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    Harvey Weinstein : alors que son procès s'ouvre à New York, le point sur l'affaire
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Le procès pénal de l'ex producteur déchu Harvey Weinstein, accusé de multiples agressions sexuelles, doit s'ouvrir ce lundi à Manhattan. Un rendez-vous crucial pour un procès qui s'annonce retentissant.

    DOMINIQUE JACOVIDES / BESTIMAGE

    Time's Up. L'heure des comptes et de rendre des comptes, devant la justice. Ce lundi 6 janvier 2020 s'ouvre le procès au pénal de l'ex producteur hollywoodien Harvey Weinstein, poursuivi pour viol, devant la Cour suprême de l'état de New York. Depuis les révélations du New York Times puis du New Yorker en octobre 2017, plus de 90 femmes – actrices, mannequins, collaboratrices, etc...– ont décrit le comportement de prédateur sexuel du magnat déchu.

    Mais le procès qui s'ouvre ne concerne finalement que deux d'entre elles. Le cas des autres victimes présumées est abandonné, pour l’instant, faute de preuves suffisantes, à cause de la prescription des faits, parfois en raison des contradictions dans leurs témoignages, encore parce qu’elles ont préféré la voie civil en signant l'accord d'indemnisation proposé par les avocats de Weinstein en décembre dernier. Signe de l'attente et de la fébrilité autour d'une affaire qui déclencha l'immense vague du mouvement féministe #MeToo, pas moins de 150 journalistes ont été accrédités, tandis que la foule a commencé à se masser devant le palais de justice bien avant l'aube. Le procès est prévu pour durer six semaines.

    La vice-procureure de New York, Joan Illuzzi-Orbon, qui conduit l’accusation, va devoir démontrer pénalement l’existence du "système" Weinstein (intimidations, chèques mirobolants pour faire taire les témoins, surveillance confiée à une officine privée, etc...) à partir de deux cas. L'ancienne assistante de production Mimi Haleyi, qui affirme qu'Harvey Weinstein l'a agressée sexuellement dans son appartement new-yorkais en juillet 2006. La seconde victime présumée, demeurée anonyme, l'accuse d'un viol en mars 2013 dans une chambre d'hôtel new-yorkaise.

    Harvey Weinstein : où en est-on de l'affaire ?

    S'ajoute à cela le témoignage d’une troisième femme, l’actrice Annabella Sciorra, qui accuse Weinstein de l’avoir agressée en 1993. L’affaire est prescrite, mais elle pourra étayer l’accusation; son témoignage ayant été jugé reçevable en novembre dernier par le juge de la Cour suprême de New York, James Burke.

    Si Weinstein, 67 ans, nie les faits reprochés et assure que les relations sexuelles étaient consenties, il risque, en cas de condamnation, la réclusion à perpétuité. Mais l'accusation est loin d'être assurée d'obtenir la condamnation du producteur devenu paria. Car celui-ci va assurément bénéficier d'une défense redoutable, en la personne de son avocate, Donna Rotunno. Âgée de 42 ans et installée à Chicago, elle est surnommée "le bouledogue des salles d'audience". Le choix est évidemment tout sauf anodin : ex procureure, elle est spécialisée dans la défense des hommes accusés d'agressions sexuelles. Cette spécialiste du droit pénal a en outre bien conscience de l'atout que son genre représente dans ce type d'affaires. "J’ai la possibilité de faire bien plus dans une salle d’audience lors du contre-interrogatoire d’une femme que ne le ferait un homme avocat. Il peut être un excellent avocat, mais s’il s’en prend à cette femme avec le même venin que moi, il a l’air d’un tyran. Alors que si c’est moi, personne ne sourcille" expliquait-elle dans les colonnes du Chicago Magazine de février 2018.

    Sa première bataille, ainsi que pour ses collègues l'épaulant, est celle de la sélection des jurés, pour tâcher d'écarter les sympathisants du mouvement #MeToo. Elle doit commencer mardi et pourrait prendre deux semaines. "J'entends prouver mon innocence et laver mon nom" a déclaré Harvey Weinstein, qui ne devrait pas témoigner au procès, dans une interview faite par mail avec la chaîne CNN et publiée ce samedi. En cas d'acquittement, "je me concentrerai sur mes enfants, ma santé", a-t-il indiqué. Et s'il retourne un jour au cinéma, ce sera pour "construire des endroits qui aident à guérir et soulager les autres".

    D'ici cette éventualité encore tout à fait relative, il y a un procès, avec des audiences qui s'annoncent tumultueuses, entre les avocats du producteur déchu et l'accusation. Car une condamnation de l'intéressé marquerait une victoire majeure pour le mouvement #MeToo, qui a contribué à faire tomber de nombreux hommes de pouvoir mais qui ont, en quasi totalité, échappé aux poursuites pénales.

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