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    Gentlemen cambrioleurs sur C8 : l'histoire vraie de ces papys braqueurs qui ont réalisé le casse du siècle
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Leur braquage audacieux a donné lieu à un film relatant les faits : Gentlemen cambrioleurs. Mais qui sont ces vieux messieurs qui ont défrayé la chronique en 2015 en réalisant le casse du siècle en Angleterre ?

    Nous sommes en avril 2015, à Londres, en Angleterre. À l'occasion du long week-end pascal, un groupe de papys malfaiteurs se lance dans le casse du siècle ! Le cambriolage de la salle des coffres de la Hatton Garden Safe Deposit Limited est considéré comme le plus gros braquage de l'histoire judiciaire britannique. Le butin est estimé à 275 millions d'Euros ! Les papys de la cambriole n'ont pas hésité à percer une galerie à travers un épais mur de béton pour accéder à l'argent liquide, bijoux et autres objets de valeurs contenus dans les coffres.

    "Le braquage s'est déroulé avec une audace et une minutie qui sont les marques de la vieille école", a notamment confié l'un des policiers. "Il est clair que le cambriolage en question est tout à fait à part, que ce soit par son ambition, la minutie avec lequel il a été planifié, le niveau de préparation et d’organisation de l’équipe qui l’a exécuté, ou la valeur des biens dérobés", a commenté le juge Christopher Kinch, conseiller de la Reine, lors de la condamnation du gang. Mais qui peuvent bien être ces papys truands dont l'histoire rocambolesque a été adaptée sur grand écran dans Gentlemen cambrioleurs ?

    BRIAN READER, LE CERVEAU DU GANG

    Décrit comme "le dernier des gentlemen cambrioleurs", Brian Reader, 77 ans au moment des faits est l’un des voleurs de diamants les plus prolifiques. L'homme est impliqué dans des braquages et cambriolages totalisant plus de 200 millions de livres sterling de butin. Son nom est associé aux plus célèbres coups de son époque. Avant ses 32 ans, Reader faisait partie d’un gang d’as de la cambriole surnommés les Taupes Millionnaires, ainsi baptisés parce qu’ils avaient creusé une galerie jusqu’à une chambre forte de la Lloyds à Londres et pillé quelque 268 coffres en 1971. Il a aussi été associé au coup de la Brink’s Mat en 1983, le gang dérobant ce qui représenterait aujourd’hui 145 millions de dollars en lingots d’or.

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    Originaire de la partie sud de Londres, de condition modeste, c’était un homme qui, au sommet de son succès, savait jouir des bonnes choses de la vie – les restaurants coûteux, les sports d’hiver, la voile l’été. Un homme important, admiré de ses pairs. C'est Sir Michael Caine qui lui prête ses traits dans le film. Âgé de 86 ans, l'acteur n’a pas caché son désir de jouer Reader. Comme tout le monde à l’époque, il était fasciné par le casse, et quand l’âge des coupables fut connu, il a même dit à sa femme : "Je te parie que s’ils font un film sur le sujet, ils viendront me proposer un rôle !"

    TERRY PERKINS, LE CHIEN FOU DE LA BANDE

    Jim Broadbent (Horace Slughorn dans Harry Potter) a été engagé pour jouer Terry Perkins, le personnage le plus menaçant et dangereux du gang. Terry Perkins était un criminel de carrière qui, en 1983, alors qu’il fêtait ses 35 ans, a été impliqué dans un des plus gros cambriolages des annales britanniques, le braquage du dépôt de la Security Express, à Londres, qui a vu disparaître 6 millions de livres sterling. Perkins a été arrêté et condamné à 22 ans de prison. Lors de sa condamnation, le juge l’a décrit comme "mauvais" et "sans foi ni loi", notamment parce qu’il avait menacé un employé de la banque en l’aspergeant d’essence et en agitant une boîte d’allumettes devant lui.

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    L’ironie du sort veut que 32 ans jour pour jour après le braquage de la Security Express, alors qu’il célébrait ses 67 printemps, Perkins perçait un mur dans la chambre forte de Hatton Garden. "On avait envie que Jim joue un peu à contre-emploi, explique le réalisateur James Marsh. Il interprète un très, très sale type dans ce film, celui dont le coeur est le plus sombre, et Jim a semblé vraiment s’éclater à jouer ce personnage sadique mais pas spécialement malin."

    DANNY JONES L'EXCENTRIQUE

    Âgé de 61 ans au moment du vol, Danny Jones avait déjà un casier judiciaire conséquent remontant à 1975, avec des condamnations pour vol, recel de biens volés et cambriolage. Décrit comme un excentrique à la Walter Mitty lors du procès, Jones a affirmé qu’il détenait des super-pouvoirs, qu’il savait lire les lignes de la main et qu’il dormait vêtu du peignoir de sa mère et d’un fez. Pour le reste, il était obsédé par le mal, et passait son temps libre à se documenter sur les criminels célèbres. C’est lors du raid de sa maison qu’un exemplaire du livre mentionné dans le film, La Police scientifique pour les nuls, a été trouvé. Pour jouer ce genre de personnage hors-normes, il fallait quelqu’un qui ait une présence hors-normes, à l’aise dans la peau d’un criminel légèrement non-conformiste. 

