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    Reef Break, Why Women Kill, 911 : les séries qui ont fait et feront l’évènement sur M6 [INTERVIEW]

    La directrice des acquisitions du groupe M6 Bérengère Térouanne, revient avec nous sur le line-up à venir sur la saison 2020/2021 et sur les succès de la saison passée comme "Why Women Kill" et "9-1-1"...

    AlloCiné : La pandémie a évidemment des conséquences fortes sur la production des nouvelles séries américaines. A cette époque de l'année, vous avez habituellement pu voir les pilotes des nouveautés et commencer à faire vos premiers achats. Dans quel état d'esprit êtes-vous ? Va-t-il y avoir un impact visible de cette crise pour les téléspectateurs la saison prochaine ?

    Bérengère Térouanne, directrice des acquisitions du groupe M6 : II n'y aura pas d'impact fort dans l'immédiat. La crise Covid a eu un effet boomerang, qui nous a obligés à décaler un certain nombre de lancements de séries, notamment en raison des doublages qui n'ont pas pu s'achever dans les temps, mais avec pour conséquence d'avoir une saison 2020-2021 bien fournie en stock. La rentrée s'annonce solide aussi bien en nouveautés qu'en nouvelles saisons.

    C'est une période compliquée, très incertaine, qui nous oblige constamment à nous adapter. Mais depuis le mois de mai on visionne pléthore de nouvelles séries malgré tout, en sortant du schéma habituel, au fil de l'eau, et les studios eux-mêmes ne sont pas en mesure, à l'heure actuelle, de nous dire quand ils pourront nous proposer du neuf. On le voit bien, pour eux la crise n'est pas terminée. Les tournages pourraient reprendre cet été, mais c'est tout ce que l'on sait. Si l'on est optimiste, on peut espérer que le retard va se rattraper progressivement et que l'impact sera minime pour nous. La façon d'acheter et de s'organiser sera sûrement différente en revanche.

    Est-ce que les studios vous demandent malgré tout de commencer à vous positionner sur des projets en vous basant uniquement sur un script et non un pilote tourné comme c'est le cas habituellement ?

    La situation fait que quelques projets ont réussi à passer l'étape de la commande en série sans la production de pilote. Certains nous ont d'ores et déjà été proposés, je vous le confirme.

    TF1 a annoncé récemment proposer à la rentrée la série HBO "Big Little Lies" en prime-time. C'est un pari étonnant et risqué. Est-ce que vous avez vous aussi l'intention d'aller chercher du contenu dit "premium" pour M6 ?

    On constate avec beaucoup de satisfaction que le public répond de plus en plus souvent présent sur des offres de séries avec des narrations plus complexes, comme ce fut le cas notamment avec Why Women Kill chez nous, au printemps dernier, diffusée au rythme d'un épisode par semaine. C'est une bonne nouvelle, ça ouvre le champ des possibles et ça donne envie de tester d'autres choses. On regarde tout ce que propose le marché en matière de fictions déjà prêtes. Après, le cas de Why Women Kill est un peu particulier car c'est une série que l'on avait achetée il y a un an et en laquelle on croyait beaucoup. On a maintenu la programmation que l'on avait prévue malgré les circonstances. 

    Vous pensez qu'elle doit une partie de son succès au confinement ?

    Une partie, certainement. On a tous pu constater qu'il y avait logiquement plus de téléspectateurs devant leur télévision pendant le confinement. Mais elle aurait marché dans un contexte normal de toute façon. Le plus gros pari c'était de réussir à se maintenir dans de telles proportions avec un épisode par semaine. C'est un succès qui nous encourage à chercher des contenus du même type. 

    La programmation à un épisode par semaine est-elle une chose pour laquelle vous aviez milité et est-ce que c'est amené à se reproduire dans le futur et hors confinement ?

    En tout cas, je trouve que c'est audacieux, je suis ravie que casser les codes ait payé alors qu'on est plus habitué à des soirées de 2 ou 3 épisodes en France. Parfois il faut une crise pour rebalayer les cartes et oser des programmations différentes. J'espère que ça peut donner des idées, mais il faut voir si ça vaut le coup d'être tenté dans un contexte plus normal. 

    Vous avez profité de "Why Women Kill" pour diffuser juste après "Good Girls". Vous l'aviez achetée dans cette optique de former un duo ou le hasard a simplement bien fait les choses ?

    On a vraiment voulu trouver une série cohérente pour l'associer à Why Women Kill et Good Girls nous a semblé parfaite pour ça.

