'écran.

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    L’un des premiers a été Marco Müller, l’ancien directeur des Festivals de Venise et de Rome : Müller est un intellectuel de culture internationale, il parle couramment chinois et avait remarqué que la façon dont Igort avait écrit et dessiné cette histoire correspondait bien au cinéma asiatique.

    "Il m’avait proposé de coréaliser le film avec le cinéaste chinois Johnnie To. Le projet a pris corps : je suis parti pour Hong-Kong, j’ai commencé à travailler au coeur de la machine à rêves hongkongaise, qui est très impressionnante. Comme Johnnie To tourne parfois trois ou quatre films par an, tout doit être minutieusement préparé : dans le grand atelier de sa société, Milky Way, trônait un panneau de sept mètres de long avec mon livre, découpé en séquences et traduit en chinois. Nous avons discuté presque un an, et puis Johnnie To a choisi d’autres projets. Je crois que Vengeance, le film qu’il a tourné avec Johnny Hallyday, était trop proche de cette histoire", explique Igort.

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    L'auteur a longtemps refusé de réaliser lui-même 5 est le numéro parfait, effectuant même des repérages à Naples pour Johnnie To avant que celui-ci ne se désiste. Mais souvent, quand Igort parlait à un producteur ou à un metteur en scène intéressé, il avait le sentiment qu’ils passaient à côté de choses importantes. "Un producteur lors de nos nombreux échanges m'avait dit que nous pourrions tourner le film à Londres. « À Londres ? », lui ai-je demandé, et il a répondu que comme il y pleuvait beaucoup, cela lui semblait la ville idéale. Mais qu'est-ce que la Camorra ou le sens profond de la religiosité typique de la mafia italienne ont à voir avec Londres ?

    Un autre m’avait dit qu’on pourrait faire appel à des acteurs américains. « Ah bon », avais-je répondu, « mais un personnage jamais sorti de Naples qui parle américain, ça sera bizarre, non ? ». « Oh, on s’arrangera ! ». Mais ce n’est pas un détail que Peppino n’ait jamais quitté sa ville, c’est structurel à l’histoire", analyse le cinéaste.

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    Finalement, Igort a pris en main l'adaptation de sa propre bande-dessinée, au cinéma depuis le 23 octobre. Pour rappel, l'histoire suit Peppino Lo Cicero (Toni Servillo), ex-tueur à gages de la Camorra. Ce dernier est fier de son fils qui gravit les échelons du crime organisé. Mais quand celui-ci est froidement tué dans un guet-apens, il reprend du service accompagné de son ami Toto le boucher. Leur quête de vérité va déclencher une spirale de vengeances et de trahisons dans les clans mafieux du Naples des années 70.

    Toni Servillo au micro pour sa performance dans Silvio et les autres

     

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