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    Hanna (Amazon) : 5 bonnes raisons de (re)voir le film qui a inspiré la série
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Et si vous vous (re)plongiez dans le film "Hanna" de Joe Wright, maintenant que vous avez regardé la saison 2 de la série qui en est tirée ? Voici cinq bonnes raisons de le faire.

    Sony Pictures Releasing France

    Vous avez peut-être déjà terminé la saison 2 d'Hanna, mise en ligne le 3 juillet dernier sur Amazon Prime Vidéo, et attendez avec un mélange d'impatience et d'espoir la troisième, avec laquelle le créateur et showrunner David Farr aimerait conclure l'histoire. Vous pouvez alors patienter sagement, vous refaire l'intégralité de la série ou tout simplement (re)voir le film dont elle s'inspire. Voici d'ailleurs cinq bonnes raisons de le faire.

    PARCE QUE LE FILM ET LA SÉRIE SONT COMPLÉMENTAIRES

    Si, comme beaucoup, vous avez commencé par le film, vous pouvez vous tourner vers la série sans aucune crainte. Mais l'inverse est également possible. Co-scénariste du long métrage de Joe Wright, David Farr est ensuite devenu le créateur et showrunner de son adaptation télévisuelle, mais n'est pas tombé dans la redite. Le point de départ reste évidemment le même (une ado élevée dans la nature par son ancien agent de père découvre le monde avec une mission à accomplir) et on retrouve, dans un cas comme dans l'autre, ce mélange entre thriller d'action à la Jason Bourne et récit initiatique. Avec son format plus court (moins de deux heures, générique inclus), la version ciné s'inscrit davantage dans l'urgence avec une course-poursuite qui nous emmène aux quatres coins du monde, là où sa relecture, qui change de nombreuses choses dans la relation entre certains personnages et s'oriente vers un autre dénouement, reste circonscrite à l'Europe. Ou comment jouer au jeu des sept différences tout en profitant d'une expérience plus complète.

    Hanna
    Hanna
    Sortie : 6 juillet 2011 | 1h 57min
    De Joe Wright
    Avec Saoirse Ronan, Eric Bana, Vicky Krieps
    Presse
    2,8
    Spectateurs
    3,2
    Voir sur Prime Video

    POUR SAIORSE RONAN

    En 2011, la jeune comédienne compte déjà une nomination à l'Oscar grâce à Reviens-moi, dont elle retrouve le réalisateur Joe Wright pour un rôle moins ambigu mais beaucoup plus physique, qui a necessité cinq à six heures d'entraînement quotidien pendant pas moins de six semaines, et l'apprentissage de techniques de combat rapproché telles que le wing chun. Mais c'est peu dire que l'actrice impressionne dans la peau de ce personnage à mi-chemin entre Jason Bourne (pour le côté brut et l'efficacité des combats) et Hit-Girl (pour le décalage entre son âge et ce qu'elle est capable d'accomplir), tueuse au visage angélique dont les cheveux blonds cachent un mélange de sensibilité adolescente et de froideur. Avide de défis, Saoirse Ronan est l'une des grandes forces du film et tient même la dragée haute à ses partenaires, ce qui n'était pas forcément gagné sur la papier tant ce genre de protagoniste peut vite manquer de crédibilité.

    POUR LA MISE EN SCÈNE DE JOE WRIGHT

    Comme Saoirse Ronan, le réalisateur anglais aime les défis, et le voir comme un simple metteur en scène de drames en costumes serait réducteur. Bien que classique (mais soignée), son adaptation d'Orgueil et préjugés n'a rien à voir avec celle de Reviens-moi, dans laquelle il signe un incroyable plan-séquence sur la plage de Dunkerque, et encore moins avec la théatralité assumée de sa relecture d'Anna Karénine. Et si sa version de Peter Pan a quelque peu divisé, il n'a pas hésité à lui donner un côté un peu plus rock'n'roll lors de passages chez les pirates de Barbe Noire, avant de conférer un aspect opératique aux débats parlementaires des Heures sombres, biopic sur Winston Churchill qui a valu un Oscar du Meilleur Acteur à Gary Oldman. Le cinéaste n'est jamais vraiment là où on l'attend, y compris lorsqu'un projet semble taillé pour lui.