    Vous n'avez pas encore diffusé la saison 2 de Good Girls, c'est prévu ?

    On partait vraiment dans l'idée d'un test avec la première saison et le contexte étant celui que l'on connaît, on n'a rien décidé encore pour la suite.

    "This Is Us" a aussi connu les honneurs du prime-time sur M6 après des diffusions sur Canal+ et 6Ter. Est-ce que ça a toujours été prévu ou est-ce que la crise était l'opportunité de l'oser ?

    La crise a permis de repenser l'exploitation de cette série qui est une perle. On a saisi cette opportunité et à nouveau l'audace a payé. Les audiences sont peut-être un peu limitées sur certaines cibles, mais il y a un vrai public qui a répondu présent et on est très heureux de pouvoir la proposer depuis plusieurs semaines.

    Vous lancez ce vendredi la série policière "Reef Break" avec Poppy Montgomery, qui a été produite par les américains d'ABC Studios pour vous, une première ! Quelle est la genèse de ce projet ?

    On a rencontré Poppy Montgomery il y a 2 ans et demi, qui se trouve être l'actrice principale de Reef Break mais aussi la co-productrice sur une idée qu'elle a initiée. C'est elle qui a imaginé le personnage de Cat Chambers, qui est nouveau par rapport à ce qu'elle avait interprété jusque là tout en restant dans un univers avec des codes classiques. Disney et Poppy nous ont pitché l'idée et on a eu très envie de se lancer, à la fois pour le concept et pour la femme et l'actrice qu'elle est. Elle est généreuse, énergique, volontaire, et le public français est très attaché à elle grâce à FBI: Portés disparus et Unforgettable. Elle a conscience de l'aura qu'elle a ici. Ce cocktail nous a rassuré. On a travaillé avec elle et son co-scénariste sur l'écriture de la bible de la série et un script. A partir de cette base-là on s'est engagé sur la production d'une saison 1.

    Vous la lancez sur M6 alors qu'elle a déjà été annulée par la chaîne ABC. Est-ce qu'une saison 2 est envisageable malgré tout avec un autre partenaire éventuellement, en cas de succès ?

    Tout est possible. On y croit vraiment et il est trop tôt pour se prononcer mais tout peut se discuter selon l'accueil qu'elle rencontrera en France.

    Avez-vous d'autres projets de ce genre avec Disney ou un autre studio ? 

    C'était une première pour nous et on est tout à fait ouvert à cette idée, j'espère que ce ne sera pas la dernière. On se concentre avant tout sur l'acquisition de séries déjà financées, mais on voit bien qu'aujourd'hui, avec notamment les plateformes qui peuvent bloquer des droits mondiaux, on a plutôt intérêt à chercher d'autres moyens pour accéder à des contenus pertinents pour nous et on fait passer le message que l'on souhaitait renouveler ce genre d'initiative. 

    La clé du succès pour une série sur M6 c'est un attachement immédiat aux personnages

    Qu'est-ce que c'est aujourd'hui une bonne série américaine sur M6 ?

    Ce qu'on cherche avant tout c'est des personnages, quel que soit l'univers, qui vont nous permettre de renouveler notre offre. Je pense à The Rookie par exemple, qu'on a lancée l'été dernier avec succès. On sait que la clé du succès pour une série sur M6 c'est un attachement immédiat au personnage principal. On a aussi envie de contenus plus événementiels, des formats plus feuilletonnants, moins linéaires. On ne veut pas se limiter à une définition particulière. 

    Vous avez acheté "Quatre Mariages et un enterrement" la série adaptée du film culte. Qu'est-ce qui vous a séduit ?

    La marque d'abord, qui reste une référence pour les amateurs de comédie romantique. On savait qu'on avait une attente et un univers prometteur. Ensuite, on a été charmés par la réinterprétation moderne qu'ils en ont faite, avec des personnages plus divers, une même fraîcheur. On espère que Quatre mariages et un enterrement aura autant de succès que Why Women Kill. Et on la diffusera sur M6. 

    Vous avez fait récemment l'acquisition du spin-off de "9-1-1", après le beau succès de la série mère. Etait-ce une évidence pour vous ?

    C'était une volonté forte de l'avoir, mais pas une évidence. Il y a un ton, une familiarité avec 9-1-1 évidente, mais 9-1-1 Lone Star a sa propre identité. On est plus sur l'humain, la profondeur des personnages, un casting fantastique avec Rob Lowe et Liv Tyler, une atmosphère Texanne qui est bien exploitée. Ce sont vraiment deux soeurs qui se ressemblent mais qui ont chacune leur personnalité et qui sont complémentaires.

