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    Journée mondiale contre la peine de mort : 5 films pour explorer un sujet qui fait toujours débat
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Depuis 2003, le 10 octobre est la date retenue pour la journée mondiale contre la peine de mort, soutenue notamment par le Conseil de l'Europe et l'Union européenne. L'occasion de revenir sur le sujet au travers de cinq oeuvres.

    Warner Bros.

    Instituée par la Coalition mondiale contre la peine de mort et officiellement soutenue par le Conseil de l'Europe et l'Union européenne, la journée mondiale contre la peine de mort est organisée chaque 10 octobre, depuis 2003, pour lutter contre la peine de mort.

    Cette journée est justement l'occasion de vous conseiller quelques oeuvres autour du sujet.

    Deux hommes dans la ville (1973)

    Après avoir purgé une peine de dix ans, Gino tente de reprendre une vie normale. Avec l’aide de Germain, un ancien inspecteur de police, il entre dans le droit chemin et travaille honnêtement. Mais l’inspecteur Goitreau, l’homme qui l’avait mis sous les verrous dix ans auparavant, reste persuadé que cette nouvelle vie n’est qu’une imposture. Déterminé à révéler la véritable identité, il le harcèle sans relâche et tente de le pousser à bout …

    Septième long métrage de José Giovanni et produit par Alain DelonDeux hommes dans la ville offre un magnifique et puissant face-à-face entre une légende du cinéma, Jean Gabin, et Alain Delon, dans le rôle du truand Gino Strabliggi, toujours prêt à replonger malgré lui dans ses vieux démons, poussé en ce sens par un Michel Bouquet génialement toxique, qui se glisse dans la peau du flic persécuteur ...

    Ce film était particulièrement cher au coeur du cinéaste, et pour cause : il fut lui-même un ancien condamné à mort. Malfrat arrêté en 1945 pour une histoire de racket qui a mal tourné, il fut en effet condamné à la peine capitale en 1948, avant de voir sa peine commuée en vingt ans de travaux forcés grâce à l'intervention de son père et d'être libéré en 1956. Baigné par une splendide partition signée Philippe Sarde et une superbe photo du chef opérateur Jean-Jacques Tarbès, Deux hommes dans la ville est un film extraordinaire. Plus que sur la peine de mort elle-même, le film est avant tout un réquisitoire implacable sur la machine judiciaire broyant les individus, dont la puissance du propos n'a rien perdu de sa force, bien au contraire.

    Deux hommes dans la ville
    Deux hommes dans la ville
    Sortie : 25 octobre 1973 | 1h 40min
    De José Giovanni
    Avec Jean Gabin, Alain Delon, Mimsy Farmer
    Spectateurs
    3,8
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    Le Dossier Adams (1988)

    Présenté comme étant "le premier mystérieux film qui a vraiment élucidé un crime", ce documentaire fait capoter la condamnation à mort de Randall Dale Adams convaincu du crime de l'officier de police de Dallas, Robert Wood.

    Diplômé en Histoire des universités de Princeton, de Berkeley et du Wisconsin (une formation déterminante quant aux méthodes de recherches et d'investigations qu'il va employer tout au long de sa carrière), Errol Morris achève en 1988, après deux documentaires, son 3e film, Le Dossier Adams.

    En 1985, Morris s’intéresse au fameux Dr. James Grigson, surnommé "Dr Death". Ce dernier fut psychiatre légiste du Texas et témoigna dans 167 procès capitaux dont presque tous ont abouti à des condamnations à mort. Au Texas, la peine de mort ne peut être prononcée que si l'expertise psychiatrique assure que l’accusé est susceptible de commettre des crimes plus violents à l'avenir, s’il n'est pas mis à mort. Grigson ne doute pas que c'est le cas de Randall Dale Adams, 36 ans, accusé d'avoir tué un policier. Le cinéaste, convaincu de l'innocence d'Adams et par ailleurs enquêteur pour une agence de détectives privés, commence le tournage de son film...

    Mélange d'interviews (dont une avec le vrai coupable, qui blanchit l'accusé et avoue pratiquement son crime) et de reconstitutions, baigné d'une superbe BO hypnotique signée Philip Glass, Le Dossier Adams est une oeuvre à la portée historique : c'est la première fois dans toute l'Histoire de l'industrie cinématographique américaine qu'un documentaire réussit à faire disculper un condamné à mort. C'est dire l'importance de l'oeuvre. Ironiquement d'ailleurs, l'Académie des Oscars refusa que le film concourt dans la catégorie du Meilleur documentaire en 1989, au motif que les scènes de reconstitutions, donc scriptées, faisaient du film une oeuvre fictionnelle.

    Le Dossier Adams
    Le Dossier Adams
    1h 43min
    De Errol Morris
    Spectateurs
    3,9

    Un coupable idéal (2001)

    Brenton Butler, un adolescent noir âgé d'une quinzaine d'années, est accusé du meurtre d'une touriste blanche en mai 2000 à Jacksonville, en Floride. Ses avocats Patrick McGuiness et Ann Finnell vont se battre contre les méthodes quelque peu discutables de la police locale...

    On reste dans la veine de l'exemple précédent avec Un coupable idéal. De témoin oublié en indice mis de côté, le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade parvient à prouver devant la justice l'innocence de l'adolescent. Quelques mois après le procès, il retrouvera même l'assassin, qui ne ressemble en rien à Brenton. Dans un montage efficace, alternant les images du procès et l'enquête menée sans relâche par l'avocat commis d'office Patrick McGuinness, Un coupable idéal montre de façon implacable comment les policiers se sont contentés de rafler les suspects habituels au mépris le plus absolu de toute éthique; et plus largement une Amérique malade d'un système judiciaire inique et à bout de souffle. Le réalisateur français était parti aux États-Unis pour s'intéresser à la Justice. C'est finalement l'injustice qui lui fournit la matière de son extraordinaire film, couronné à juste titre par l'Oscar du Meilleur documentaire en 2002. Une oeuvre qui assène un sacré uppercut, dont on ne ressort pas indemne.

