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    Spider-Man : Miles Morales sur PS5, une aventure grisante et électrisante
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Stand Alone figurant notamment dans le line-up de lancement de la nouvelle console PS5 de Sony, "Spider-Man : Miles Morales", développé par le talentueux studio Insomniac Games, offre une aventure récréative aussi jubilatoire que rondement menée.

    Insomniac / SCEE

    Petite séquence flashback. En 2014, les studios Marvel ont décidé de changer leur fusil d'épaule concernant les déclinaisons vidéoludiques de leurs licences, la plupart du temps catastrophiques, à de très rares exceptions près. Car si les films sous licences Marvel caracolent régulièrement en tête du Box Office, il n'en allait pas franchement de même concernant les jeux vidéo...

    "Lorsque je suis arrivé chez Marvel, je savais qu'avec une telle malle aux trésors remplie de quelques unes des meilleures histoires et Super-héros jamais créés, il était de notre devoir de faire de grands jeux que les fans apprécieraient" expliquait en 2016 Jay Ong, à la tête de la Division jeux vidéo chez Marvel. "Avec les Executives de Marvel et mon équipe, nous avons donc changé de stratégie afin d'être très sélectif et dorénavant ne travailler qu'avec les meilleurs studios et les meilleurs partenaires au sein de l'industrie. Nous voulons travailler de manière sélective avec des partenaires qui partagent notre vision et notre ambition d'ouvrir une nouvelle ère pour le business des jeux Marvel".

    La première illustration de cette profession de foi fut le fantastique jeu Marvel's Spider-Man, développé par le studio Insomniac Games, exclusivité pour la console PS4 de Sony, sorti en septembre 2018. Et c'est peu dire que le titre a été un colossal carton de vente : en août 2019, soit un peu moins d'un an après sa sortie, le jeu s'était écoulé à plus de 13,2 millions d'exemplaires.

    Alors que l'éditeur- fabriquant sort sa nouvelle console, la PS5, disponible en France ce 19 novembre, il n'était au fond pas très étonnant de voir la licence constituer un des fers de lance du line-up accompagnant cette sortie stratégique. Si Marvel's Spider-Man a droit à une belle version remasterisée, histoire de tirer profit de la puissance de la nouvelle machine de Sony, on s'attardera néanmoins sur le "petit" nouveau pensé comme un Stand Alone et Spin Off, Spider-Man : Miles Morales. Et on y joue avec d'autant plus de gourmandise que c’est la première fois que l’on incarne en personnage principal d’un jeu ce héros des comics, rendu très populaire par le formidable long-métrage d'animation Spider-Man : New Generation, sorti en 2018, et couronné par un Oscar. Si le titre est également sorti le 12 novembre dernier sur PS4, c'est sur la version PS5 que nous avons pu poser nos mains.

    L'araignée sympa du quartier

    Se déroulant plus ou moins un an après la conclusion du jeu Marvel's Spider-Man (dont vous pouvez avoir un chouette récapitulatif des événements via une vidéo "previously on..." accessible dès le menu de départ), en pleine période de Noël, le récit nous plonge dans le quotidien du jeune super-héros encore en devenir, plein de doutes sur sa légitimité et d'admiration pour son mentor, Peter Parker (qui a au passage de nouveaux traits de visage, pour se rapprocher davantage de ceux de Tom Holland), qui le prend logiquement sous son aile pour l'aider à mieux appréhender ses pouvoirs. Après une course-poursuite complètement folle où les deux araignées prennent en chasse le super-vilain Rhino, qui dévaste tout sur son passage, Miles se découvre un nouveau pouvoir, la bio-éléctricité. Non seulement il doit apprendre à maîtriser ce nouveau talent, mais, difficulté supplémentaire et totalement nouvelle pour lui, Peter lui confie les clés de la ville, partant en vacances quelques semaines en Europe avec MJ.

    Insomniac Games

    Formidablement incarné (en motion-capture et vocalement) par l'acteur Nadji Jeter, qui lui donne l'innocence et la candeur nécessaire pour qu'on s'y attache fortement, Miles est un brillant ado de 17 ans, manquant encore beaucoup de confiance en lui. Des doutes et introspections personnelles qui vont être durement éprouvés, alors qu'il doit sauver son quartier. Harlem est en effet la proie d'une entreprise sans scrupule, Roxxon, qui, sous couvert d'améliorer le bien-être quotidien des gens, cache en réalité un projet aux effets potentiellement dévastateurs.

    Pensé comme un jeu vitrine pour le lancement de la PS5, le titre dévoile un terrain de jeu -et de chasse- toujours aussi grisant, New York, parée de nombreux effets de gestion de la lumière et d'effets météo (neige), en s'appuyant sur la technologie dite du Ray Tracing. Si visuellement le jeu se révèle effectivement superbe et tourne en 4k sans ciller ( à part quelques très légers ralentissements vers la fin du jeu), il n'atteint pas sur ce point le niveau d'excellence de l'autre fer de lance du line-up de lancement de la console, le remake de Demon's Souls, développé par le studio Bluepoint. Un léger bémol qui n'entame en rien le plaisir de se balancer entre les buidlings de Manhattan, en ayant encore en tête les cadrages parfois incroyables dont nous avait gratifié Sam Raimi dans sa saga Spider-Man.