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    Le rôle semblait taillé pour Ray Winstone, notamment connu pour son rôle de French, l'implacable homme de main de Jack Nicholson dans Les Infiltrés. "Winstone est un grand acteur que je connais depuis Scum à la télévision", raconte le réalisateur James Marsh, "et bien sûr, il est de Londres. Et ça semblait tout aussi important, sur ce film, d’avoir autant de personnes venant de Londres qu’on a de gens issus des classes populaires. Ray s’est approprié le rôle avec beaucoup d’enthousiasme."

    JOHN COLLINS LE DINGUE

    À 75 ans, John Collins, dit "Kenny", avait déjà été condamné de nombreuses fois pour vol, recels de biens volés et fraude. Ses complices le décrivait comme "ayant le QI d’une huître". Il aurait, d’après les avocats du procès, "perdu la boule" dans les semaines qui ont suivi le braquage. Collins est interprété par le vénérable Sir Tom Courtenay, 81 ans, soit six de plus que son modèle. "Comme tout le monde j’étais très intrigué par l’histoire. Le fait qu’ils soient si vieux et audacieux, creusant un tunnel comme ils l’ont fait jusqu’à la chambre forte… Et j’étais très impressionné par le scénario de Joe Penhall et par le cast. 

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    Je connaissais tous les autres acteurs, à l’exception de Paul Whitehouse, qui était délicieux. Bref, c’était un job de rêve. Nous étions tous très différents, et je pense qu’on formait un bon groupe. On avait tous quelque chose à apporter", souligne le comédien. Collins est le moins distingué des pépés criminels. C’est celui qui est chargé de leur fuite et de faire le guet... et il n’est pas très compétent. "Je crois que les autres l’aiment bien, bien qu’il les dégoûte un peu. Car il est extrêmement sournois. En fait, j’ai ajouté un mot dans le script le concernant : fourbe. C’est son côté faux jeton qui m’a beaucoup amusé. Ça m’a fait rire quand j’ai lu le scénario", ajoute Courtenay.

    BILLY LINCOLN DIT "THE FISH"

    Incarné par Michael Gambon (Dumbledore dans Harry Potter), Billy avait pour habitude de ramener des poissons et des fruits de mer à sa famille. Son surnom de "The Fish" vient de là. Lors du casse de Hatton Garden, le truand était chargé de contrôler les biens dérobés et les transférer à John Collins et Danny Jones. Après l'échange, il a été arrêté au volant de son Audi A3 noire et placé en garde à vue.

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    Âgé de 60 ans au moment des faits, Lincoln souffrait d'apnée du sommeil, de problèmes de vessie et d'arthrose sévère. Ces troubles empêchaient le vieil homme de travailler ; il touchait notamment à l'époque une allocation adulte handicapé.

    CARL WOOD, LE FIDÈLE ASSOCIÉ

    Paul Whitehouse joue Carl Wood, un associé fidèle des chefs de bande, recruté pour leur prêter main forte. Wood n'est pas allé jusqu’au bout du casse, quittant le navire à mi-parcours quand la foreuse s’est cassée. Il a tout de même été condamné à six ans de prison. À 59 ans, Carl était atteint de la maladie de Crohn. D’autres membres du gang souffraient de diabète, d’arthrite, etc., ce qui conférait au braquage un côté crépusculaire, comme un dernier tour de piste. "Ça ajoute au côté romanesque du film", relate l'acteur.

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    "Ces types prennent des pilules et toutes sortes de médicaments sur ordonnance, et ça leur donne une certaine vulnérabilité. On n’a pas affaire à de jeunes allumés de la gâchette. C’est un crime qu’on a le droit d’aimer", poursuit-il. "Le fait qu’ils aient un certain âge était touchant. Ça nous donne de l’espoir, à nous autres grands-pères. Et puis, c’était un crime sans victime, dans le sens où personne n’a été blessé, et où l’argent dérobé n’était peut-être pas très propre. Il y a un petit côté Robin des Bois, du coup, quoiqu’il n’y a pas de redistribution des richesses en direction du peuple. Nos héros prennent aux 1%, pour redonner à moins de 1% ! (rires)"

    Pour finir, petit fun fact : C'est le légendaire comédien Daniel Day Lewis qui a soufflé l'idée du projet au producteur Tim Bevan : "Daniel Day Lewis m’a appelé et m’a dit « Tu as entendu parler de cette histoire ? Ça ferait un super film. » Et j’ai dit « Tu veux jouer dedans ? » Et il a répondu « Non, mais ça ferait quand même un super film ! » Et très vite je me suis dit « Il a raison. Il faut faire quelque chose »."

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