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    Quelqu'un doit mourir : que vaut la nouvelle série Netflix avec Ester Exposito (Elite) ?
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Passionné de séries en tous genres, mais aussi d'horreur et de teen movies, Jérémie Dunand a été biberonné aux séries ados et aux slashers des années 90, de Buffy à Scream, en passant par Dawson. Chef de rubrique télé, il écrit aujourd'hui principalement sur les séries et unitaires français.

    La mini-série "Quelqu'un doit mourir", avec Ester Exposito ("Elite") et Alejandro Speitzer ("Sombre désir"), est disponible depuis le 16 octobre sur Netflix. Ce soap à suspense sur fond d'homophobie et d'Espagne franquiste vaut-il le détour ?

    Netflix

    De quoi ça parle ?

    Dans l'Espagne des années 1950, un couple fait revenir son fils du Mexique dans le but de le marier, mais tombe des nues quand il arrive aux côtés d'un danseur de ballet, soupçonné d'être son petit ami. Un scandale pour cette famille de la haute société qui ne va pas tarder à avoir des conséquences dramatiques... et meurtrières.

    Disponible sur Netflix depuis le 16 octobre. 3 épisodes vus sur 3.

    Quelqu'un doit mourir
    Quelqu'un doit mourir
    Sortie : 2020-10-16 | 60 min
    Série : Quelqu'un doit mourir
    Avec Cecilia Suárez, Ernesto Alterio, Alejandro Speitzer
    Spectateurs
    3,1
    Voir sur Netflix

    À quoi ça ressemble ?

    C'est avec qui ?

    Créée par Manolo Caro, à qui l'on doit La Casa de las floresQuelqu'un doit mourir réunit une très belle brochette de comédiens espagnols et mexicains, parmi lesquels les abonnés de Netflix reconnaîtront sans mal quelques visages familiers.

    Présente au générique des trois premières saisons d'EliteEster Expósito revient sous les feux des projecteurs grâce au rôle de Cayetana Aldama, une jeune femme de la haute société espagnole dont le côté peste n'est pas sans rappeler son personnage de Carla dans le hit ado de Netflix. Elle donne notamment la réplique à Alejandro Speitzer, récemment au générique de la brûlante Sombre désir (sortie cet été sur la plateforme de streaming), à Cécilia Suarez (Paulina dans La Casa de las flores), et à Carlos Cuevas (Merli). Sans oublier Carmen Maura, comédienne fétiche de Pedro Almodovar (Femmes au bord de la crise de nerfs, Matador, Volver), qui prête ses traits à la grand-mère de Gabino Falcon, le jeune héros incarné par Speitzer. Une matriarche prête à tout pour arriver à ses fins.

    Ça vaut le coup d'oeil ?

    Les utilisateurs de Netflix sont friands de films et de séries à suspense, et ça le géant du streaming l'a bien compris. Pour sa nouvelle création originale hispano-mexicaine, Manolo Caro a donc réuni tous les ingrédients qui ont fait le succès de La Casa de Papel, d'Elite, d'Alta Mar, ou encore de Sombre désir au sein d'une seule et même intrigue qui mêle drame en costumes, thriller, mystère, et sensualité. Une recette quasi magique qui ne peut tout de même pas marcher à tous les coups. Et Quelqu'un doit mourir (Alguien tiene que morir en VO) en est malheureusement la preuve. Car malgré sa courte durée, cette mini-série en trois épisodes de 50 minutes peine à nous accrocher et la promesse du pitch de départ n'est jamais complètement tenue. En effet, ceux qui s'attendaient à un whodunit dans le veine de À couteaux tirés ou des romans d'Agatha Christie seront vite déçus par le chemin emprunté par les scénaristes de la série, qui ont fait le choix de retarder la mort tant attendue (vendue dans le titre) jusqu'au dénouement et de faire des deux premiers épisodes (sur trois) une bien trop longue exposition.

    Située quelque part entre Grand Hôtel, pour son côté soap assumé, et Les Demoiselles du téléphone, pour son cadre historique qui lui offre forcément une dimension politique, Quelqu'un doit mourir ne manque pourtant pas de bonnes idées et de qualités esthétiques. Les costumes et les décors sont magnifiques, l'ambiance est posée dès la scène d'ouverture, et le retour de Gabino Falcon au sein de sa famille, après 10 ans passés au Mexique, met en lumière assez de secrets et de non-dits pour éveiller notre curiosité et nous donner envie de nous laisser happer par le tourbillon qui menace de frapper cette famille dysfonctionnelle, meurtrie par son lot de drames, de préjugés, et d'interdits qui sont autant de reflets de l'Espagne franquiste dans laquelle évoluent les personnages.

    Netflix

    À cause de l'homophobie ambiante qui régnait à cette époque et d'une rumeur propagée par jalousie, Gabino et son ami Lazaro (Isaac Hernandez) sont accusés d'être en couple et se retrouvent pourchassés de toutes parts. Y compris par Gregorio (Ernesto Alterio), le propre père de Gabino, qui travaille pour un centre de détention où sont justement enfermés les homosexuels. Et c'est sans aucun doute ce coup de projecteur mis sur la persécution de la communauté homosexuelle sous le régime de Franco qui se révèle être l'aspect le plus intéressant dans Quelqu'un doit mourir. Un élément de l'intrigue qu'on aurait aimé plus développé et qui, au fil de la série, se retrouve de plus en plus noyé sous une couche de soap et de grandiloquent pas toujours très digeste. Même lorsqu'on adore le soap.

    Derrière sa façade de drame social, Quelqu'un doit mourir se révèle en fin de compte être une série à suspense plutôt superficielle, qui n'apporte rien de bien neuf au genre dans lequel elle s'inscrit (on a encore droit à un bon vieux secret de famille), sans pour autant être complètement désagréable à regarder. On regrette simplement que Manolo Caro, le créateur, n'ait pas davantage joué la carte du mystère et n'ait pas trouvé le moyen de permettre à ses personnages d'exister pleinement hors du cadre archétypal qu'il leur a fixé. Dans un réalisme social qu'il semble avoir cherché, sans avoir jamais réussi à l'atteindre. Les téléspectateurs les moins exigeants y trouveront certainement leur compte, mais d'un point de vue critique, on ne peut s'empêcher de penser que trois épisodes c'est trop pour cette histoire qui aurait sans doute mérité d'être resserrée en un film d'une heure trente, vu le peu d'enjeux narratifs qu'elle dépoie. Et puis, bien sûr, il y a cette fin, expédiée et ratée, qui nous laisse sur une note de frustration et de déception intense. Et qu'on peine à comprendre, tant tout a été fait durant les deux épisodes et demi qui ont précédé pour nous amener, doucement mais sûrement, vers cette conclusion ahurissante qu'on préfère oublier. L'histoire de Gabino, confronté à l'intolérance de sa famille et de son pays, méritait mieux. Et surtout davantage de finesse.

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