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    Jour de fête : un festival de gags pour découvrir Jacques Tati et son cinéma
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Gags, maladresses, catastrophes… Dès 1949 et son premier long métrage, "Jour de fête", avec son facteur lancé dans une tournée à grande vitesse, Jacques Tati impose la précision de son humour. Ce qui en fait une belle porte d'entrée sur son cinéma.

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    Conseillé à partir de 10 ans

    Il était une fois : Des forains s'installent dans un calme village, et créent de l'agitation en même temps qu'une série de catastrophes lorsque François, le facteur, cherche à les aider. Parmi les attractions se trouve un cinéma ambulant où le facteur découvre un film documentaire sur ses collègues américains. Après avoir été malmené par deux des nouveaux-venus, il décide alors de se lancer dans une tournée "à l'américaine", pour prouver que le moment de son remplacement n'est pas pour aujourd'hui.

    Ce qu'ils vont adorer : La maîtrise du gag de Jacques Tati. Une mécanique de précision qui apparaît déjà bien huilée dans ce premier long métrage dont la seconde moitié, la fameuse tournée "à l'américaine", est tirée du court qu'il avait lui-même réalisé deux ans plus tôt, en 1947. En l'espace de six films, l'acteur et réalisateur a développé un humour universel, où la parole se fait de plus en plus rare au fil des années, pour mieux laisser les images parler d'elles-mêmes. Sur ce plan, Jour de fête paraît même très bavard à côté des Vacances de Monsieur Hulot ou Playtime, mais n'en reste pas moins efficace en jouant sur divers tableaux, visuels et sonores, avec le burlesque comme mot d'ordre. Petits et grands ne peuvent qu'être fascinés par la silhouette déguingandée du cinéaste, qui se trimballe avec une maladresse calculée et sème le chaos malgré elle : les enfants riront des chutes et autres catastrophes qu'il cause, les adultes seront épatés par son art et la manière d'amener le rire.

    Les Acacias

    Ce qui peut les inquiéter : Le noir et blanc déjà, synonyme de (très) vieux film pour les plus jeunes. Bien qu'envisagé en couleurs par le metteur en scène au moment de sa réalisation, et longtemps disponible dans ce format. Mais sa restauration de 2013, celle qui est actuellement disponible sur MyCanal, s'est faite sans et leur absence peut rebuter les plus jeunes. De la même façon, les gags sont très visuels et universels, mais le cinéma de Jacques Tati n'est pas aussi facilement accessible que celui d'un Charles Chaplin, chez qui le rythme est plus soutenu. Il faut être assez âgé pour pouvoir apprécier quelques longues mises en place (les premières minutes avant l'arrivée du facteur notamment), la manière dont plusieurs situations sont amenées ainsi que la poésie qui se dégage de l'ensemble. Ou encore pouvoir rire des borborygmes et marmonnements du personnage qu'il incarne. Il y en a heureusement pour tous les publics, que se rejoindront dans la séquence hilarante de la tournée.

    Ce qu'ils vont garder au fond d'eux : Des images capables de provoquer les mêmes éclats de rire que lorsqu'ils ont découvert le film et ses gags issus, pour la grande majorité, de la tournée "à l'américaine", final à grande vitesse qui déclenche l'hilarité à intervalles réguliers et se présente comme l'un des sommets de la carrière de son cinéaste. A tel point qu'il n'est pas rare, en revoyant le film une fois adulte, de réaliser qu'on ne se souvenait que de ce passage. Outre ce style et cet humour, qui en ont inspiré beaucoup (de Pierre Richard au duo Fiona Gordon - Dominique Abel en passant par Sylvain Chomet, qui lui rend un hommage direct dans L'Illusionniste en l'animant), la silhouette du facteur joué par Jacques Tati reste en tête de façon assez étonnante. Mais le film fonctionne aussi en tant que document sur ces fêtes de village qui, telles qu'elle sont représentées ici, semblent appartenir à une époque révolue. Comme un retour en arrière qui fait naître un peu de poésie en plongeant le spectateur dans une bulle presque hors du temps. Pour mieux donner envie de partir ensuite au bord de la mer pour vivre Les Vacances de Monsieur Hulot ?

    Jour de fête
    Jour de fête
    Sortie : 4 mai 1949 | 1h 16min
    De Jacques Tati
    Avec Roger Rafal, Jacques Beauvais, Robert Balpo
    Presse
    4,8
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    Disponible en VOD, DVD & Blu-Ray, et visible sur MyCanal jusqu'au 9 juin 2020

    La bande-annonce de "Jour de fête" :

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