    Un Coupable idéal
    Un Coupable idéal
    Sortie : 26 février 2003 | 1h 51min
    De Jean-Xavier de Lestrade
    Presse
    4,2
    Spectateurs
    3,9

    Sacco et Vanzetti (1971)

    New York, 1920. Deux Italiens, Nicolas Sacco, cordonnier, et Bartolomeo Vanzetti, marchand de poissons anarchiste, sont arrêtés et accusés du meurtre de deux hommes commis au cours d’un hold-up. Fred Moore, leur avocat, démontre leur innocence mais le procureur et le juge développent une argumentation imprégnée de xénophobie et de paranoïa antibolchevique. Le jury condamne à mort les deux Italiens...

    Tout juste un an après avoir signé un chef-d'oeuvre, malheureusement assez peu connu en France (A l'aube du cinquième jour et son inoubliable partition signée Ennio Morricone), le cinéaste vétéran Giuliano Montaldo signe sans doute son oeuvre la plus célèbre : Sacco et Vanzetti. Portée par un magnifique duo de comédiens, Gian Maria Volonte sous les traits de Bartolomeo Vanzetti et Riccardo Cucciolla jouant Nicola Sacco, cette oeuvre à la portée éminemment politique dresse le portrait authentique et terrible d'une Amérique ravagée par la vague de xénophobie qui secoue le pays dans les années 1920; et a notamment débouché sur cette célébrissime affaire judiciaire. Sept ans de procédure pour arriver à un dénouement aussi inique que tragique. Les deux hommes seront officiellement absous et réhabilités par le gouverneur du Massachusetts Michael Dukakis le 23 août 1977.

    Cette affaire eut un retentissement mondial, et a durablement marqué la mémoire collective. Si la BO du film est à nouveau signé Ennio Morricone, la célébrissime chanson du film Here's to you de Joan Baez fait référence aux paroles de Vanzetti au juge Thayer : "Si cette chose n'était pas arrivée, j'aurais passé toute ma vie à parler au coin des rues à des hommes méprisants. J'aurais pu mourir inconnu, ignoré : un raté. Ceci est notre carrière et notre triomphe. Jamais, dans toute notre vie, nous n'aurions pu espérer faire pour la tolérance, pour la justice, pour la compréhension mutuelle des hommes, ce que nous faisons aujourd’hui par hasard. Nos paroles, nos vies, nos souffrances ne sont rien. Mais qu’on nous prenne nos vies, vies d'un bon cordonnier et d'un pauvre vendeur de poissons, c'est cela qui est tout ! Ce dernier moment est le nôtre. Cette agonie est notre triomphe."

    Sacco et Vanzetti
    Sacco et Vanzetti
    Sortie : 31 mai 1971 | 2h 00min
    De Giuliano Montaldo
    Avec Gian Maria Volontè, Riccardo Cucciolla, Cyril Cusack
    Spectateurs
    3,9
    louer ou acheter

    La Voie de la justice (2020)

    Le combat historique du jeune avocat Bryan Stevenson.  Après ses études à l’université de Harvard, Bryan Stevenson aurait pu se lancer dans une carrière des plus lucratives. Il décide pourtant de se rendre en Alabama pour défendre ceux qui ont été condamnés à tort, avec le soutien d’une militante locale, Eva Ansley. Un de ses premiers cas - le plus incendiaire - est celui de Walter McMillian qui, en 1987, est condamné à mort pour le meurtre retentissant d’une jeune fille de 18 ans. Et ce en dépit d’un grand nombre de preuves attestant de son innocence et d’un unique témoignage à son encontre provenant d’un criminel aux motivations douteuses...

    Sorti fin janvier 2020 dans une indifférence polie à peu près générale, La Voie de la Justice a malheureusement été un échec financier assez saignant pour Warner, n'ayant rapporté qu'un peu plus de 50 millions de $ dans l'escarcelle de la Major. Sans mauvais jeu de mots, c'est assez injuste; l'oeuvre signée par Destin Daniel Cretton mérite une vraie réévaluation.

    Solidement porté par le tandem Michael B. Jordan et Jamie Foxx, le film raconte l’histoire vraie du combat de l’avocat afro-américain Bryan Stevenson, fondateur de l’Equal Justice Initiative pour défendre les détenus les plus démunis, condamnés illégalement ou à tort à la peine de mort. Un homme brillant, pour ne pas dire admirable, qui a contribué à sortir pas moins de 140 détenus du couloir de la mort. Quatre d'entre eux font d'ailleurs une apparition dans le film.

    Le personnage incarné par Jamie Foxx, malgré des preuves accablantes de son innocence, passera six ans dans une cellule de 3m², dans des conditions inhumaines. Si le film n'est certes pas un chef-d'oeuvre et qu'Hollywood s'est déjà à maintes reprises emparé d'un tel sujet, il reste un plaidoyer puissant contre la peine de mort, à l'écho toujours aussi actuel malheureusement. Selon le Death Penalty Info center, cinq hommes innocents à peine ont pu retrouver en 2019 leur liberté après des dizaines d'années en prison... C'est dire l'ampleur terrifiante du taux d'erreurs judiciaires au pays de l'oncle Sam...

    La Voie de la justice
    La Voie de la justice
    Sortie : 29 janvier 2020 | 2h 17min
    De Destin Daniel Cretton
    Avec Michael B. Jordan, Jamie Foxx, Brie Larson
    Presse
    3,0
    Spectateurs
    4,1
    Voir sur Netflix

     

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