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    Des Gens bien ordinaires sur Canal+ : "le fait d'inverser les genres crée une sensation de malaise chez le spectateur" selon Ovidie
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Rencontre avec l'écrivaine, journaliste, scénariste et réalisatrice Ovidie, qui livre avec sa première série un récit dystopique dans lequel un jeune étudiant, Romain, sorte d'alter-ego de fiction, devient une vedette du porno dans les années 1990.

    Avant la série Des Gens bien ordinaires, vous aviez écrit un court-métrage en 2019, Un Jour bien ordinaire, réalisé par Corentin Coëplet et portant sur un sujet similaire : le premier jour d'un jeune homme, Romain, dans le milieu du porno. Quels éléments de ce film avez-vous repris ?

    Ovidie, scénariste et réalisatrice : J'ai repris certains rôles et certains comédiens, j'ai joué au boggle et je les ai ensuite redistribués parce que je trouve ça odieux de faire refaire la même chose à des acteurs. Surtout dans le premier épisode où certains dialogues sont les mêmes  que dans le court-métrage. Romane Bohringer, qui jouait une directrice de production, est devenue une réalisatrice dans la série ; Pablo Cobo, qui était le rôle principal, est devenu Dylan, et Jérémy a donc pris sa place dans le rôle de Romain. 

    Il y a eu un facteur temps : nous avons tourné le court-métrage en 2018, et entre-temps, Pablo a veilli. Il ne pouvait plus jouer le rôle de Romain, qui est censé avoir 18 ans, être un étudiant en socio et et sortir des jupes de sa mère. Pablo n'avait plus ce côté ravi de la crèche que peut avoir Jérémie ! (rires)

    Jérémy Gillet : C'est drôle car on dirait que le rôle de Pablo dans la série est la continuité du court-métrage, trois ou quatre ans plus tard. C'est le mec qui est arrivé, qui a eu ses désillusions et qui s'est résigné en se disant qu'il allait prendre un maximum d'argent et se barrer.

    Pour quelles raisons avez-vous eu envie de prolonger cette histoire en série ?

    Ovidie : Quand on arrive à la fin du court métrage, on a envie de savoir qui est Romain. Ce n'était pas un reproche mais une remarque que des spectateurs m'avaient faite. On se demande s'il a une copine, des amis, quelles sont ses activités à côté, ses préoccupations... En l'occurrence, il a des préoccupations politiques, il a une copine... L'idée était de creuser un peu plus ce personnage-là, essayer de comprendre qui il est. 

    Après, le ton n'est pas du tout de même. Le court-métrage avait ce côté presque un peu ciné-tract, très militant et assez noir, tandis que dans la série, un peu malgré moi je dois le dire, il y a des moments de comédie. (Jérémy Gillet et Raika rient.) Je n'avais pas compris que le résultat pouvait être drôle ! Même les techniciens me disaient qu'ils avaient beaucoup ri lors de certaines séquences. C'est seulement en faisant la lecture générale des scénarios avant le tournage avec Sophie-Marie Larrouy qui s'énervait et toi Jérémy, que je m'en suis rendue compte.

    Jérémy Gillet : C'est très compliqué de prendre Sophie-Marie dans un film et que ce ne soit pas drôle. 

    Raïka Hazanavicius : Je trouve que le rire permet aussi de faire passer un message de façon universelle je trouve. Ca donne un vrai équilibre à la série, et on ne victimise personne.

    Ovidie : Oui et même si tout est ellipsé, il est quand même question de viol aussi à un moment. C'est un peu une projection de ma façon de percevoir le réel. Il y a toujours un truc un peu tragicomique, ou cette espèce de cynisme qui fait que j'arrive à peu près à rire de tout, y compris des violences sexuelles, parce qu'à force de baigner là-dedans toute l'année on devient folle.

    Des gens bien ordinaires
    Des gens bien ordinaires
    Sortie : 2022-06-06 | 12 min
    Série : Des gens bien ordinaires
    Avec Jérémy Gillet, Sophie-Marie Larrouy, Raïka Hazanavicius
    Spectateurs
    2,9
    Voir via MyCanal

    La série est une dystopie dans laquelle les rapports de force et de sexisme sont inversés. Pourquoi avoir choisi justement de mettre un jeune homme dans cette position-là et d'inverser toutes les oppressions sexistes ? 

