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    Vous ne désirez que moi : Claire Simon raconte la fabrication de son film sur Marguerite Duras
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Claire Simon réunit Swann Arlaud et Emmanuelle Devos pour Vous ne désirez que moi, son nouveau long métrage en salles ce mercredi. Le film fait le récit de la passion entre Marguerite Duras et Yann Andréa. La cinéaste se confie sur ce tournage.

    Le synopsis de Vous ne désirez que moi : Compagnon de Marguerite Duras depuis deux ans, Yann Andréa éprouve le besoin de parler : sa relation passionnelle avec l’écrivaine ne lui laisse plus aucune liberté, il doit mettre les mots sur ce qui l’enchante et le torture. Il demande à une amie journaliste de l’interviewer pour y voir plus clair. Il va décrire, avec lucidité et sincérité, la complexité de son histoire, leur amour et les injonctions auxquelles il est soumis, celles que les femmes endurent depuis des millénaires…

    AlloCiné : Comment vous est venue l'idée de porter à l'écran cette histoire ? Est-ce que Vous ne désirez que moi est un projet auquel vous songiez depuis longtemps ?

    Claire Simon, scénariste et réalisatrice : J’avais lu le texte de cet entretien à sa sortie en 2016 et je l’avais trouvé passionnant. Puis à l’occasion de discussion avec une amie metteur en scène de théâtre qui a travaillé sur Duras je l’ai relu deux fois et l’idée d’en faire un film m’est venue doucement.

    Qu'est-ce qui vous touche plus particulièrement dans ce texte ?

    L’intelligence et la sincérité dans ce récit d’une grande histoire d’amour. L’inversion homme femme est passionnante, qu’un homme parle alors qu’il se sent dans une situation de faiblesse, je trouve ça très rare et grâce à la lucidité de Yann Andréa nous retrouvons des mots, des situations que chacun a traversé, ou peut traverser. Je me reconnaissais dans le rapport de force que l’amour souvent implique.

    L’intelligence et la sincérité dans ce récit d’une grande histoire d’amour.

    Sur le papier, on peut se dire, au premier abord, que ce dialogue ne va pas être évident à devenir cinématographique. Comment avez-vous procédé afin d'en faire une œuvre de cinéma et évité d'en faire un simple huis clos filmé ?

    J’ai voulu montrer ce qui se passe dans une conversation, en tout cas pour moi. Si j’écoute quelqu’un je vois souvent ce qu’il ou elle me raconte … Je me fais un film comme on dit et ici ce film c’est le personnage de Michèle Manceaux (Emmanuelle Devos) qui le crée : elle voit ce que Yann (Swann Arlaud) lui raconte, elle a besoin, comme moi, que les choses soient incarnées, visibles pour les comprendre et pour mesurer leur force. Et puis il est très important qu’un dialogue soit une scène à part entière, c’est un moment où le présent peut toujours tout faire basculer.

    Vous ne désirez que moi
    Vous ne désirez que moi
    Sortie : 9 février 2022 | 1h 35min
    De Claire Simon
    Avec Swann Arlaud, Emmanuelle Devos, Christophe Paou
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    3,0
    louer ou acheter

    Vous ne désirez que moi comprend des images d'archives, ainsi que des dessins. Pouvez-vous parler du choix de ces archives, et de ces dessins. Qui en est l'auteure et comment vous est venue l'idée de ce choix de représentation ?

    On comprend dans l’entretien que Duras est là tout près au rez-de-chaussée. Elle se manifeste dans l’entretien par le téléphone. J’ai choisi que Duras soit la seule personne réelle, documentaire du film (comme Lady Di dans the Queen) et du coup elle apparaît dans des archives, des extraits de films … Et puis j’ai mis aussi des extraits de ses films : India Song et Agatha.

    J’ai aussi mis en scène ce que Yann nous raconte comme si Michèle Manceaux voyait en l’écoutant. Et puis j’ai voulu insister sur l’aspect sexuel du récit de Yann. Il décrit une passion charnelle avec Marguerite Duras. Du coup j’ai demandé à Judith Fraggi de réaliser ces dessins d’étreintes sexuelles qui à l’inverse d’images pornos montrent l’élan amoureux des corps et des visages. Il me paraissait très important de donner une réalité grâce aux dessins qu’imagine Michelle Manceaux à la dimension charnelle de cette passion.

    J’ai voulu que ce dialogue soit un moment au présent.

    La façon dont a été fabriqué le film est assez particulière. Pouvez-vous nous parler du dispositif ?

    J’ai voulu que ce dialogue soit un moment au présent et pour ce faire nous avons finalement glissé vers des plans de 35 / 40minutes où les acteurs pouvaient être complètement libres et moi aussi au cadre. C’est cette liberté du plan séquence, celui qui parle, celle qui écoute, qui est le présent de ce dialogue, de ce moment. Une histoire se dit sous cette forme là et qui ouvre sur des souvenirs des archives des rêveries des extraits de films…

    Pouvez-vous nous dire quelques mots de votre prochain projet, Le corps des femmes ?

    J’ai filmé à l’hôpital les étapes sur le chemin de la vie des femmes de la jeunesse à la fin de vie tous ces moments où notre corps dans sa voie gynécologique nous soumet et nous emporte.

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