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    The Goes Wrong Show sur Amazon : la série hilarante à ne pas manquer, entre leçon de comédie et symphonie du chaos
    Maximilien Pierrette
    Journaliste cinéma - Tombé dans le cinéma quand il était petit, et devenu accro aux séries, fait ses propres cascades et navigue entre époques et genres, de la SF à la comédie (musicale ou non) en passant par le fantastique et l’animation. Il décortique aussi l’actu geek et héroïque dans FanZone.

    Vous avez le souvenir de spectacles de fin d'année un peu ratés ? Ce n'est rien à côté de ce qui vous attend dans "The Goes Wrong Show", géniale série comique qui élève le chaos au rang d'art de vivre. A voir impérativement sur Amazon Prime Video.

    Depuis un an maintenant, le monde est plongé dans le chaos. Et même si cela est difficile, savoir en rire peut s'avérer salvateur. Et ça, c'est la spécialité des génies du Mischief Theatre, troupe anglaise révélée en 2012 et devenue célèbre grâce à ses adaptations scéniques de "Peter Pan" ou "Un chant de Noël" dans lesquelles tout va de travers : décors qui s'effrondrent, acteurs qui oublient leurs répliques, effets spéciaux qui se déclenchent en retard, accessoires inappropriés… Bref, un festival de catastrophes (et d'éclats de rire pour le public) de la part de ceux à qui l'on doit également un spectacle de magie et des performances dans des œuvres dont le titre comporte les mots "Goes Wrong". Comme cette série diffusée en Angleterre en 2020, et mise en ligne sur Amazon en novembre dernier.

    The Goes Wrong Show
    The Goes Wrong Show
    Sortie : 2020 | 30 min
    Série : The Goes Wrong Show
    Avec Henry Shields, Bryony Corrigan, Jonathan Sayer
    Spectateurs
    3,7

    Le pitch tient en peu de lignes : dans chaque épisode, une troupe de théâtre amateur, la Cornley Polytechnic Drama Society, joue devant un public une pièce retransmise en direct dans le reste de la Grande-Bretagne, et s'essaye à différents genres. Vu que la série s'appelle The Goes Wrong Show, inutile de préciser que rien ne va se passer comme prévu. A ceci près qu'il y a de très fortes chances que vous riiez, ce qui est le but de ses créateurs avec ce qui s'apparente à une version apocalyptique des spectacles de fin d'année. Pour parvenir à leurs fins, ils n'hésitent d'ailleurs pas à varier les plaisirs. Car si l'on peut, très légitimement, redouter une redite au bout des six épisodes que compte la saison 1, il n'en est rien. Au premier abord, la mécanique est simple et l'on se prend vite au jeu en essayant de deviner quelles catastrophes nous attendent dans la demi-heure qui suit. Mais le show sait très régulièrement nous surprendre en jouant sur différentes formes d'humour.

    Il y a évidemment beaucoup de comédie physique avec de nombreuses chutes (de personnes, d'objets, de décors) qui renvoient au cinéma burlesque. Mais également du comique de situation lorsqu'un acteur a oublié sa réplique ou récite celle de son partenaire. Et même un non-sens très anglais, qui crée de jolis quiproquos quand, par exemple, une erreur de compréhension fait que quelqu'un confond une bière ("beer" outre-Manche) avec un ours ("bear"). Sans oublier des éléments purement liés à la nature télévisuelle de l'ensemble, comme des mauvais angles de caméra, ou encore cette persévérance des personnages à jouer, coûte que coûte, le texte tel qu'il était écrit, alors que les accessoires ne sont pas les bons, ce qui donne naissance à un décalage hilarant.

    BBC (British Broadcasting Corporation)

    A ce titre, l'épisode 3 ("Un procès à voir") s'impose comme le chef-d'œuvre de cette saison qui regorge de pépites. Comme d'habitude, le metteur en scène Chris Bean (Henry Shields) nous présente le récit de la semaine… et l'un des soucis à prendre en compte : ici une méprise du chef décorateur, qui a lu les mesures d'un décor en centimètres et non en pouces, ce qui vaut aux acteurs de s'entasser dans une pièce deux fois plus petite que la normale, tels les Marx Brothers, autres esthètes du chaos, dans la cabine de bateau d'Une nuit à l'opéra. Et tous tentent de jouer comme si de rien n'était tandis que, dans d'autres scènes (présentées comme des flashbacks), les dimensions sont les bonnes mais les éléments de décors assemblés ne vont pas nécessairement ensemble.

    Dans un autre épisode, le chef décorateur a confondu le titre de la pièce, "90 degrés" (comme la température, en degrés fahrenheit, de la Louisiane dans laquelle se déroule l'histoire), avec l'inclinaison demandée pour le décor, ce qui rend certaines scènes de dialogues à priori banales beaucoup plus dangereuses qu'on ne pourrait le croire. Nous pourrions aussi citer cette histoire de maison hantée ("Le Chalet") dans laquelle rien ne se déroule comme prévu (ou alors en retard sur le timing prévu), mais le mieux est vous laisser découvrir par vous-mêmes le bijou d'humour qu'est The Goes Wrong Show. Car il s'agit d'une vraie leçon de comédie doublée d'une symphonie du chaos, qui force le respect lorsque l'on prend un peu de recul pour réaliser à quel point tout ceci relève d'une mécanique de précision redoutable.

    Quand l'équipe doit composer avec un décor deux fois plus petit que prévu :

    S'il est déjà difficile d'être dans le bon tempo lorsque tout se passe bien, donner l'impression que le bazar qui se développe sous nos yeux n'était pas prévu l'est encore plus. Et cette mécanique permet notamment aux épisodes de supporter un revisionnage grâce auquel on remarque des détails qui auraient pu nous échapper la première fois, à commencer par certains traits de caractère des personnages. Chaque histoire étant indépendante des autres, l'ordre dans lequel vous regarderez la saison 1 importe peu. Mais il y a quelques running gags (un acteur s'est fait une spécialité de surjouer quand un autre, cabot devant l'éternel, se gargarise des réactions du public et en rajoute) et même une continuité du côté du comédien incarné par Jonathan Sayer, d'abord cantonné à faire vivre des éléments de décor avant d'être sur le devant de la scène. Pour le pire plus que pour le meilleur.

    Le concept de The Goes Wrong Show est donc simple, mais ses auteurs et interprètes redoublent d'inventivité dans son exécution. Les épisodes se suivent mais ne se ressemblent pas, chacun ayant en son sein un concept lui permettant de se différencier. Mais ils ont en commun le fait de réussir à nous faire rire, parfois très fort. Soyez toutefois prévenus : la découverte de cette pépite, plus que recommandée, et encore plus par les temps qui courent, risque de faire naître chez vous une obsession pour les pièces de la troupe (quelques-unes sont disponibles en vidéo, en import), que vous pourriez alors rêver de voir en vrai, lorsqu'il sera de nouveau possible de se rendre en Grande-Bretagne. Et si cela ne devait pas être le cas avant l'année prochaine, sachez que la saison 2 a débuté à Noël outre-Manche avec un épisode qui revisite la naissance de Jésus et s'annonce, sur le papier, épique, alors que la suite devrait arriver sous peu.

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