    Ce qui, sur le papier, n'est pas du tout le cas d'Hanna, projet initié par le scénariste Seth Lochhead qui a vu son bébé placé à deux reprises sur la fameuse "Black List", qui recense les meilleurs scénarios qui non-produits, en 2006 puis 2009, et auquel Danny Boyle s'est momentanément intéressé. Entre l'ancrage dans le présent, et le mélange de thriller et d'action, le film ne paraissait pas calibré pour lui… et c'est justement là que réside une partie de sa réussite. Le plan-séquence de Reviens-moi l'a prouvé, et Anna Karénine ne fera qu'enfoncer le clou : Joe Wright maîtrise tout ce qui a trait à la chorégraphie et la gestion de logistiques complexes. Influencé par Pickpocket de Robert Bresson, pour sa manière de faire avancer l'histoire et les personnages à travers l'action, il a choisi de privilégier les plans longs lorsque les protagonistes en viennent aux mains, et c'est notamment le cas lors de l'affrontement entre Eric Bana et quelques hommes de main dans les couloirs du métro. Aussi bien pour ne pas copier le style des Jason Bourne que pour conserver une fluidité plus propice à l'ambiance envoûtante recherchée.

    POUR LE CÔTÉ CONTE DE FÉES

    Officiellement, Hanna se présente comme un film réaliste, qui mêle thriller et récit initatique, où la découverte du monde par l'héroïne et les obstacles qu'elle y affronte se présentent comme une métaphore de l'adolescence. Et c'est notamment dans sa manière d'aborder ce second aspect que le long métrage se démarque, car Joe Wright s'inspire des plus célèbres histoires de passage à l'âge adulte : les contes. L'héroïnes est ainsi "un personnage de conte de fées qui n’était jamais sorti de sa tour", selon son interprète Saoirse Ronan, tandis que la méchante jouée par Cate Blanchett a des allures de sorcières, jusque dans ses souliers rouges qui rappellent ceux du Magicien d'Oz, alors que sa chevelure rousse et sa tenue verte renvoient à l'apparence de ces antagonistes maléfiques dans le théâtre de marionnettes des parents du metteur en scène.

    Sony Pictures Releasing France

    Aussi bien influencé par le cinéma de David Lynch, pour l'ambiance surréaliste, que par les écrits des frères Grimm ou d'Andersen, "Hansel & Gretel" et "La Petite sirène" en tête, Joe Wright force par moment les références et symboles, mais réussit à déplacer ce scénario à la trame classique sur un terrain un peu plus onirique que prévu. Et la photo d'Alwin H. Küchler (Sunshine, Steve Jobs) concourt à lui donner un côté hors-du-temps, en même temps qu'elle accentue le décalage entre la brutalité des combats et l'ambiance recherchée, et le pouvoir de fascination de l'ensemble.

    POUR LA BANDE-ORIGINALE

    Avec Saoirse Ronan, c'est l'un des éléments qui fait l'unanimité, même auprès des détracteurs du film : sa musique, composée par les Chemical Brothers. Une grande première particulièrement réussie, avec à la clé l'une des meilleures bandes-originales de l'année 2011, aux côtés de celles de Drive ou Attack the Block. Avec son mélange de clochettes et de voix d'enfants, le thème principal nous plonge immédiatement dans une bulle aux accents féériques, alors que les nappes électroniques d'autres titres moins planants s'accordent avec le sentiment d'urgence et le rythme de l'action vue à l'écran. Sans oublier "Container Park", peut-être la piste la plus mémorable, qui encapsule l'esprit du long métrage avec sa ritournelle entrecoupée par des passages techno un poil plus bruts.

    Une musique dont on retrouve d'ailleurs quelques échos dans la saison 2 de la série Hanna, disponible depuis le 3 juillet sur Amazon Prime Vidéo. Assez pour nous donner envie de nous relancer la bande-originale. Ou nous replonger dans le film par lequel tout a commencé, pour patienter en attendant une éventuelle saison 3, en sachant que celui-ci est disponible en VOD.

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