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    SKAM France : "La série est une boîte à outils pour les adolescents" [INTERVIEW]

    SKAM France a rapidement réussi à conquérir une solide communauté. En pleine diffusion de la saison 5 et avant la saison 6, Robin Migné, Coline Preher et Maxence Danet-Fauvel sont revenus sur les raisons du succès de ce remake.

    Thibault Grabherr / France TV

    Première série de la franchise SKAM à dépasser quatre saisons, SKAM France est de retour depuis le 6 janvier avec une saison 5 inédite centrée sur Arthur (Robin Migné). Après avoir traité du harcèlement scolaire, de bipolarité, d'identité religieuse et d'identité sexuelle, la série aborde la surdité dans ces nouveaux épisodes et met en scène la communauté des malentendants.Traiter de sujets de société importants et faire bouger les choses du côté de la représentation sont des points importants pour Niels Rahou, scénariste, et David Hourrègue, réalisateur, comme l'explique ce dernier : "On cherche toujours avec Niels à aborder des thèmes utiles. SKAM a vocation à être une boîte à outils pour les adolescents pour leur expliquer comment ils peuvent trouver des solutions à leurs problèmes grâce à leurs proches, leurs amis, mais aussi grâce à eux-mêmes. On en parlait depuis longtemps".

    Pour cette nouvelle saison, les équipes de SKAM France ont fait appel à l'IVT (International Visual Theatre, association et laboratoire de recherches sur la langue des signes, ndlr). Cet organisme, qui les a accompagnés sur le tournage, a permis de trouver les nouveaux personnages malentendants, Noée et Camille, respectivement incarnés par Winona Guyon et Lucas Wild. Un travail méticuleux a également été fait sur le son dans les épisodes pour que les spectateurs soient en total immersion dans l'expérience que traverse Arthur. Avec 100 millions de vues cumulées depuis février 2018 et plus de 12 millions d'interactions sur Instagram et YouTube, SKAM France est un vrai phénomène que les acteurs de la série n'avaient pas anticipé.

    Thibault Grabherr

    AlloCiné : SKAM France est le premier remake à dépasser l'original norvégien avec des saisons 5 et 6. Est-ce que vous vous attendiez à un tel succès ?

    Maxence Danet-Fauvel : Personne ne s'y attendait, pas même le réalisateur parce que les premières saisons ont fait des scores d'audimat moins importants et parce qu'on était cantonné à reprendre la trame de la version originale. Dès qu'on nous a laissé des libertés en mettant un peu de culture française, la série a décollé. Et au-delà de ça, je ne m'attendais pas à ce qu'on signe pour une saison 5 et encore moins une saison 6.

    Coline Preher : Je n'avais pas conscience de l'engouement sur les réseaux sociaux, je ne m'y attendais pas du tout. C'est vraiment à partir de la saison 3 que ça a explosé alors que dans les premières saisons, on ne savait pas trop où on allait.

    Vous aviez regardé la version originale avant de vous lancer dans cette aventure ?

    M. D.-F. : Surtout pas, je ne voulais pas du tout m'inspirer de quelque chose de connu. Je voulais vraiment faire ma propre interprétation et j'ai regardé la série après.

    Robin Migné : J'ai un peu regardé la version originale après parce que je ne voulais pas du tout être influencé et, honnêtement, je trouve la nôtre plus rythmée, plus fluide.

    Le public s'identifie beaucoup à vos personnages notamment sur les questions de sexualité avec Alexia qui est bisexuelle et Eliott qui est pansexuel. Est-ce que vous avez conscience de cet impact sur le jeune public ?

    M. D.-F. : Je pense que ça a surtout créé chez moi un syndrome de l'imposteur. Et j'ai plutôt tendance à féliciter la série pour son impact auprès des jeunes que mon personnage seul. Même si, évidemment, je sais qu'Eliott a eu un impact. J'ai essayé de le travailler au mieux parce qu'on m'a donné de l'or entre les mains. C'est un personnage qui m'a aussi beaucoup aidé et apporté personnellement.

    C. P. : Je pense que c'est un tout. La saison 3 a été une tribune forte et les personnages de Lucas, Eliott et Alexia ont su toucher le public. Et c'est vrai qu'on reçoit des messages de remerciements et de témoignages qui sont très touchants. Les libertés que nous laisse David ont également joué parce que dans la version originale Chris n'est pas bisexuelle, et c'est moi qui ait proposé à David qu'Alexia soit bi. Il y a de vrais échanges avec lui.

    Thibault Grabherr / FranceTV

    Dans cette saison 5, c'est la communauté des malentendants qui peut se retrouver en Arthur. Robin, comment avez-vous abordé ces épisodes centrés sur votre personnage ?

    R. M : Déjà je n'y croyais pas quand David m'a dit que c'était mon personnage qui serait au centre de la saison 5. Je ne voyais pas ce qu'il avait de plus que Basile ou Alexia, par exemple, même si j'étais content d'offrir plus à Arthur. Du coup, je me suis renseigné sur la communauté sourde, leur histoire et leurs combats, du Réveil Sourd à la langue des signes qui a longtemps été interdite. J'ai aussi eu une formation de 35 heures avant le tournage, j'ai bossé avec l'IVT et je me suis mis en condition. Je pense que je me suis totalement abandonné dans cette expérience.

