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    13 Reasons Why : 6 fois où la série Netflix a fait polémique

    Tout au long de ses 4 saisons, la série Netflix "13 Reasons Why" aura fait couler beaucoup d'encre. La rançon de la gloire et le prix à payer quand on ose autant ? Entre maladresses et polémiques, retour sur ces 6 fois où elle a suscité l'émoi...

    Malgré deux premières saisons de qualité, et deux suivantes tout sauf réussies, 13 Reasons Why aura eu le mérite de traiter de sujets forts, souvent tabous, comme peu d'autres séries ado avant elle avaient osé le faire. Mais cela ne s'est pas fait sans maladresses, qui ont inéxorablement conduit à de nombreuses polémiques. Retour sur ces fois où elle a enflammé le web, à tort ou à raison. ATTENTION SPOILERS !

    LA FAMEUSE SCèNE DU SUICIDE D'HANNAH BAKER

    Dès la saison 1, de nombreuses voix s'élèvent quant à la scène clé du suicide de l'héroïne, Hannah Baker, montrée de manière particulièrement frontale dans le dernier épisode. On y voit Katherine Langford s’ôter la vie en se coupant les veines dans son bain. Aux Etats-Unis, des organisations, telles que la Fondation pour la Prévention du Suicide, se sont appuyées sur des études pour dire "que le nombre de suicides augmentaient lorsque l’histoire décrit de manière explicite la méthode, utilise des images crues et spectaculaires […] ou rend la mort attirante". Selon eux,  une telle scène à l’écran ne peut que donner envie aux jeunes mal dans leur peau de reproduire ce geste plutôt que de les en dissuader.

    L’un des scénaristes de la série, Nic Sheff, avait choisi de se défendre et de répondre précisément à ces critiques dans une lettre ouverte publiée sur Vanity Fair"Ces controverses m’ont vraiment étonné. Dès le début, j’étais certain que nous devions décrire son suicide avec le plus de détails possibles. Je me suis même battu pour ça, en prenant pour exemple ma propre tentative. […] C’était pour moi l’occasion rêvée de montrer comment se déroule un suicide, de mettre fin au mythe de la mort tranquille, de mettre les spectateurs face à la réalité, quand vous décidez de sauter d’un bâtiment en feu pour vivre quelque chose de bien pire. […] La chose la plus irresponsable pour moi, aurait été de ne pas montrer du tout sa mort. Aux alcooliques anonymes, on appelle ça "rejouer la scène" : il s’agit de les encourager à revivre dans les détails les événements qui se sont déroulés après leur rechute. C’est pareil avec le suicide. Rejouer la scène, c’est se rendre compte que le suicide n’est pas un soulagement, c’est les cris, l’agonie et l’horreur. […] Donc je soutiens à 100% ce que nous avons fait. Je sais que c’est le bon choix, parce que ma vie a été sauvée lorsque j’ai compris toute l’horreur du suicide".

    Pour tenter de répondre à cette polémique, Netflix a fait le choix d’ajouter au début du premier épisode un carton d’avertissement pour informer ses abonnés des sujets sensibles qu’elle aborde. Parallèlement, les deux avertissements existants, aux épisodes 9 (qui contient une scène de viol) et 13 sont modifiés pour être plus explicites. Une mention au site 13ReasonsWhy.info qui recense, pays par pays, l’organisme officiel chargé de lutter contre le harcèlement scolaire, est ajoutée.

    Deux ans plus tard, la plateforme se décide à éditer la scène controverséee. Dans un communiqué, Netflix a ainsi déclaré : "Nous avons compris que 13 Reasons Why avait encouragé de nombreuses jeunes personnes à parler de problèmes complexes comme la dépression ou le suicide et à demander de l'aide, souvent pour la première fois. Alors que nous allons préparer le lancement de la saison 3, nous avons pris conscience du débat que la série générait. Sur les conseils d'experts médicaux, dont Christine Moutier, médecin en cheffe de la Fondation Américaine de la Prévention du Suicide, nous avons décidé avec le créateur Brian Yorkey et les producteurs d'éditer la scène dans laquelle Hannah met fin à ses jours dans la première saison."

    LE VIOL DE TYLER

    En saison 2, 13 Reasons Why suscite à nouveau des réactions fortes après une scène du final (décidément !) où le personnage de Tyler se fait agresser sexuellement par des membres de l'équipe de foot. Une scène violente au cours de laquelle Monty lui enfonce un manche à balais dans l'anus. Face à la dureté de ce passage, certains fans ont manifesté leur colère sur les réseaux sociaux. Ce n'est pas tant la scène en elle-même qui fait alors polémique mais le fait qu'elle arrive comme un cheveu sur la soupe, comme si elle avait été imaginée pour choquer plus que pour raconter quelque chose. 