    Ovidie : Ce procédé d'inversion des pouvoirs et des genres permet de faire ressortir des situations sexistes banales du quotidien. On est dans la banalité du mal. Si j'avais mis une jeune fille qui fait ses premiers pas sur les tournages, on m'aurait demandé de pousser les curseurs : de représenter plus de violence à l'écran, plus d'humiliation... et donc finalement ne pas être complètement fidèle au réel.

    Mais c'est le propre de la fiction, on vous demande d'exagérer les situations, surtout quand on est dans une démarche de dénonciation des violences sexistes ou du sexisme, on va attendre de nous qu'on pousse les choses au maximum. Or je trouvais intéressant de vraiment se limiter à la banalité du sexisme au quotidien dans un milieu qui n'est pas ordinaire pour beaucoup, mais cette violence et ces humiliations-là sont extrêmement banales et peuvent se produire dans n'importe quel milieu.

    Et le fait d'inverser les genres crée une sensation de malaise chez le spectateur sur des points qui ne nous auraient même pas choqués si ça avait été l'inverse. Exemple : le fait que le personnage principal soit avec une femme qui a une dizaine d'années de plus que lui. Si j'avais pris une actrice de l'âge de Jérémy, avec un acteur de l'âge d'Agathe Bonitzer, ça n'aurait choqué personne parce qu'on ne se serait même pas posé la question. Là, on inverse ça et tout de suite on remarque qu'ils ne sont pas bien assortis, et là on se rend compte qu'il y a un malaise par rapport à ce type de représentations. S'il n'y avait pas eu cette permutation des rapports de pouvoir, on ne s'en serait même pas rendu compte.

    Jérémy Gillet : Ce sont des situations qu'on a tellement l'habitude de voir qu'on les normalise. Et le fait d'inverser, ça nous fait tiquer.

    Le personnage de Romain est présenté comme un étudiant venu d'un milieu aisé, faisant des études de sociologie, et qui déclare ne pas vouloir faire du porno pour l'argent ou pour "emmerder ses parents" comme il le dit lui-même. Jérémy, qu'est-ce qui vous a plu lorsque vous avez découvert ce personnage ?

    Au sujet du projet en lui-même, c'est un des rares scénarios où j'ai ri à voix haute en le lisant. Qu'Ovidie le veuille ou non, c'est drôle ! Et on ne parle tellement jamais du porno, c'est un milieu qui est extrêmement tabou et pourtant tout le monde en regarde. Ça n'est pas normalisé, et pourtant ça devrait l'être, et je n'ai pas le souvenir qu'il y ait eu des fictions qui soient faites sur ce milieu, encore moins par le prisme d'une dystopie comme celle-là avec des rapports inversés.

    Ce que j'ai beaucoup aimé avec le personnage de Romain, c'est que c'était un mec qui n'avait pas le profil et qui est arrivé là-dedans, et on apprend au fur et à mesure pourquoi il est là. Et ce n'est pas tellement pour emmerder ses parents, c'est pour emmerder tout le monde. 

    Ce sont des situations qu'on a tellement l'habitude de voir qu'on les normalise. Et le fait d'inverser [les genres], ça nous fait tiquer.

    Raïka, dans une scène, votre personnage, Isaure, l'amie de Romain militante qui s'oppose à son choix de se lancer dans le porno, lui dit qu'on "ne peut pas dénoncer le spectacle en étant un produit du spectacle".

    Raïka Hazanavicius : C'est son ami, il y a ce débat qui existe entre eux parce que ce sont deux personnes qui se rejoignent politiquement, qui sont investies, donc je pense que le débat anime toutes leurs discussions. Mais dans ses actes, elle l'accompagne. Elle fait quand même preuve de soutien émotionnel parce qu'elle l'aime beaucoup...

    Ovidie : Elle l'aime plus que beaucoup, même. (rires)

    Raïka Hazanavicius : Ses sentiments amoureux sont un peu cachés, elle ne les assume pas, mais ils se connaissent depuis longtemps et elle l'aime profondément. Même si elle ne comprend pas tout, elle lui fait confiance. Et surtout, ce dialogue arrive aussi après une agression verbale dans la rue, qu'elle projette sur elle aussi. C'est presque une réflexion provocatrice, qui donnera lieu à une fracture plus tard dans la série.

