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    Weinstein, MeToo, diversité dans le cinéma... 2010-2019, la décennie de toutes les révolutions

    L'Affaire Weinstein, le mouvement #MeToo et les progrès en terme de diversité à l'écran ont été et seront les marqueurs des années 2010-2019. Retour sur 10 ans de révolutions dans le cinéma.

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    L'Affaire Weinstein

    En octobre 2017, le New York Times et le New Yorker publient coup sur coup deux longues enquêtes basées sur de nombreux témoignages mettant en cause le producteur Harvey Weinstein dans des affaires de harcèlement, d’agressions sexuelles et de viols. La parution de ces articles fait l'effet d'une bombe à Hollywood et dans le monde du cinéma dans son ensemble. Les langues se délient et son modus operandi éclate au grand jour : il attire ses victimes dans une chambre d’hôtel avant de se dévêtir et de solliciter des faveurs sexuelles. Pour obtenir leur silence, il les intimide et leur fait signer des clauses de confidentialité.

    Dans les jours, les semaines et les mois qui suivent, un hashtag est lancé et la parole des femmes et des hommes victimes d'agressions sexuelles dans le monde du cinéma se libère : c'est le début de l'ère #MeToo. En janvier 2018, le mouvement Time's Up est fondé par des personnalités hollywoodiennes en réponse aux révélations liées à l'affaire Weinstein. Au total, 93 femmes racontent avoir été victimes du producteur et 14 d'entre elles déclarent avoir été violées. Aujourd'hui, plus deux ans après que le scandale a éclaté, Harvey Weinstein, qui a été inculpé pour seulement une agression sexuelle en 2004 et un viol en 2013, est toujours en attente de son procès, qui doit se tenir en janvier 2020. La justice américaine opte, le 11 décembre 2019, pour un accord de principe afin d'indemniser les victimes présumées du producteur à hauteur de 25 millions de dollars.

    #MeToo : une pétition en ligne pour soutenir les victimes de Weinstein avant son procès

    Suite à cet événement historique, d'autres grands noms de l'industrie se retrouvent, à leur tour, sur le banc des accusés. Parmi eux, l'humoriste et acteur Louis C.K., visé par des plaintes pour s'être masturbé devant plusieurs comédiennes. Quelques jours après la sortie de l'affaire, il admettra la véracité des faits dans un communiqué. Fondateur des studios Pixar, John Lasseter fait, lui aussi, les gros titres pour harcèlement sexuel. Fin 2018, il finira par quitter ses fonctions de directeur artistique chez Disney. Acteur mais aussi professeur au sein de son école de cinéma, James Franco est également accusé par plusieurs de ses anciennes élèves pour abus sexuels. L'établissement en question, Studio 4, a aujourd'hui fermé ses portes. Kevin Spacey fait, quant à lui, l'objet de divers enquêtes aux États-Unis et en Angleterre. Suite à ces accusations, le réalisateur Ridley Scott le remplace en urgence par Christopher Plummer dans son film Tout l'argent du monde. La star d'American Beauty est par la suite renvoyée de la série phare de Netflix House of Cards, pour laquelle il avait reçu le Golden Globe du meilleur acteur en 2015. En juillet 2019, l'une des poursuites à son encontre est abandonnée après que le témoin ait finalement choisi de garder le silence.

    En France, le mouvement #MeToo se fait plus discret. Médiapart publie, en juillet 2018, une enquête qui rassemblent plusieurs témoignages contre le réalisateur Luc Besson. L'une des plaignantes, l'actrice Sand Van Roy, accuse le cinéaste de viols. Au total, neuf femmes accusent le metteur en scène de comportements sexuels inappropriés. C'est toujours auprès de Médiapart que la comédienne Adèle Haenel décide, le 3 novembre 2019, de sortir du silence. Dans une enquête réalisée par Marine Turchi, elle accuse le réalisateur Christophe Ruggia d’« attouchements » et de « harcèlement sexuel » entre ses 12 et 15 ans. Quelques jours avant la sortie de J'accuse, le nouveau film de Roman Polanski, le quotidien Le Parisien publie le témoignage bouleversant de l'ancienne mannequin Valentine Monnier, qui accuse le metteur en scène de l'avoir violée en 1975. Dans une entrevue donnée au magazine Paris Match le 11 décembre 2019, le réalisateur clame son innocence. 

    Objectif : diversité

    Une étude de l’Annenberg Inclusion Initiative publiée en juillet 2018 fait un constat surprenant : malgré les apparences, la diversité dans le cinéma est presque au point mort. Les chiffres sont formels : les femmes, les personnes “issues de la diversité”, faute d’un autre terme, les LGBTQ+, les handicapés sont toujours autant sous-représentés. Pourtant, il règne dans l’air comme une impression d’assister depuis quelques années à un formidable bond en avant dans la visibilisation des marginalisés. Les succès de Black Panther, premier blockbuster à la distribution majoritairement afro-américaine, et de Crazy Rich Asians, comédie romantique au cast 100% asiatique, sont l’illustration parfaite d’un véritable progrès. Et la preuve que le public n’est pas effarouché par la diversité.

    S’ajoutent à cela d’autres films-événement tels que Love, Simon (2018), premier long-métrage de gros studio, la Fox, à destination des adolescents qui met en scène un héros gay. Une “audace” élargissant le champ des possibles et progressant doucement mais sûrement vers la fin de la frilosité des studios. Au-delà des oeuvres en elles-mêmes, c’est tout un système qui est en mouvement et une industrie qui opère une prise de conscience, oralisée notamment par de fréquents discours engagés prônant l’inclusion, comme celui de Frances McDormand aux Oscars 2018.

    Oscars 2019 : réalisatrices, Afro-Américains, Latino-Américains... La diversité (enfin) célébrée par l'Académie

    Les événements ultramédiatisés sont d’ailleurs devenus le vecteur de nombreuses causes portées par les comédiens et les cinéastes. Les voix des soutiens de mouvements sociaux tels que Black Lives Matter et #MeToo ont ainsi trouvé un écho lors des récentes cérémonies des Oscars. En mai 2018 à Cannes a été lancé le collectif 50/50 et signé une charte de la parité, exhortant les organisateurs à donner davantage de place aux cinéastes féminines et à abolir la domination masculine dans tous les métiers du cinéma. Alors même si dans les faits, la diversité n’est pas au beau fixe, force est de constater que le changement est en marche. D'autant qu'une récente étude toujours menée par l'Annenberg Inclusion Initiative a enregistré en 2018 un nombre record de rôles pour les femmes et personnes de couleur dans l'industrie hollywoodienne. 2010-2019 aura été la décennie de l’éveil des mentalités, gageons que la suivante sera celle de la révolution.

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