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    Maternal : rencontre avec la réalisatrice
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    Avec "Maternal", Maura Delpero signe un film troublant sur la maternité. Rencontre avec une cinéaste italienne au parcours atypique.

    Memento Films Distribution

    AlloCiné : Quel est votre parcours ?

    Maura Delpero : C’est un parcours pas trop classique. Mes études formelles ont été en lettres à l’Université de Bologne et Sorbonne Paris IV. J’ai fait des études en cinéma à Buenos Aires et parallèlement j’ai appris sur le champ avec mes documentaires et en travaillant sur des tournages. J’ai toujours eu un besoin d’expression artistique qui est passé à travers plusieurs disciplines comme la danse, le théâtre, la littérature. Je pense que le cinéma est arrivé dans mon parcours comme un art combinatoire qui me permet de fondre différentes tensions artistiques et à la fois j’ai découvert a posteriori que j’ai toujours imaginé par scènes.

    Comment est né Maternal ?

    Ça a été un long parcours de découverte qui m’a conduit à faire un film sur la maternité. Ce désir intime est devenu au fur et à mesure plus universel quand j’ai pris conscience qu'on n’approfondit pas assez la complexité de la maternité, de qu’on a tendance à la cacher, ce qui laisse plusieurs femmes seules avec des contradictions qu’elles ne sentent pas le droit d’exprimer. La maternité adolescente et celle absente des sœurs m’intéressaient chacune en soi, m’intéressaient par ailleurs dans sa paradoxale cohabitation dans le même foyer, mais aussi parce qu’elles me permettaient de faire surgir d’une forme plus éclatante les luttes intérieures et solitaires éprouvées par beaucoup de femmes dans notre société. Je voulais mettre au centre d’un film cet énorme évènement qui est la maternité sans cacher sa difficulté, ses imperfections, ses infinies déclinations, son humanité malgré tout.

    Avez-vous hésité entre documentaire et fiction pour Maternal ?

    Oui, au début. J’ai commencé mes recherches (une phase à laquelle je donne beaucoup d’importance quelque ce soit son but : documentaire ou fiction), en me disant que le matériel même m’aurait dicté la forme. En fait, ça a été tout en travaillant dans des foyers (je donnais des laboratoires de cinéma aux jeunes mères) que j’ai ressenti que ma caméra ne devait pas être documentaire. J’ai eu une sensation étique et esthétique de que dans une situation autant brulante comme celle de la maternité adolescente il fallait faire un petit pas en arrière et que en ce sens la fiction m’aurait permis de contrôler mieux ce petit pas, cette économie de l’image que je voulais m'imposer et à la fois m’aurait permis doser cette distance sans perdre l’émotion. Respecter sans refroidir. C’est un travail difficile, millimétrique sur lequel j’ai réfléchi tout le temps, du scenario jusqu’à l’édition, je sentais que les codes fictionnels me permettraient décider plus précisément la forme plus rigoureuse du point de vue humain et esthétique.

    Au centre du film, il y a le personnage de la religieuse. Comment la décririez-vous ?

    Une jeune femme qui, malgré son apparence angélique, a une personnalité intense. Quand elle arrive au foyer elle a déjà compris que les relations sentimentales érotiques humaines ne lui suffisent pas : son cœur veut éprouver un amour inconditionnel et le trouve dans le Christ, époux promis, qu’elle va marier avec ses vœux perpétuels. Elle arrive en lune de miel, sans doutes, pleine de foi, prête a donner un amour chrétien aux filles et aux enfants. C’est dans le foyer qu’elle découvre qu’il y a un amour inconditionnel aussi sur la terre, l’amour pour un fils. Dans sa lutte intérieure entre désir et responsabilité, Paola fait son chemin de trahison, de l’amour spirituel à l’amour profane, on se lançant avec corps et âme dans une aventure qui aura un prix.

    Quelles sont vos sources d'inspiration ?

    Comme mon chemin a été polyédrique, du même mes inspirations sont dans différents formes d’art. Bien sûr du cinéma que j’aime, parfois du théâtre et de la littérature, mais surtout de la photographie et de la peinture. Ça c’est ce qui m’inspire pendant le processus. Pourtant ce qui inspire le film, le point de départ, est toujours la réalité. Je trouve beaucoup d’images émouvantes et inspiratrices dans les rues, sur les autobus…en observant les gens, en les écoutant parler, raconter ses histoires, ce qu’ils montrent et ce qu’ils ne montrent pas, ce qui est évident dans ses sentiments et ce qui est caché…c’est toujours ça qui m’inspire.

    La bande-annonce de Maternal :

     

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