    Cette discussion reflète aussi toutes les contradictions des luttes de gauche pour la reconnaissance des droits des travailleur.euse.s du sexe...

    Jérémy Gillet : Oui, il y a plusieurs manières de militer, comme le fait de vouloir tout faire péter qu'Isaure représente, d'être tellement révolté qu'on ne veut même pas être dans l'échange et le dialogue et de vouloir tout changer. Je pense que Romain essaie d'être un peu plus fourbe : on infiltre le milieu pour le changer et le ronger de l'intérieur, parce qu'il pense que ça ne marchera pas en voulant tout faire péter, et c'est là qu'ils sont en désaccord.

    Ovidie : Ce questionnement-là me hante au quotidien depuis plus de vingt ans. Il m'a été renvoyé à l'époque par mes camarades eux-mêmes en me disant que je trahissais la cause des femmes, et qu'en vendant mon cul au plus offrant, je prônais une forme de consumérisme des corps... 

    Et plus philosophiquement parlant, pour prétendre être le ver dans le fruit, qui est la stratégie annoncée à la fin, est-ce que ce n'est pas un fantasme un peu vain et petit-bourgeois aussi que de prétendre qu'on va changer le monde de l'intérieur dans les industries du spectacle ? Toutes les luttes médiatisées sont condamnées à être récupérées par le spectacle quoi qu'il en soit. 

    A partir de là qu'est-ce qu'on fait ? Est ce qu'on poursuit cette stratégie du ver dans le fruit, ou est-ce qu'on part du principe qu'il ne faut surtout pas avoir affaire à ce milieu-là ? C'est Jean-Gabriel Périot qui disait que c'est un fantasme petit-bourgeois que de penser qu'on va faire la révolution avec un film. Il a raison, et c'est c'est une autocritique que je me fais à moi-même quand je fais dire ça au personnage d'Isaure. 

    En faisant ce choix de parcours, Romain tente aussi de se réapproprier son corps alors qu'il vit une relation d'emprise avec Linda, une enseignante plus âgée que lui (Agathe Bonitzer). Vous montrez que l'idée même que quelqu'un puisse vouloir se réapproprier son corps en faisant du porno provoque une résistance, alors même que le porno est un genre massivement consommé, ce qui révèle une certaine hypocrisie... 

    Jérémy Gillet : Oui c'est une manière de se réapproprier son corps vis à vis de de Linda, mais aussi de ses parents. Il y a une scène de dîner avec les quatre personnages, et ils parlent de Romain comme s'il n'était pas là. Ce sont des choses qui je pense arrivent tout le temps aux couples hétéronormés avec des hommes plus âgés et des femmes plus jeunes face à leurs beaux-parents. Sauf que là, comme c'est inversé, ça choque plus, et le message passe mieux.

    Ovidie : Lorsque Romain décide de se lancer dans le porno, Linda vrille à ce moment-là. Elle se rend compte que sa position dans le couple de femme plus âgée et diplômée ne lui sert plus à rien, et qu'elle n'a plus aucun contrôle sur cette partie-là qui lui échappe. Sa façon de s'approprier son destin et sa liberté, c'est de passer par une réappropriation de son corps. Après, on peut estimer que c'est n'importe quoi, mais n'empêche que ça lui appartient, et que c'est lui qui est décisionnaire de cette partie-là, même si les autres ne le comprennent pas.

    Jérémy Gillet : C'est aussi les gens qu'ils rencontrent dans ce milieu qui vont l'aider à se défaire de cette relation. Le personnage d'Andrée en particulier, jouée par Sophie-Marie Larrouy, va lui dire que ce n'est pas une relation saine et que c'est vraiment de l'emprise. C'est au contact de ces gens-là qu'il va réussir à s'en défaire.

    Sa façon de se s'approprier son destin et sa liberté, c'est de passer par une réappropriation de son corps. Après, on peut estimer que c'est n'importe quoi, mais n'empêche que ça lui appartient, et que c'est lui qui est décisionnaire de cette partie-là, même si les autres ne le comprennent pas.

    Sophie-Marie Larrouy qui se trouve être une de vos fidèles collaboratrices...

