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    His Dark Materials sur OCS : retour sur l'échec du film et ses conséquences
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    La série "His Dark Materials", adaptation d'A la croisée des mondes, débarque sur OCS, l'occasion de revenir sur les raisons de l'échec du film de 2007 avec Nicole Kidman et Daniel Craig.

    Metropolitan FilmExport

    Alors que le  série His Dark Materials : A la croisée des mondes a débarqué sur OCS, retour sur les raisons de l'échec du film A la croisée des mondes : la boussole d'or sorti en 2007. Réalisé par Chris Weitz et mettant en scène Nicole KidmanDaniel Craig et Dakota Blue Richards, il racontait la lutte de Lyra, orpheline de 12 ans contre un organisme gouvernemental kidnappeur d'enfants.

    L'échec artistique

    Le réalisateur Chris Weitz a eu maille à partir avec le studio New Line. Son scénario, apparemment bien meilleur que la précédente version de Tom Stoppard) était plus dense, long de 156 pages et promettant donc un film de trois heures. Une durée qu'on peut penser excessive mais qui aurait peut-être davantage rendu justice à la densité de l'oeuvre de Philip Pullman. Sur le tournage, tout se passe normalement, Weitz est laissé libre de tourner ce dont il a besoin et le scénario qu'il a prévu. Les problèmes commencent (comme souvent) lors de la post-production.

    Le studio New Line se montre très interventionniste dans le travail sur le montage et sur ce que le film doit être. Au micro de The Wrap, le réalisateur confiait, six ans après la sortie du film : 

    Ce fut une expérience terrible car j'ai pu tourner tout ce que je voulais, puis le montage m'a été retiré et toute référence à la religion ou à des idées religieuses a été supprimée. L'aspect sombre et la menace de la fin du film -tout ce qui n'en faisait pas un film popcorn positif- ont été retirés. La voix du personnage clé a été refaite, le tout contre ma volonté.

    Voici d'ailleurs un extrait de la scène finale initiale, récemment postée par Chris Weitz :

    La non-religiosité du film était jugée par New Line comme pouvant nuire au succès du film aux Etats-Unis. Il faut rappeler le contexte de l'époque : les livres de Pullman (auteur foncièrement athée) ont été bannis de certaines écoles américaines malgré un succès mondial estimé à 14 millions d'exemplaires. Avant le tournage, en 2004, Weitz était conscient que le film se devait d'être malin et déclarait qu'il allait appeler "l'Eglise" des romans le "Magisterium" pour noyer un peu plus l'aspect anti-clérical de son sujet. Cependant, le studio a eu gain de cause, les références religieuses furent gommées et les fans, qui réclamaient une adaptation fidèle, furent déçus.

    L'échec public

    A sa sortie fin 2007, La Boussole d'or ouvre son box-office en rapportant 26 millions de dollars sur le sol américain, alors que New Line, qui avait vendu le film comme un "nouveau Seigneur des Anneaux", espérait entre 30 et 40 millions, surtout pour une sortie calée à la mi-décembre. Le film a coûté environ 180 millions et New Line a un fort besoin de le rentabiliser. Or, après une exploitation qui dure entre 4 et 5 semaines, le film est retiré des écrans en totalisant 70 millions de dollars sur le sol américain. Du reste, la Ligue catholique avait appelé à un boycott du film.

    En France, A la croisée des mondes attire les foules en restant sept semaines dans les salles pour un total de 2,94 millions d'entrées. In fine, dans le monde, le film termine à 320 millions de dollars, loin du succès du premier Narnia (745 millions pour un budget similaire) ou du premier Seigneur des Anneaux (868 millions).

    Il semble que les coupes ordonnées assez tardivement par New Line aient nuit à la fluidité et à la compréhension du film (en empêchant également que des reshoots soient mises en place). Le résultat final fut renié par Chris Weitz dès novembre 2009, soit à peine deux ans après la sortie du film : "ça a été une violation profonde de mon statut de réalisateur et la pire chose qui me soit arrivé professionnellement parlant".

    Deux échecs, une conséquence

    Si Chris Weitz a pu rebondir ensuite et retrouver les faveurs du public avec Twilight: Chapitre 2 et mettre en scène un solide Opération Finale, New Line a payé très cher l'addition A la croisée des mondes. A l'époque où le film devait sortir, le studio misait beaucoup dessus sur son succès potentiel pour redresser sa situation financière. Les derniers longs métrages "à potentiel" du studio n'avaient pas vraiment trouvé leur public comme Apocalypto (120 millions dans le monde), Ocean's Twelve (362 millions), Le Dernier Samouraï (454 millions). Par ailleurs, certains films ont été des échecs cuisants parmi lesquels Rush Hour 3 avec un box-office de 140 millions soit autant que son budget ou Shoot 'Em Up avec Clive Owen qui avait rapporté 12,8 millions pour un budget estimé de 20.

    L'insuccès de La Boussole d'or fut donc une nouvelle catastrophe pour New Line : celle de trop. Le studio, qui avait débuté en indépendant dans les années 60, avait été racheté par Turner Media qui lui-même avait fusionné avec TimeWarner. La catastrophe d'A la croisée des mondes conduit Warner Bros. Pictures à absorber New Line, qui devint l'une de ses filiales. Ironiquement, le dernier film sorti par New Line en indépendant sera la comédie sportive Semi-pro avec Will Ferrell, elle aussi un échec avec 43,8 millions de dollars rapportés pour un budget communiqué de 55 millions.

    New Line survit depuis au sein de Warner Bros et a sorti depuis ShazamAgents presque secrets ou Ça.

    (Re)découvrez la bande-annonce du "Dark Materials" de 2007 :

     

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