    Brian Yorkey a tenu à répondre à cette critique en expliquant que "des athlètes ou sportifs de lycée commettent trop souvent des horreurs comparables à celle que nous montrons dans cette scène. Il faut dénoncer plus souvent ces crimes, car oui des hommes violent d'autres hommes aussi". Ce traumatisme encore très tabou est rarement évoqué dans la fiction. ll ajoute dans un entretien accordé à Vulture : "Aussi intense que soit la scène, et aussi fortes que soient les réactions, elle ne se rapproche même pas de la souffrance éprouvée par les personnes qui traversent réellement ces choses. Quand nous disons que quelque chose est "dégoûtant" ou difficile à regarder, cela signifie souvent que nous y attachons de la honte. Nous préférerions ne pas être confrontés à cela. C'est pourquoi ces types d'agressions sont sous-déclarés. C'est pourquoi les victimes ont du mal à demander de l'aide. Nous pensons qu’il vaut mieux en parler plutôt que de rester dans le silence." 

    En saison 3, la série prendra le temps d'explorer le sujet plus en profondeur et réussit ainsi à faire oublier les critiques. 

    LA FUSILLADE AVORTéE

    Durant toute la saison 2, Tyler se rapproche de Cyrus (Bryce Cass), un adolescent plutôt perturbé qui cherche à se venger des élèves populaires. Les deux amis se poussent mutuellement à exprimer leur haine en faisant preuve de plus en plus de violence. Des scènes montrent les deux garçons en train de s’amuser avec des armes à feu, notamment dans la séquence au stand de tir dans l’épisode 6. En parallèle de cette réalité, la série montre le cheminement psychologique qui pousse Tyler au passage à l’acte. Dans le dernier épisode de la saison 2, son retour à Liberty après un stage pour apprendre à contrôler sa violence le fait basculer. Ses amis prennent leurs distances avec lui et le viol dont il est victime le pousse à bout.

    Sans excuser le personnage, cette scène permet de comprendre les tragiques conséquences du harcèlement. La fin de l'épisode surprend en ne mettant pas en images une scène de tuerie, comme on aurait pu l’imaginer, mais Clay tentant de raisonner Tyler avec des mots forts, qui font écho à ceux qu’il n’a pas eu la force dire à Hannah : « Je ne veux pas que tu meures. Si tu crois que c’est la solution, si tu crois vraiment que ça changera les choses, que ce sera pas une putain de tragédie que les adultes oublient au bout d'une semaine, si tu crois vraiment que tout s’arrangera, alors vas-y. » Une réaction qui est loin de faire l'unanimité. 

    En effet, on accuse les scénaristes de ne pas avoir montré, à travers Clay, l'exemple de la bonne façon de réagir face à une telle menace, qui est un sujet de société aux Etats-Unis d'une extrême gravité. Il aurait fallu que Clay et ses amis se cachent et appellent la police et non pas qu'ils tentent de le raisonner. Car ce qui marche dans la série n'aurait probablement pas du tout fonctionné dans la vraie vie. On pourrait aussi arguer qu'une polémique encore plus grande aurait pu naître s'ils avaient fait le choix que Tyler passe à l'acte, créant un problème similaire à celui du suicide d'Hannah... 

    David Moir/Netflix

    L'AUTEUR ACCUSé DE HARCèLEMENT SEXUEL

    Jay Asher, l'auteur du roman qui a servi de base à la série Netflix, est accusé de harcèlements sexuels en février 2018. Ironique alors que c'est l'un de ses sujets principaux. Après que ces allégations aient été rendues publiques, l'organisation de scénaristes dont l'Américain de 42 ans faisait partie, la Society of Children’s Book Writers, annonce son exclusion. Une exclusion qui datait en fait de l'année d'avant. Asher, de son côté, indique alors qu'il a quitté la Society of Children’s Book Writers de son plein gré, et qu'il se sent "sacrifié""C'est très effrayant lorsque vous savez que les gens ne vous croiront pas une fois que vous ouvrez la bouche", déclare-t-il au micro de BuzzFeed News. 

    Selon lui, ses relations avec ses accusatrices dont l'identité n'a pas été révélée, étaent consenties et il se dit être la victime de harcèlement de leur part, et que cela le suit depuis une décennie. Quelques jours plus tard, Netflix annonce que Asher ne sera plus impliqué dans les futures saisons de la série.

