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    Délicieux avec Grégory Gadebois et Isabelle Carré : "L'aspect féministe du film m'a beaucoup plu"
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Grégory Gadebois et Isabelle Carré révolutionnent la gastronomie française dans Délicieux. Rencontre avec les deux comédiens qui forment un duo de cuisiniers de choc dans ce long-métrage d'Eric Besnard.

    Délicieux nous entraîne à l’aube de la Révolution Française. Nous suivons Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux, campé par Grégory Gadebois. Ce dernier est limogé par son maître le duc de Chamfort.

    Il fait alors la rencontre d'une femme étonnante, Louise (Isabelle Carré), qui souhaite apprendre l’art culinaire à ses côtés. Elle lui redonne confiance en lui et le pousse à s’émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution. Ensemble, ils vont inventer un lieu de plaisir et de partage ouvert à tous : le premier restaurant. Une idée qui leur vaudra clients… et ennemis.

    Pour évoquer ce très beau film autour de la gastronomie française, AlloCiné a rencontré les comédiens Grégory Gadebois et Isabelle Carré. Dans la vidéo ci-dessus, ils évoquent avec passion le tournage du film sous la direction d'Eric Besnard. La discussion se prolonge ensuite dans l'article ci-dessous.

    Délicieux
    Délicieux
    Sortie : 8 septembre 2021 | 1h 53min
    De Eric Besnard
    Avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,7
    louer ou acheter

    AlloCiné : Porter les costumes du personnage, ça vous aide à entrer dans sa peau ?

    Isabelle Carré : Ça me fait toujours rigoler quand un acteur dit : "J'ai mis les chaussures du personnage et tout à coup j'ai trouvé tout le personnage". Grégory ressent ça un peu.

    Grégory Gadebois : Je trouve que le costume est important, un déménageur ne s'habille pas comme un comptable. Les costumes racontent quelque chose. Et ceux de Délicieux racontent la manière dont ces gens vivaient. Ça parle d'une époque et ça aide à se glisser dans cette époque.

    Si je vous mettais en corset pendant 10 heures par jour pendant 2 mois, je peux vous dire que ça transforme le corps.

    Isabelle : Comme j'étais en corset, j'avais un rapport vraiment physique au costume, et moins esthétique. Si je vous mettais en corset pendant 10 heures par jour pendant 2 mois, je peux vous dire que ça transforme le corps. Ça contraint énormément, et comme mon personnage, Louise, n'était pas comme les femmes nobles qui portaient ça à l'époque, c'est à dire sur des canapés...

    Elle bouge beaucoup, elle doit faire ses preuves devant Manceron qui la malmène, qui ne l'économise pas en tout cas... Donc porter ce costume était physique. Et j'ai compris d'où on venait, nous les femmes. C'est pas juste des contraintes morales, c'était une mise sous cloche. On nous immobilisait. On revient de très loin, il faut l'avoir vécu dans sa chair pour le comprendre.

    Louise est d'ailleurs un personnage qui casse les codes, le film possède une dimension féministe.

    Isabelle : L'aspect féministe du film m'a beaucoup plu car les femmes n'avaient pas le droit de cuisiner autre chose que de la soupe. Là, cette femme demande à apprendre à l'âge qu'elle a ! Manceron lui dit "Mais t'as pas vu ton âge ?" Je trouve ça vraiment chouette qu'un metteur en scène comme Eric Besnard, qu'un homme écrive un si beau personnage de femme de mon âge avec toutes ses facettes correspondant aux 3 emplois de l'époque.

    Mais ces emplois perdurent aussi : la soubrette, l'ingénue, la pute et la noble. Qu'un homme ait écrit une femme qui contienne un peu tout ça, qui ne soit pas une seule facette bien cliché, c'est super. J'ai été très émue à la lecture du scénario de découvrir ça.

    L'aspect féministe du film m'a beaucoup plu car les femmes n'avaient pas le droit de cuisiner autre chose que de la soupe.

    Comment on s'approprie une façon de parler qui n'est pas de notre époque ?

    Grégory : Il y a toujours un chemin à faire vers les mots. Alors évidemment c'est plus facile de dire "Ah putain j'suis crevé" mais c'est écrit "Mon Dieu, je suis fatigué". Alors il faut trouver le chemin vers ces mots-là.

    Isabelle : Il y a aussi quelque chose qui nous a aidé tous, c'est le théâtre. C'est pas pour rien qu'Eric Besnard a pris des acteurs qui venaient de là. On a plus l'habitude de manier une langue un peu plus sophistiquée au théâtre. Au final, on doit rendre vivants ces mots-là, même s'ils sont d'une autre époque, même s'ils sont plus littéraires.

    Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire qui a fortement impacté nos vies, notamment la longue fermeture des cinémas et restaurants ?

    Isabelle : C'est vrai que ce virus nous a détourné de l'art culinaire, qui est justement le thème principal de Délicieux. Et je rejoins Eric Besnard quand il en parle lors des projections qu'on fait à travers la France. Sortez de chez vous ! Allez vers les autres.

    C'est pas pour rien si les cinémas, les théâtres et les restaurants ont été fermés en même temps, ce sont 3 lieux de communion. On en a besoin.

    C'est pas pour rien si les cinémas, les théâtres et les restaurants ont été fermés en même temps, ce sont 3 lieux de communion. On en a besoin. C'est facile de rester derrière sa plateforme et de commander à manger chez soi sur Deliveroo ou Uber Eats. Mais c'est tellement autre chose que d'aller à la rencontre des autres, de sortir, de regarder ailleurs.

    CADRE : ARTHUR TOURNERET

    MONTAGE : CLARA COLIN

    LA BANDE-ANNONCE

     

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