    Insomniac Games n'a pas cherché à réinventer la roue, et reprend une recette déjà largement éprouvée précédemment : la carte est la même que le précédent jeu; il y a toujours des défis à remplir, différentes planques d'ennemis à nettoyer, des braquages à arrêter, se terminant parfois en course-poursuite sur le toit d'un véhicule... On est déjà en terrain connu donc. Mais si la quantité de choses à faire est logiquement moins importante dans ce Stand Alone, elles sont mieux pensées : toutes les missions secondaires sont ainsi accessibles et regroupées via l'interface d'une appli baptisée affectueusement "l'Araignée sympa du quartier", développée amoureusement par le sidekick de Miles, Gank Lee, son copain geek du Lycée.

    Insomniac Games

    Super-héros encore en devenir, Miles se démarque toutefois de son illustre aîné sur de nombreux points à saluer. A commencer par sa capacité de camouflage et devenir totalement invisible aux yeux de ses ennemis; ce qui rend les séquences d'infiltrations un peu plus faciles et permet de réinitialiser les mauvaises rencontres si jamais les affaires tournent mal. L'autre nouveau pouvoir unique est la bio-éléctricité, qui sera énormément mise à contribution dans le jeu, que ce soit sous forme de combats avec les coups de poings, rush sur les adversaires, ou même renvoyer les armes des ennemis en les électrisant, ce qui permet de les mettre hors-combat pendant quelques instants. Plus tard dans le jeu, cette bio-éléctricité permet même de booster la capacité de Miles à se mouvoir dans les airs lorsqu'il se balance aux quatre-coins de la ville, et remplit sa jauge électrique en effectuant des figures aériennes stylées.

    Contrairement à son modèle d'origine, Miles Morales n'affronte jamais réellement de grosses et massives vagues d'ennemis, ce qui n'empêche nullement certains combats contre des ennemis très coriaces et faisant très mal, qui vous donneront du fil à retordre jusqu'à ce que vous maîtrisiez les timings - réflexes du personnage, transformant parfois les affrontements en jouissive chorégraphies. Tant qu'à parler d'affrontements d'ailleurs, on glissera un mot sur le méchant de l'histoire : son écriture, assez manichéenne, le rend finalement peu marquant et décevant, là où Spider-Man affrontait dans le jeu de 2018 un Who's Who titanesque : Wilson Fisk alias Kingpin, Rhino, Dr Octopus, Electro, Scorpion, Shocker, le Vautour, Mister Negative... Un bémol toutefois tempéré par un autre nouveau personnage dénommé Tinkerer, à la tête d'un gang du nom de The Underground, ennemi juré de la firme Roxxon précitée. Nous n'en dirons pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

    Un récit et des personnages très attachants

    Si l'écriture du méchant de l'histoire est en retrait, comme dit plus haut, elle n'hypothèque en rien le soin apporté par le studio à l'écriture de la trame nouée autour de Miles. En fait, les moments de calme, ceux consacrés à sa famille élargie notamment, sont sans doute les meilleurs moments du jeu, comme cette séquence du dîner de Noël, toute en douceur et en apesanteur, au cours de laquelle la mère de Miles, plongée et absorbée dans les élections municipales; ses meilleurs amis, l'attachante Phin Mason et Gank Lee, devisent sur leurs vies respectives et leurs avenirs, au son d'une musique jazzy entraînante venant d'un vinyl sur le tourne-disque. En arrière-plan, le portrait du père de Miles, décédé, trône sur le rebord de la cheminée, semblant contempler d'un regard bienveillant ces réjouissances et intimité familiale, dont il n'est plus que le témoin absent.

    Insomniac Games

    Un exemple tout à fait symbolique -il y en a d'autres- qui souligne le soin que le studio a mis à donner de la chair à ses personnages et ce type de séquences. Et c'est d'autant plus réussi que celles-ci vont justement peser lourd dans le développement de l'arc narratif et ses enjeux dramatiques. Mais il y a plus. Si Insomniac Games se défend d'avoir un agenda politique caché, il reste que le jeu se montre sensible aux questions sociales et politiques à travers le prisme de cette communauté multiculturelle de Harlem dépeinte dans le jeu. Installée dans un quartier qui accueillait jadis les immigrants pauvres, elle forme le melting pot de l'Amérique, dans sa richesse et sa diversité, que certains ne semblent ou veulent pas voir. Témoin ce propos que Miles, désabusé, tient à Peter Parker, alors que la firme Roxxon cherche à tout prix à s'approprier les terrains des quartiers en les vidant de leurs habitants pauvres : "De toute façon, ils s'en fichent de nous... Notre avis ne compte pas". Avant d'aperçevoir, au détour d'un plan, une fresque graffiti aux couleurs du mouvement Black Live Matter, né en 2013 dans la communauté afro-américaine militant contre le racisme systémique envers les Noirs.

    Graphiquement superbe, rythmé et punchy, offrant des personnages attachants, baigné d'une BO à l'unisson, Spider-Man : Miles Morales se révèle être un excellent titre qui a de nombreux atouts à faire valoir, d'autant qu'il bénéficie d'une durée solide : compter de 15 à 20h si vous voulez boucler 100% du jeu. Pour notre part, on prend déjà date pour une éventuelle suite !

     

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