    Est-ce que vous avez le sentiment que la franchise "9-1-1" ringardise un peu les autres offres historiques comme "NCIS" ?

    Elle vient séduire un autre public, sans ringardiser les autres séries qui continuent à ravir leurs fidèles. Mais on espère d'autres spin-off de 911. Qui sait ? Il y a des tas de possibilités à explorer.

    Et pensez-vous qu'elle participe à faire revenir le public jeune vers la télévision ?

    C'est certain et ça nous importe beaucoup. Si on prend l'exemple de Why Women Kill, elle a marché très fort sur les téléspectateurs de moins de 35 ans. Et les séries américaines restent un vecteur fort pour faire venir ou revenir les plus jeunes devant leur télé, j'en suis persuadée.

    Qu'en est-il des séries européennes, qui envahissent les plateformes mais que l'on voit encore peu sur les grandes chaînes ?

    On en a envie, on scanne beaucoup le marché européen, la production locale est en croissance et la qualité ne cesse d'augmenter. Les plateformes ont certainement éduqué le public à une offre plus diverse. C'est quelque chose qui reste difficile à réaliser, mais qui fait partie de nos objectifs. 

    Vous en proposez cependant sur 6play, récemment la norvégienne "Magnus" ou l'espagnole "Perfect Life", toutes deux présentées au Festival Canneséries d'ailleurs...

    Perfect Life, on l'avait repérée à Canneséries, elle nous avait séduit par sa fraîcheur, elle avait reçu plusieurs prix, elle correspondait tout à fait à la ligne éditoriale de Teva qui a un historique avec Sex and the city. On avait plein de raison d'y aller. Magnus c'est un OVNI, proposée via Sérieclub, qui est une chaîne qui a gardé l'ambition de faire découvrir des séries différentes. Celle-ci est déjantée, avec une promesse tout à fait unique. 

    L'arrivée de la plateforme SALTO, à laquelle M6 participe avec TF1 et France Télévisions, va-t-elle changer les choses pour 6play ? Bénéficiera-t-elle toujours de propositions inédites ?

    Ce sont vraiment deux choses différentes. SALTO aura sa propre offre et 6play garde sa propre ligne éditoriale et sa propre politique d'acquisitions. Il y aura une forme de cohérence, avec des promesses différentes. Mais 6play va continuer. Et on discute avec SALTO de l'offre séries en VOD. 

    La série "Charmed" a un historique sur M6. Pourtant, vous n'avez pas acheté son reboot récent. Pour quelle raison ?

    On en avait envie quand on a appris l'existence de ce projet de reboot de Charmed et on a été les premiers à se positionner. Mais on a été déçu par la série pour tout dire. On a pris le temps de l'étudier, de mesurer son potentiel. Et on a finalement décidé de ne pas l'acheter.

    Y'a-t-il une série récente que vous enviez à la concurrence ?

    Good Doctor évidemment, j'aurais adoré l'avoir. C'est une très belle série. Je suis curieuse de voir ce que va donner Big Little Lies sur TF1, je trouve ça important de saluer leur audace.

    Vous avez pensé à acheter Big Little Lies pour M6 ?

    On y a réfléchi aussi.

    Côté cinéma, quels seront les événements en 2020-2021 sur M6 ?

    On a un accord avec Disney qui nous donne l'exclusivité sur leurs films inédits en clair. Parmi ceux-là, il y aura Coco, VaïanaZootopie et Le Retour de Mary Poppins. Et puis courant 2021, ce n'est pas un film Disney mais on proposera Bohemian Rhapsody, le biopic sur Freddy Mercury, qui a fait un raz-de-marée en salles et qui est un magnifique film transgénérationel qui a remis Queen dans les oreilles des plus jeunes donc on est très fiers de pouvoir le proposer.

    Une case cinéma s'ouvre le samedi sur M6, le CSA l'autorise désormais... 

    On est très contents d'avoir eu l'autorisation d'anticiper un peu ce décret qui devrait passer dans le courant de l'été. C'était un combat du groupe M6 depuis longtemps. On va diffuser Le Petit Nicolas le 12 juillet. On va voir ce que ça donne. Mais il y aura toujours des séries le samedi soir sur M6.

    La bande-annonce de Reef Break, tous les vendredis soirs sur M6 :

     

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