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    Vin Diesel et Riddick : tout sur l'univers de Pitch Black
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Depuis 2000 et la sortie de "Pitch Black", la communauté de fans de l'anti-héros Riddick n'a jamais cessé de se développer, pour la plus grande joie de son interprète, Vin Diesel. Retour sur l'univers du personnage à l'occasion des 20 ans du film.

    Los Angeles, 28 août 2013. Vin Diesel arbore une mine ravie. Il vient présenter au public et surtout à ses fans, en avant-première, les nouvelles aventures de Riddick. Neuf ans que les fans attendaient ça. Pour tout dire, ils n'y croyaient (presque) plus, tant les embûches se sont multipliées ces dernières années pour tenter de mettre à flot ce 3e volet basé sur l'univers de l'anti-héros nyctalope Richard B. Riddick. Il faut le dire : si Riddick a pu finalement voir le jour, c'est en grande partie grâce à la ténacité de son acteur - producteur.

    Avec un mélange de narcissime assumé teinté de sincérité jusqu'au boutiste, Vin Diesel est sans doute un de ceux à Hollywood qui utilisent le mieux les réseaux sociaux. Fort d'une impressionnante communauté de fans (plus de 96 millions de "Like" sur sa page Facebook !), ils sont régulièrement sollicités par l'acteur, qui leur demande ce qu'ils pensent par exemple de tel ou tel projet, et discute très volontier avec eux. Un outil et un levier de communication puissant que Diesel manipule avec dextérité, surtout dans le cas de la mise sur pied de Riddick. Mais avant cela, il faut remonter le fil de la saga, sortie il y a tout juste 20 ans.

    "Pitch Black", la révélation

    Pitch Black est vraiment le film qui a révélé Vin Diesel. Avant, il fallait se contenter d'une première réalisation devant et derrière la caméra, Strays, et un second rôle dans Il faut sauver le soldat Ryan, où il était victime d'un Sniper allemand. Posant un univers original, en tout cas stylé, un anti-héros nyctalope charismatique et plutôt économe en mots, le film de SF signé David Twohy, qui sort en 2000, fait mouche.Réalisé avec un très modeste budget de 23 millions de dollars, Pitch Black en rapporte sur le seul territoire américain près de 40 millions, pour des recettes globales de plus de 53 millions. Universal, qui produisait le film, se frotte d'autant plus volontiers les mains de ce petit succès que la Major n'avait pas franchement vu le coup arriver.

    Le tandem Diesel / Twohy nourrit alors de grosses ambitions. En 2002, ce dernier déclare d'ailleurs au Hollywood Reporter : "Vin voulait qu'une suite à Pitch black soit développée. Lorsqu'il s'est désisté du tournage de 2 Fast 2 Furious, nous avons proposé l'idée de cette suite aux studios Universal Pictures. Les producteurs ont alors surenchéri en me demandant de réaliser non pas un mais trois nouveaux épisodes qui donneront davantage de profondeur au personnage de Riddick."

    "Les Chroniques de Riddick" : une gifle... ou pas ?

    Encouragé par les ventes DVD de Pitch Black par wagons entiers, Universal accepte de signer un chèque de 105 millions (sans compter le budget marketing) pour mettre en chantier une suite, Les Chroniques de Riddick. Pendant la promotion du film, Vin Diesel explique à qui veut l'entendre que cet opus constitue le point de départ d'une trilogie : "le film que vous venez de voir est bien le premier épisode, Pitch Black servant de préquelle pour nous permettre d'apprendre à connaître le personnage (...) Pitch Black étant à cette trilogie ce que Bilbo le Hobbit était pour Le Seigneur des Anneaux".

    Si le film est classé second lors de son premier week end d'exploitation en juillet 2004 aux Etats-Unis, le film ne ramasse "que" 24 millions. Un score pas déshonorant en soi, si ce n'est que dès la 2e semaine, les chiffres s'écroulent. Le film est déjà relégué à la 6e place du classement, en récoltant à peine plus de 9,4 millions. Une gifle. Une seconde arrive avec les résultats d'exploitation au box-office mondial : à peine 115 millions.

