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    I Am not okay with this (Netflix) : que vaut la série fantastique avec les stars de Ça ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Alors que "The End of the F***ing World" est à priori terminée, Netflix met en ligne la nouvelle série de son créateur : "I Am Not Okay With This". Que vaut donc ce nouveau bébé, aux accents fantastiques ?

    Netflix

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Les tribulations d'une adolescente qui doit faire face à ses relations avec ses camarades de lycée. Elle doit composer aussi avec sa famille quelque peu étrange et appréhender la découverte de sa sexualité. Parallèlement, elle va découvrir les pouvoirs résidant au plus profond d'elle.

    I Am Not Okay With This, crée par Jonathan EntwistleChristy Hall - Disponible sur Netflix depuis le 26 février 2020 -  Épisodes vus : 7 sur 7

    ÇA RESSEMBLE À QUOI ?

    C'EST AVEC QUI ?

    Il y a quelques semaines, Netflix mettait en ligne Locke & Key, série portée par Jackson Robert Scott, découvert dans l'adaptation de Ça signée Andy Muschietti en 2017, et dans laquelle il incarnait Georgie, première victime de Grippesou. Et c'est aujourd'hui deux acteurs du long métrage que nous retrouvons sur la plateforme : Sophia Lillis, qui interprétait Beverly Marsh ; et Wyatt Oleff, alias Stanley Uris, qui avait prêté ses traits aux versions jeunes de Rumplestiltskin puis Pete 'Star-Lord' Quill dans Once Upon a Time et Les Gardiens de la Galaxie.

    Sa partenaire, de son côté, est devenue la nouvelle incarnation de la détective adolescente Nancy Drew dans un long métrage toujours inédit chez nous (et qui n'a rien à voir avec la série lancée sur la CW en octobre dernier), et I Am Not Okay With You marque sa deuxième incursion sur le petit écran après sa participation à Sharp Objects où elle partageait avec Amy Adams le rôle de Camille, personnage principal du récit, qu'elle interprétait jeune.

    ÇA VAUT LE COUP-D'OEIL ?

    Si vous aimez Stranger Things et The End of the F***ing World, vous aimerez sans doute I Am Not Okay With This. La formule est peut-être facile, mais impossible de ne pas penser à ceux deux séries, également diffusées sur Netflix : la première parce que les pouvoirs et tourments adolescents de l'héroïne Sydney rappellent ceux d'Eleven, et que Shawn Levy officie ici en tant que producteur ; et la seconde parce que le récit est chapeauté par le même showrunner (ici assité par Christy Hall), d'après un roman graphique signé par le même auteur, Charles Forsman. On ne change donc pas une équipe qui gagne, et ce show peut clairement être considéré comme le cousin américain de l'anglaise The End of the F***ing World. Avec plus de surnaturel et de représentation LGBTQ+.

    Malgré ses similitudes avec des oeuvres déjà existantes et le fait que le récit s'articule autour d'ados marginaux et d'une quête d'identité, I Am Not Okay With This trouve rapidement la sienne. Et les premières images donnent le ton : "Chez journal, va te faire foutre", assène en voix-off la jeune Sydney (Sophia Lillis), que nous voyons errer, couverte de sang de la tête aux pieds. Une introduction efficace et intrigante pour lancer une histoire racontée en flashback, et placer son héroïne à mi-chemin entre Beverly Marsh et Carrie White, personnages marquants de l'univers de Stephen King auquel la série se réfère régulièrement sans forcer. Car cela passe le plus souvent par une imagerie qui joue sur notre connaissance de l'auteur, dans la manière de représenter la ville de Pennsylvanie dans laquelle se déroule l'action, lauréate du "Prix du bled le plus pollué", quand il ne s'agit pas d'un jeu de mots dans un titre ("Stan by Me").

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    Il y aussi un peu du cinéma de John Hughes dans sa représentation de l'adolescence, et même un épisode entier qui, centré sur une histoire de retenue, ne manque pas de rappeler Breakfast Club. Des références plus ou moins appuyées qui ne gênent en rien le visionnage d'une saison 1 qui se dévore facilement, la durée moyenne des épisodes n'éxcédant pas les vingt-deux minutes, et dont le plus gros défaut est, finalement, d'arriver aussi peu de temps après The End of the F***ing World. Et il est vrai que les photographies sont proches, au même titre que les héros marginaux et la narration à la première personne, même si la tentation d'aborder I Am Not Okay With This par le prisme de la comparaison tourne rapidement à vide. Les héros y sont moins fascinés par la mort et la violence (même si Sydney est hantée par le suicide de son père), et les super pouvoirs lui permettent d'avoir une sensibilité plus américaine.

    Introduits par petites touches, jusqu'à un final plus spectaculaire qui joue avec notre connaissance de Carrie et des récits initiatiques pour mieux nous surprendre, ceux-ci servent à illustrer les tourments et changements que traverse son personnage principale, lycéenne qui se cherche sur tous les plans (y compris sexuel) et se sent isolée jusqu'à sa rencontre avec Stanley (Wyatt Oleff), également en décalage par rapport à ce que les autres considèrent comme normal, et qui a le sentiment d'être né à la mauvaise époque, comme le prouve son amour des objets rétro et des costumes qui étaient à la mode quelques décennies avant sa naissance, ainsi que des séquences d'essayages que l'on croirait issues des années 80, à l'image de l'ouverture très réjouissante de l'épisode 4.

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    Un duo qui, à travers sa relation, permet au show de combiner noirceur et légéreté, mais également d'être en prise avec l'époque tout en rendant hommage aux diverses influences de ses auteurs. I Am Not Okay With This baigne ainsi dans un entre-deux qui lui confère un aspect intemporel et concourt grandement à son charme. Grâce à ceci, mais également à l'écriture et au talent de ses interprètes (auxquels il convient d'ajouter Sofia Bryant, dont le personnage apporte à Sydney quelques nuances supplémentaires), il ne nous faut pas longtemps pour nous attacher aux protagonistes de l'histoire, dont le parcours ne sera finalement pas aussi balisé qu'on ne le pense lorsque l'on parle de série pour ados. Surtout que celle-ci agrémente son cocktail d'une dose de mystère de plus en plus forte lorsque les pouvoirs de l'héroïne et les secrets de sa famille se dévoilent, qui nous conduit vers le final sanglant teasé dès le premier épisode avant de nous laisser avec plusieurs questions.

    Que va-t-il advenir de Sydney ? Son secret va-t-il être révélé ? Et qui est donc cette présence qui la suit ? Dans la mesure où nous entendons une voix masculine, il pourrait bien s'agir de son père, qui a fait face à la même entité avant, nous dit-on, de perdre la tête ? Quoiqu'il en soit, tout porte à croire que nous n'avons vu que les prémisses de l'histoire, qui passera à la vitesse supérieure dans une éventuelle saison 2, ce que semble confirmer la dernière réplique : "Ce n'est que le début". Un début réussi mais qu'il vaut mieux ne pas trop comparer à The End of the F***ing World pour davantage en apprécier les qualités, surtout que les séries se révèlent finalement complémentaires dans leurs manières respectives d'aborder l'adolescence de façon graphique et soignée. Si l'aventure devait se poursuivre, nul doute que bon nombre de téléspectateurs seront ok avec cette idée.

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