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    Barbares sur Netflix : l'histoire vraie de la bataille de Teutobourg
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    La série "Barbares" sur Netflix s'achève sur une célèbre bataille, dans laquelle une alliance de tribus germaniques prirent en embuscade trois légions romaines, qui furent anéanties. Retour sur l'une des plus grandes défaites de l'empire romain.

    Disponible depuis peu sur Netflix, la série allemande Barbares, créée par Jan Martin ScharfArne Nolting et Andreas Heckmann, évoque en guise d'acmé un des plus célèbres faits d'arme de l'Antiquité; en l'occurence une des plus graves défaites essuyées par les légions romaines qui soumettaient par le glaive et à la puissance de Rome les peuples en Europe et dans le bassin méditerranéen.

    Connue sous le nom de "désastre de Varus", cet événement eut lieu en l'an 9 ap. J.-C, dans la forêt de Teutobourg, en Allemagne. C'est là, dans les collines de l’actuelle Kalkriese en Westphalie, que trois légions romaines et leurs troupes auxiliaires (soit environ 25.000 hommes), menées par le gouverneur de la province (légat d'Auguste propréteur) Publius Quinctilius Varus, furent totalement massacrées dans une embuscade par une alliance de tribus germaniques conduite par Arminius (Laurence Rupp dans la série). Officier germanique issu des troupes auxilières de Varus, ce dernier avait acquis la citoyenneté romaine et reçu une formation militaire. Formation qu'il su mettre à profit en anticipant les tactiques manoeuvrières des légions romaines.

    Douloureuse pacification romaine

    Farouches guerrières peuplant ce que César avait appelé la Germanie, les tribus Chérusques, Marses, Chattes et Bructères -pour ne citer que celles-ci- donnèrent durant de nombreuses années du fil à retordre aux légions romaines. Et, même pacifiée, la province vit les révoltes couver régulièrement comme le feu sous la glace. Déjà, quelques années avant le désastre de Varus, en 16 av. J.-C, des germains – Usipètes, Sicambres et Tenctères – franchirent le Rhin pour piller la province de Belgique. Le gouverneur Marcus Lollius Paulinus mobilisa sa légion, soit environ 5 000 hommes, et partit affronter l’ennemi. Son armée fut détruite, et les aigles pris comme trophées.

    Barbares
    Barbares
    Sortie : 2020-10-23 | 45 min
    Série : Barbares
    Avec Laurence Rupp, Jeanne Goursaud, David Schütter
    Spectateurs
    3,6
    Voir sur Netflix

    L'empereur Auguste décida alors de régler une fois pour toute le problème posé par les germains. Il chargea son beau-fils Drusus de pacifier la région. De l'an 16 à 12 av. J.-C., ce dernier entrepris de grands travaux, notamment des constructions de camps fortifiés, et de places-fortes. De l'an 12 à 9 av. J.-C., Drusus mena chaque année une campagne militaire. Les légions quittaient leurs camps au début du mois de juin, puis elles traversaient la Germanie jusqu’à l’Elbe. En cours de route, les soldats tuaient tout ce qui pouvait être tué et détruisaient tout ce qui pouvait être détruit. En 9 av. J.-C., alors que ses légions s'opposent aux puissantes tribus des Chattes et Chérusques, Drusus meurt à la suite d'un accident de cheval, sur le chemin du retour. C'est à son frère Tibère que revient ensuite le commandement de la campagne germanique. Au cours des années 8-7 av. J.-C., Tibère se rend en Germanie, envoyé par Auguste, pour continuer le travail commencé par son frère Drusus et combattre les populations locales.

    La trahison et la souricière

    Tandis qu'une partie des troupes est maintenue sur le Rhin, un autre est chargée d'assurer la sécurité dans la province. Pour gagner la fidélité politique des tribus germaines, la citoyenneté romaine est accordée à certains membres des élites locales. Au cours de l'an 7 ap. J.-C., le sénateur Publius Quintilius Varus est nommé gouverneur de la Germanie. Dirigeant celle-ci avec maladresse et autoritarisme, il finit par s'attirer l'inimité des tribus germaines.

    Parmi les conseillers de Varus se trouve Caius Julius Arminius, fils de Ségimerus, chef des Chérusques. Enlevé encore enfant et éduqué à Rome, devenu citoyen romain et bénéficiant du rang de chevalier, ce dernier s'est en fait secrètement rallié aux révoltés germains. Accompagnant les troupes impériales sur ces terres de Germanie qu’il connait bien, il conseille à Varus d’emprunter un raccourci pour rejoindre ses camps d’hiver sur le Rhin, en traversant la forêt de Teutobourg.

    Un conseil qui est tout sauf avisé pour Varus... En fait, ce dernier est tombé dans un véritable traquenard. Parti en éclaireur, Arminius est allé rejoindre les germains. Sous un temps exécrable, en terrain hostile et avec des troupes dont les colonnes sont beaucoup trop étirées, Varus engage ses troupes sur une bande de terre étroite, longue de 6 Km et large de 1 Km. Coincées entre des marais et des collines boisées, les légions voient dévaler les combattants germains. Incapables de manoeuvrer et de se mettre correctement en position de combat, les XVIIe, XVIIIe et XIXe légions se font tailler en pièces. Le second jour de l'affrontement, c'est à nouveau le carnage. Le 3e jour, le calvaire des légions continue, tandis que le flot des germains se jetant sur eux ne semble non seulement pas se tarir, mais même augmenter. Le désastre est tel que Varus préfère se suicider plutôt que de tomber aux mains de l'ennemi.

    Du côté romain, le traumatisme est tel que l'issue tragique de cette bataille marque un coup d'arrêt à la politique d'expansion impériale romaine. Certains historiens en parlent comme de l'une, sinon la plus grande défaite de Rome, qui changea durablement et pour un bon moment l'espace germanique. Selon la légende, entretenue d'ailleurs par Suétone, auteur de La Vie des douze Césars, l'empereur Auguste fut si abattu par ce désastre qu'il ne se coupa plus la barbe ni les cheveux durant plusieurs mois, et qu'il se réveillait la nuit en hurlant "Varus, rends-moi mes légions !".

    Quelques légionnaires des XVIIIe et XIXe légions survécurent pour raconter leur calvaire, mais il n'y eut pas un seul survivant de la XVIIe. Les trois légions ne furent d'ailleurs pas reconstituées. De là sans doute une des explications à la superstition dans le pays concernant le chiffre 17, synonyme de malheur. XVII étant aussi l'anagramme de "VIXI", qui signifie en latin "j'ai vécu", et par extension "je suis mort"...

    De l'an 14 à 16 ap. J.-C, le successeur d'Auguste, l'empereur Tibère, envoya un nouveau corps expéditionnaire en Germanie, soit huit légions soutenues par une flotte de 1000 navires, pour châtier les germains. Revenant sur les lieux même du drame en l'an 15, les légionnaires romains furent horrifiés : pour les humilier un peu plus, les germains avaient laissés pourrir sans sépulture après la bataille les corps des 25.000 soldats romains tombés après le massacre...

     

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