    Un des arguments avancés à postériori par David Twohy pour expliquer en partie l'échec du film est la classification visée / imposée par Universal : un PG -13, là où il visait une classification "R", soit interdit au mineur de moins de 17 ans non accompagné. "Quand on fait un film PG-13, il faut faire d'énormes concessions, et nous l'avons appris à nos dépens sur Les Chroniques de Riddick. Nous avons dû adoucir de nombreuses scènes d'action, éviter de faire couler le sang... Nous avions les mains liées, et nous nous sommes juré de ne plus jamais travailler comme cela", se souvient le metteur en scène.

    On en arrive à une situation paradoxale. Alors que Les Chroniques de Riddick sont un échec en salle, jamais l'univers du personnage n'a été aussi présent qu'en 2004-2005, élargissant très nettement la base des fans. En novembre 2004, la version Director's Cut du film se vend à plus d'1,5 millions d'exemplaires aux Etats-Unis, sans compter les locations qui dépassent confortablement le million.

    La même année sort l'animé Chroniques de Riddick : Dark fury (voir en fin de dossier), qui fait le pont entre Pitch Black et Les Chroniques de Riddick. Sans oublier un jeu vidéo, le remarquable Escape From Butcher Bay (voir en fin de dossier), qui propose un univers hyper accrocheur et met largement en valeur le personnage, tout en étant une vraie vitrine technologique du moment. Une prouesse d'autant plus appréciée et surprenante que les déclinaisons de licences cinématographiques en jeux vidéo sont souvent synonymes de catastrophes.

    Un accouchement dans la douleur

    Si le tandem Twohy / Diesel ne perd pas espoir de réaliser malgré tout une suite aux Chroniques de Riddick, ils sont obligé de sérieusement réduire la voilure de leurs ambitions. "Au départ, nous voulions explorer l'Underverse, un univers parallèle auquel on accède à travers un portail. Un endroit où la guerre est la norme, les batailles constantes. Ensuite nous voulions centrer le 3e chapitre sur Furia. Les fans ont réclamé que le film ne soit pas tout public. Or, la restriction d'âge fait diminuer le budget du film. Du coup, cette volonté des fans d'avoir un film au public restreint a rendu le financement compliqué" explique Vin Diesel.

    En fait, dès 2007, l'acteur a bien compris qu'il ne pourrait compter que sur lui-même ou presque. En tout cas chercher les financements ailleurs qu'à Hollywood : "si un film doit se faire, le budget ne viendra sans doute pas d'Universal. Ce sera une production indépendante, ce qui veut dire qu'on aura beaucoup moins d'argent que sur le précédent" écrit-il sur son blog. Et d'ajouter : "Pas grave, après tout. On a fait Pitch Black pour 23 millions. Peut-être qu'il est temps de revenir à nos racines, tout en se rapprochant encore un peu plus de l'Underverse".

    En 2009, Diesel part en Europe faire la tournée auprès des investisseurs étrangers, histoire de tenter de boucler le financement du film. "Quand je suis revenu, Universal se demandait toujours si ils pouvaient financer un film avec une restriction d'âge [comprendre : un film classé "R"]. Au final, j'ai carrément dû hypothéquer ma maison pour réunir les fonds manquants. J'avais les droits du film, mais plus pour très longtemps. Si j'avais attendu un mois de plus pour tourner, j'aurais perdu les droits".

    Début février 2012, après neuf mois de préproduction, Riddick commence enfin son tournage pour 47 jours, à Montréal. Un tournage au timing serré, pour un film qui ne correspond pas tout à fait aux ambitions de départ, puisqu'il est davantage conçu dans la veine d'un Pitch Black. Mais qu'importe au fond; le film existe, c'est le plus important. Sans compter que les fans ont eu droit à une version Director's Cut, sur laquelle Vin Diesel est revenu lors de notre interview à l'époque :

    "Jai tenu parole" écrivait Vin Diesel sur son site, en évoquant la mise sur pied de Riddick. Effectivement. Et c'est tout à son honneur : de la SF pour adulte estampillée "label indépendant", dans un paysage hollywoodien de plus en plus ravagé par les productions formatées. Du coup, on le prend littéralement au mot pour son projet qu'il rumine depuis des années : Barca B.C., qui doit revenir sur la vie d'Hannibal Barca, le célèbre général Carthaginois qui s'opposa à la puissance de Rome. A suivre...

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