    LE HARCèLEMENT EN LIGNE

    Si les scénaristes et producteurs de la série n'en sont pas responsables, force est de constater que 13 Reasons Why éveille chez certains jeunes spectateurs des comportements totalement contraires au message anti-harcèlement véhiculé. Dès la saison 1, Justin Prentice, l'interprète de Bryce, le violeur d'Hannah, est harcelé sur les réseaux sociaux. En saison 2, l’acteur Timothy Granaderos, l’interprète de Monty, subit les foudres de certains abonnés comme le révèle le site PopBuzz, qui liste quelques commentaires visibles sous ses posts Instagram, tels que "Je vais te tuer" ("I will fuckin kill you") ou "Tu dois mourir, même si tu étais en train de jouer la comédie. Pauvre Tyler" ("you have to die, even if you were acting motherfucker, poor tyler").

    Heureusement, le jeune homme a pu compter sur le soutien des autres acteurs de la série, à commencer par Devin Druid, qui incarne Tyler, mais aussi Prentice passé par là qui lance le hashtag #TimIsNotMonty (Tim n’est pas Monty), qui a été repris des centaines de fois sur Instagram. 

    La saison 3 décriée pour sa qualité est notamment marquée par l'arrivée d'une nouvelle narratrice : la jeune Ani, interprétée par l'actrice Grace Saif. Une recrue avec laquelle certains fans se sont montrés particulièrement virulents, la harcelant et la critiquant violemment sur les réseaux sociaux. Suite à ce cyber-harcèlement, l'actrice rend privé son compte Twitter et retire toutes ses photos de son compte Instagram. Elle reçoit le soutien de ses camarades de jeu, notamment Anne Winters (qui incarne Chloé dans la série). Timothy Granaderos déclare quant à lui : "Que vous souteniez ou non, que vous aimiez ou non un personnage dans notre fiction, s'il vous plait, rappelez-vous que derrière, il y a un acteur ou une actrice talentueuse chargée de donner vie à ce scénario. L'un des grands thèmes de notre série est de prendre soin les uns des autres."

    LA MORT DE JUSTIN, LE VIH, CLAY... TOUTE LA SAISON 4 !

    Catastrophique à tous points de vue, la saison finale de 13 Reasons Why n'a pas échappé aux critiques et est encore accusée de nombreuses maladresses, en plus d'être très éloignée de l'esprit original de la série. Le traitement de la maladie mentale de Clay, vraiment pas conforme à la réalité tant les scénaristes vont loin, est un sérieux motif d'insatisfaction. Mais c'est le dernier épisode, à nouveau, qui en a fait bondir plus d'un. C'est autour du personnage de Justin (Brandon Flynn) que la colère se cristalise. 

    Tuer l'un des chouchous des fans, qui avait déjà beaucoup souffert, était audacieux.  Ancien accro à l’héroïne, Justin avait effectué un passage dans un centre de désintoxication avant de faire une rechute. Alors qu’il tombe malade et pense avoir une grippe ou un mauvais rhume, le jeune homme fait un malaise en plein bal de promo. Le verdict des médecins tombe alors : Justin a contracté le VIH et est atteint du sida. Son état se dégrade très rapidement, malgré des soins intensifs, et le jeune homme finit par succomber à la maladie. 

    Décrit comme "gênant" et "potentiellement traumatisant", ce twist de fin aurait pu être "l’occasion de souligner que le VIH et le sida n’étaient plus signes d’une condamnation à mort au XXIème siècle", comme le souligne certains Twittos. " Ils envoient un mauvais message. Il va en centre de désintoxication, il trouve une nouvelle famille et il meurt d’une maladie après s’être remis sur pied ? Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer en quoi cette intrigue est saine pour des personnes qui traversent ce genre de situation ?". 

    De plus, la vitesse avec laquelle il succombe ne réflète pas la réalité de la maladie aujourd'hui. Le magazine Têtu explique : "La phase de latence, soit la période nécessaire entre l’infection par le VIH et un diagnostic de sida, peut durer entre 10 et 15 ans en moyenne. Ce laps de temps peut être prolongé par la prise d’un traitement antirétroviral, conçu pour ralentir l’évolution du virus chez les personnes séropositives, et leur permettre de vivre aussi longtemps que les autres." Ce qui se passe avec Justin relève donc du non-sens scientifique vu son âge. 

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