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    Antoinette dans les Cévennes, avec Laure Calamy : "J’avais envie d’un film qui nous emmène ailleurs"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Diffusé en inédit ce soir sur Canal +, "Antoinette dans les Cévennes" a été un succès critique et public au cinéma en 2020, consacrant la lumineuse Laure Calamy, césarisée pour le rôle. Sa réalisatrice Caroline Vignal nous raconte ce beau périple.

    Julien Panié / CHAPKA FILMS / LA FILMERIE / FRANCE 3 CINEMA

    L'histoire d'Antoinette dans les Cévennes : Des mois qu’Antoinette attend l’été et la promesse d’une semaine en amoureux avec son amant, Vladimir. Alors quand celui-ci annule leurs vacances pour partir marcher dans les Cévennes avec sa femme et sa fille, Antoinette ne réfléchit pas longtemps : elle part sur ses traces ! Mais à son arrivée, point de Vladimir - seulement Patrick, un âne récalcitrant qui va l'accompagner dans son singulier périple… 

    AlloCiné : Votre film Antoinette dans les Cévennes fait beaucoup de bien suite à cette période où nous avons tous été confinés de longues semaines. On s'évade et on se laisse embarquer avec plaisir dans les aventures de votre héroïne. Etait-ce justement cette envie de dépaysement qui a été l'un des moteurs du film ?

    Caroline Vignal, scénariste et réalisatrice : Je me suis baladée dans cette région sans arrières pensées cinématographiques, il y a un petit moment. J’ai ressenti de la liberté. En marchant, on se sent hyper libre, et les paysages là-bas sont tellement vastes. J’ai vraiment ressenti quelque chose de très fort en tant que citadine, en tant que parisienne, que j’ai eu envie de transmettre sous forme d’un film.

    C’est vrai que n’ayant pas réalisé pendant longtemps, quand je me suis dit « j’ai envie de réaliser à nouveau , c’est le moment », je n’avais pas du tout eu envie de faire un film qui ne soit pas hyper justifié que ça soit du cinéma. Après on peut faire des films magnifiques dans des appartements mais en l’occurrence, j’avais envie d’un film qui nous emmène ailleurs, où l’on ait un souffle qui est parfois difficile à trouver. J’avais envie de nous dépayser.

    Avant de parler de Laure Calamy, lumineuse dans le rôle principal, un mot sur les seconds rôles, ces personnes que votre héroine croise, et tous apportent quelque chose au récit. Il y a Marc Fraize, Jean-Pierre Martins, ou encore Marie Rivière, héroine du Rayon vert d’Eric Rohmer….

    Pour Marie Rivière, c’est plus qu’un clin d’œil. J’étais tellement heureuse qu’elle soit dans le film. Le Rayon vert est un film qui a une place particulière pour moi. C’est vraiment celui qui m’a donné envie de faire du cinéma. Son rôle est un peu comme une bonne fée au départ pour Antoinette, et qui lui passe en quelque sorte le relais avec le personnage qu’elle jouait dans Le Rayon vert. Delphine y est une femme qui partait seule en vacances un peu contre son gré et qui finissait par trouver l’amour. J’avais très envie qu’elle soit là.

    Comme ce sont des rôles qu’on ne voit pas très longtemps, elle les croise, puis on les perd, comme celui de Jean-Pierre Martins, il fallait que ce soit des gens qui amènent quelque chose d’emblée. Par exemple, il y a une actrice qui est là vraiment très peu de temps, qui est le personnage qui accueille Laure dans le gite des motards, Juliette Plumecocq-Mech. Je trouve qu’elle a une présence, un physique, une façon de regarder… On a tout de suite un personnage. J’avais besoin de ça pour tous ces personnages, qu’ils incarnent une humanité.

    C’est quelque chose qui était important car c’est quelque chose que je remarque beaucoup quand on a va marcher dans des endroits comme ça, où l’on croise plein de gens. On ne les voit pas longtemps et on en retient quand même quelque chose. J’avais envie de faire ressentir ça au spectateur.

    Parlons également de Laure Calamy, que l'on a découvert au cinéma dans Un monde sans femme de Guillaume Brac, et révélée au grand public grâce notamment à la série Dix pour cent. Qu'est-ce qui vous intéressait spécialement chez elle pour incarner votre héroine ? 

    Je ne la connaissais pas personnellement avant de lui proposer le rôle. Elle est hyper vivante. C’est une personne d’une intensité totale, dans un sens comme dans l’autre. C’est à dire qu’elle peut être très très drôle, très expansive, et parfois avoir des espèces de vertige, on ne sait pas d’où ça vient. Je pense qu’on a un peu ça en commun, mais elle, c’est puissance 10. On ne peut pas dire qu’on se ressemble, mais on se comprend très fort.

    Julien Panié / CHAPKA FILMS / LA FILMERIE / FRANCE 3 CINEMA

    Il y a un fil conducteur dans le film qui est le livre de Robert Louis Stevenson, Voyage avec un âne dans les Cévennes. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce choix ?

    C’est un peu un livre culte pour les gens qui aiment marcher. Quand j’ai commencé à réfléchir à cette idée de départ que j’avais, -à savoir des gens qui marchent de gite en gite-, je l’ai lu. Le livre m’a énormément inspirée, surtout sur la relation avec l'âne. Même si j’avais déjà marché avec un âne, je ne peux pas dire que ça m’avait autant bouleversée que ça ne bouleverse Antoinette. Dans le livre de Stevenson, la manière dont ils racontent leur relation m’a servi de canevas, parce qu’il la raconte exactement sur le schéma des comédies romantiques classiques. Mais j’ai par exemple inversé les sexes par rapport au livre.

    Vous ne vous êtes pas simplifié la tâche en tournant un film avec un âne ! On dit souvent que de tourner avec des animaux ou des enfants est ce qu’il y a de plus compliqué. Etait-ce le cas ?

    J’ai eu de la chance car on m’a parlé d’une femme qui est dresseuse et qui avait elle-même un âne. En fait, on ne m’a pas parlé d’elle, mais de son âne car il était connu dans le milieu pour être hyper bien dressé, faire des choses extraordinaires, sourire, etc. J’ai contacté cette personne et c’est elle qui a travaillé avec nous sur le tournage alors qu’elle n’avait jamais fait de cinéma. Elle avait fait du spectacle vivant.

    Elle a été géniale car j’aurai été incapable de diriger un âne. Je lui disais ce dont j’avais besoin précisément et elle trouvait les moyens d’obtenir ce que je voulais. On a eu énormément de chance avec cette dresseuse. Je n’ai renoncé à rien de ce que j’imaginais. Parfois, c’était un peu long, un peu laborieux. Mais il était très important aussi que l’actrice soit suffisamment à l’aise. C’était presque à elle de diriger cet âne pendant les prises. Je ne pouvais rien faire, j’étais derrière la caméra, et ça dépendait d’elle. Et heureusement, Laure a été vraiment à l’aise. Parfois, des acteurs qui venaient sur des durées plus courtes étaient plus en difficulté. Donc on prenait le temps, et on y est arrivé !

    La bande-annonce d'Antoinette dans les Cévennes :

    Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2020

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