    Le personnage d'Alexia est d'un grand soutien pour Arthur. Comment vous êtes vous préparée Coline ?

    C. P. :  Déjà, il a fallu créer cette relation entre Alexia et Arthur qui est différente des autres histoires amoureuses de SKAM. Il ne s'agit pas d'un coup de foudre, ils sont amis avant d'être amoureux. Et il y a une vraie complicité entre eux, ce qui fait qu'Alexia veut vraiment le soutenir dans cette épreuve. C'est la première saison où j'ai autant de travail, le tournage était vraiment intense. Du coup, je me suis renseignée sur cet univers que je ne connaissais pas. J'ai appris à signer et c'est une expérience folle qui décuple tes sensations. 

    Delphine Ernotte a évoqué des discussions sur des potentielles saisons 7 et 8. Si vous deviez avoir une saison centrée sur vos personnages, Coline et Maxence, quel sujet aimeriez-vous explorer ?

    C. P. : Dans la saison 5, Alexia parle un peu plus d'elle, elle se dévoile surtout dans une scène en particulier. Donc on pourrait totalement lui créer une histoire. Personnellement, j'ai créé un passé à Alexia pour m'approprier ce personnage et comprendre pourquoi elle a cette empathie et pourquoi elle s'assume complètement. Après, je n'ai pas la moindre idée du futur de la série donc je ne veux pas m'avancer.

    M. D.-F. : La bipolarité. Je me suis préparé pendant deux, trois mois avant le tournage de la saison 3, en restant enfermé chez moi notamment, pour assimiler les phases de bipolarité, maniaque, dépressive, etc... pour comprendre ce que c'est. Et ce travail de préparation était vraiment intéressant en tant qu'acteur et j'aimerais beaucoup approfondir cette facette d'Eliott. Après, j'ai déjà fait mes adieux à Eliott, même si c'est dur de dire au revoir à ce personnage qui m'a tant apporté.

    Thibault Grabherr / FranceTV

    Si vous deviez retenir un moment de la série, un jour de tournage ou une scène qui vous a particulièrement marqué ?

    R. M. : Pour moi, c'est le dernier jour de tournage. Il y avait une ambiance particulière. La dernière journée, on a refait une scène qui n'était pas bonne au montage. Ça nous a pris 40 minutes parce que c'était émouvant et puis on était sous la pluie, on a un peu fait durer le plaisir. On a été extrêmement bien entourés, on était tous ensemble et c'était bien. C'était un vrai bonheur de bosser avec David.

    C. P. : Je dirais que la saison 5 est ma préférée parce que j'ai pu vivre des trucs incroyables. Mais je n'ai pas vraiment de meilleurs moments, c'est plutôt l'accumulation de petites scènes. Après, je retiens ma rencontre avec Winona (Guyon, Noée dans la saison 5), qui a été intense. J'ai pu signer avec elle, j'étais concentrée et investie pendant un long moment. Ce genre de rencontres te marque et grâce à elle je connais mieux le monde des malentendants.

    M. D.-F. : Je pense que mon meilleur moment c'était ma rencontre avec David, avec qui j'ai une relation particulière. Je me souviens que je m'étais cassé le pied la veille de mon casting. Du coup, je suis arrivé avec des béquilles et au lieu de me faire passer mes scènes on a parlé pendant des heures avec David. C'est à ce moment là que j'ai compris que ce projet était dingue. Après, mes meilleurs moments de tournage étaient pendant la saison 3, évidemment. J'en garde de très bons souvenirs.

    SKAM France est un véritable tremplin pour vous. Quels sont les prochains projets dans lesquels on pourra vous retrouver après la série ?

    R. M. : Moi j'aime beaucoup le théâtre à la base. Je joue à Paris à partir d'avril au Passage vers les étoiles dans Le Sens du Ridicule avec un pote. C'est un hommage à Raymond Devos et on fera un passage au Festival d'Avignon avec ce spectacle. Sinon, je joue aussi dans la pièce Maintenant qu'il fait tout le temps nuit sur nous d'Hugo Horsin, un prof du Cours Florent. C'est une adaptation du roman de Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos. Et en parallèle, un seul en scène, Au pays des kangourous, écrit par Gilles Paris (Ma Vie de Courgette).

    M. D.-F. : Je vais tourner dans une série pour TF1 qui s'appelle Grand Hotel, qui est l'adaptation d'une série espagnole. Comme pour SKAM, je ne veux pas absolument pas voir la version originale avant d'avoir livré mon interprétation.

    C. P. : J'aimerais sortir les chansons que j'ai écrites évidemment (Coline est aussi chanteuse et a participé à The Voice Kids, ndlr) et les faire découvrir à la communauté de Skam parce qu'elles sont engagées et qu'elles pourraient leur plaire. Après j'ai un autre projet d'écriture en cours qui me tient à coeur. Je suis en train de plancher sur une série et c'est un beau projet sur un sujet qui n'a pas encore été traité. Je touche du bois, j'espère que ça va se faire.

    Propos recueillis le 12 janvier 2020 à Paris.

    Retrouvez notre interview d'Axel Auriant (Lucas dans la série SKAM) :

     

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