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    Apocalypse Now Final Cut : quand Marlon Brando improvisait ses fabuleuses répliques
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans "Apocalypse Now", Marlon Brando livre une des plus extraordinaires compositions de sa carrière. N'aimant pas ses répliques, il s'est d'ailleurs mis à largement improviser ses dialogues, avec la bénédiction d'un Francis Ford Coppola angoissé...

    Paramount Pictures

    Apocalypse Now, ou l'oeuvre d'un démiurge de 40 ans à qui on ne refusait rien ou presque depuis son immense succès avec Le Parrain et sa suite. "Après Apocalypse Now, j'ai réalisé que je ne serai plus jamais un jeune réalisateur" déclara Francis Ford Coppola, tandis qu'il présentait son film au Festival de Cannes d'où il repartira auréolé de la Palme d'or ex-aequo avec Le Tambour.

    Aucun autre film des années 70 n'a attiré à ce point l'attention avant même que le film ne sorte. Il est aussi impossible de dissocier le succès incontestable du film des circonstances hallucinantes qui ont entouré sa création.

    Marlon Brando en roue libre

    Prévu pour durer 6 semaines, le tournage s'est étalé sur 16 mois, entre mars 1976 et août 1977. Situés aux Philippines, les plateaux de tournage ont dû subir rien de moins qu'un ouragan, la crise cardiaque de  l'interprète principal Martin Sheen – cachée à la production pour un Francis Ford Coppola terrifié à l'idée d'un arrêt du film...

    Brando arriva avec trois semaines de retard, en surpoids de 40 Kg, n'avait pas lu l'oeuvre de Joseph Konrad dont est tiré le film, et bien entendu n'avait appris aucun dialogue... Coppola en fut horrifié. A peine débarqué, l'acteur fut emmené par le cinéaste en bateau pendant une semaine, et ferma le tournage. Le temps de discuter avec lui de son personnage, le terrifiant Colonel Kurtz, de lui expliquer sa vision.

    L'acteur n'aimait pas ses répliques, et proposa à Coppola d'improviser, en fonction des indications qu'il lui donnerait. C'est ce que l'on voit dans l'extrait ci-dessous de l'hallucinant documentaire Hearts of Darkness, où l'on entend Coppola, hors champs, lancer l'acteur sur différents sujets, visant à cerner toujours un peu plus la folie du Colonel Kurtz.

    Le résultat ? Une hallucinante et hypnotique plongée dans les méandres de l'âme humaine jusqu'au coeur des ténèbres, là où réside désormais Marlon Brando, qui, tel un bouddha pervers dans le film, livre une de ses plus extraordinaires compositions.

    Autre exemple d'improvisation, lorsque Kurtz questionne Martin Sheen, alias le capitaine Willard, sur la nature de sa venue. Le regard fixe, menaçant, Brando est là aussi fabuleux :

    Kurtz : êtes-vous un assassin ?

    Willard : Je suis un soldat.

    Kurtz : vous n'êtes ni l'un ni l'autre. Vous êtes un garçon de courses, envoyé par des commis épiciers pour encaisser la note...

    Le dialogue improvisé est visible dans la vidéo ci-dessous, à partir de 4''04 :

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