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    Ratched sur Netflix : pourquoi Michael Douglas est-il crédité au générique ?
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Parmi les nombreux producteurs de "Ratched", disponible sur Netflix depuis le 18 septembre, le nom de Michael Douglas vous a peut-être interpellés. Pourquoi l'acteur oscarisé pour "Wall Street" est-il crédité alors qu'il ne joue pas dans la série ?

    Netflix

    Dix-neuf. C'est le nombre de producteurs que l'on retrouve au générique de Ratched, nouvelle série Netflix qui se présente que le prequel de Vol au-dessus d'un nid de coucou, en revenant sur le passé de sa célèbre infirmière. Parmi eux : le créateur Evan Romansky, le showrunner Ryan Murphy, l'actrice principale Sarah Paulson (qui succède à Louise Fletcher dans le rôle) ou encore un certain Michael Douglas. Qui n'est pas un homonyme, car il s'agit bien du comédien oscarisé pour sa prestation dans Wall Street et attendu prochainement dans Ant-Man 3, alors qu'il n'apparaît dans aucun des épisodes du show mis en ligne le vendredi 18 septembre sur la plateforme.

    Ratched
    Ratched
    Sortie : 2020-09-18 | 50 min
    Série : Ratched
    Avec Sarah Paulson, Finn Wittrock, Cynthia Nixon
    Presse
    3,1
    Spectateurs
    3,9
    Voir sur Netflix

    Pour comprendre les raisons de son implication, il convient de remonter, non pas à la sortie de Vol au-dessus d'un nid de coucou en 1975, mais en 1961. Cette année-là, Kirk Douglas, le père de Michael, découvre les épreuves d'un livre signé Ken Kesey, inspiré de sa propre expérience, dont il tombe instantanément amoureux, au point d'en acquérir les droits dès que l'occasion se présente, afin de monter une adaptation. Laquelle voit le jour deux ans plus tard… sur les planches de Broadway. Pendant quatre-vingt-deux représentations, entre le 13 novembre 1963 et le 25 janvier 1964, l'acteur incarne Randal Patrick McMurphy, criminel qui a plaidé la folie pour purger sa peine dans un hôpital psychiatrique où il se révolte contre les traitements infligés par l'infirmière en chef, Mildred Ratched. La star de Spartacus y donne la réplique à William Daniels et Gene Wilder, et compte bien reprendre le rôle dans une transposition sur grand écran.

    Celle-ci mettra plus longtemps que prévu à voir le jour alors que Kirk Douglas pense avoir trouvé le réalisateur idéal en la personne du Tchèque Milos Forman, qu'il rencontre en 1966 à Prague dans le cadre d'une tournée de bienfaisance au cours de laquelle il découvre ses films. Il promet même de lui envoyer le roman alors appelé "La Machine à brouillard" une fois revenu aux États-Unis, mais le principal intéressé ne le reçoit jamais car le livre est intercepté à la frontière, et l'acteur interprète son absence de réponse comme un refus. Deux ans plus tard, le metteur en scène s'exile outre-Atlantique, et le projet refait surface au début des années 70 avec un changement important : désormais cinquantenaire, l'acteur est jugé trop vieux pour le rôle de McMurphy qu'il convoitait toujours par la société de production, et passe la main à son fils Michael, désireux de faire ses vrais premiers pas de producteur, après une première expérience non-créditée au générique, sur L'Ombre d'un géant, long métrage porté par son père.

    Associé au producteur Saul Zaentz, il lance pour de bon ce qui se présente comme une adaptation de la pièce de Dale Wasserman et du roman de Ken Kesey dont celle-ci s'inspire. Un livre que Milos Forman finit, enfin, par recevoir, son nom ayant été suggéré à Michael Douglas par le co-scénariste Lawrence Hauben. Et le réalisateur ne met pas longtemps à accepter, voyant dans cette histoire et le personnage de Ratched un écho des difficultés qu'il a rencontrées avec le parti communiste dans son pays natal. Porté par Jack Nicholson, premier choix du metteur en scène qui a dû repousser les prises de vues de six mois le temps que l'acteur soit libre, Vol au-dessus d'un nid de coucou se tourne entre janvier et mars 1975, dans un vrai hôpital psychiatrique de l'Oregon trouvé par son jeune producteur (où certains patients jouent les figurants), puis sort le 19 novembre dans les salles américaines, où il rapporte 108 981 000 dollars.

    Une somme dont Ken Kesey récupère 2,5% (contre les 5 initialement réclamés) après avoir attaqué le film et ses producteurs en justice, estimant que ces derniers avaient trahi leur promesse verbale de ne pas faire de gros changements par rapport à son roman. Malgré ce point noir, le triomphe du long métrage est total. Il attire 4 774 879 spectateurs dans les cinémas français et fait une razzia aux Oscars en 1976 avec un total de cinq trophées. Et pas des moindres : Meilleur Film, Meilleur Réalisateur, Meilleur Acteur, Meilleur Actrice et Meilleur Scénario. Soient les plus importantes des récompenses. Un Grand Chelem, ou Big Five, que seul New York - Miami avait réalisé jusqu'ici, en 1935, et que Le Silence des Agneaux accomplira également en 1992. Ayant joué un aide-soignant dans la pièce, Michael Douglas avait convoité le rôle de Billy Bibbit sur grand écran, mais ce dernier a finalement été attribué à Brad Dourif.

    Ce qui ne l'empêche pas de participer à la fête en reçevant, avec Saul Zaentz, l'Oscar du Meilleur Film (remis aux producteurs). Aujourd'hui encore, il est le seul à avoir cumulé ce trophée et celui du Meilleur Acteur à Hollywood (Brad Pitt et George Clooney ont presque réussi à l'égaler, mais n'ont été sacrés "que" pour un rôle secondaire, grâce à Once Upon a Time… in Hollywood et Syriana respectivement, alors qu'ils ont reçu la récompense suprême pour leur implication dans 12 Years a Slave et Argo). Et c'est en tant que producteur délégué qu'il est crédité au générique de Ratched, puisque la série se présente comme le prequel du film qu'il a lui-même produit. Sans son partenaire de l'époque, Saul Zaentz, décédé en 2014, mais avec le neveu de ce dernier, Paul, qui est l'un des (dix-neuf) producteurs du show, d'ores et déjà renouvelé pour une saison 2.

    Le générique de "Ratched" :

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