    Ovidie : Oui, on avait déjà fait le premier court-métrage ensemble, après on a travaillé sur "Libres !" (adaptation en série animée documentaire pour Arte de sa BD sur les diktats sexuels, ndlr.). On a fait aussi un autre court-métrage pour France 2, D'autres Chats à fouetter, qui devrait sortir avant la fin de l'année, et j'avais participé à deux de ses podcasts À bientôt de te revoir. C'est ma buddy ! On est très amies, même si je pense que quand on nous voit ça ressemble un peu à l'alliance de la carpe et du lapin. (rires) Elle a cette capacité de pimper ses personnages en ajoutant des petits bouts de dialogues, des attitudes... Elle est toujours force de proposition. 

    Jérémy Gillet : On lui donne de la poudre, elle en fait de l'eau pétillante !

    Raïka Hazanavicius : Elle fait preuve d'énormément de justesse et de générosité avec les autres sur le plateau, elle met les curseurs hyper haut et ça ne bascule jamais dans le ridicule. C'est un vrai moteur dans la série, qui amène plein de couches supplémentaires. Son personnage a une très belle évolution parce qu'on ne s'y s'attend pas, et je trouve que c'est une belle déclaration d'amour à l'humain qu'on fait à travers elle. 

    Sa relation avec Romain montre aussi que l'amitié est un aspect essentiel, sinon déterminant de son parcours et de son épanouissement. 

    Ovidie : Romain n'est pas intéressé par le couple, ni par l'amour ni par le cul, seuls ses liens d'amitié sont extrêmement forts. Le personnage d'Andrée est très ancré dans le réel, alors que le personnage de Romain est complètement éthéré, diaphane, un peu acteur Nouvelle Vague... Jérémie n'a jamais été aussi pur à l'écran. (rires)

    Pour la direction artistique de la série, vous avez fait le choix de compositions de cadre très esthétiques avec beaucoup de jeux sur la symétrie en filmant en 4/3, une palette chromatique dans des tons bleus plutôt froids ainsi que de nombreux plans fixes, parfois très longs. Qu'est-ce qui vous a orienté vers cette mise en scène et quel ton vouliez-vous donner à la série ?

    Ovidie : le choix du 4/3, c'était une façon de revenir au format des années 1990, mais c'est aussi le format des premiers films que j'ai réalisés. Aujourd'hui, je tourne la plupart de mes films et de mes documentaires en scope, donc j'avais complètement perdu l'habitude de ce format-là. Il y avait cette idée de retour aux sources par rapport à cette époque-là, mais aussi de toujours placer le personnage au centre, car Jérémy est dans toutes les séquences. On découvre constamment le monde à travers ses yeux. 

    J'aime aussi cette composition un peu picturale, qu'on retrouve un peu dans mon documentaire Le procès du 36 (diffusé le 27 avril dernier sur France 2, ndlr), que j'ai fait avec le même chef opérateur. On parlait de liens d'amitié tout à l'heure, je suis très fidèle en amitié et aussi en relations professionnelles, et mon chef opérateur sait aussi comment je fonctionne et on peut aller au plus vite sur le plateau, parce qu'on a eu très peu de temps de tournage. On a tourné les dix épisodes en dix-huit jours, c'était un rythme très soutenu, donc on ne pouvait pas le faire avec une équipe qui n'avait pas l'habitude de travailler ensemble.

    Je n'en dors pas de la nuit si les perspectives d'un plan ne sont pas exactement celles que je choisis. Si c'est un peu décadré je ne me sens pas bien, c'est presque un TOC. Cette obsession de la symétrie, c'est une projection de mon esprit : je vis dans un monde avec des lignes en angle droit ou parallèles, un peu tragicomique et dystopique, où on ne sait pas trop s'il faut rire ou pas, où tout le monde est un peu éthéré... Je perçois le monde et les relations humaines comme ça, même si ça peut faire rire. Quant à la couleur désaturée, c'est aussi un élément récurrent de mes autres films de montrer un monde très froid. 

    Comment est venu le choix du titre, Des Gens bien ordinaires ?

    Ovidie : Ce qui m'a toujours posé problème avec la quasi-totalité des films documentaires ou de fiction que j'ai pu voir sur le porno ces vingt dernières années, c'est qu'on avait toujours cette sensation de visiter un zoo humain, de se dire qu'on rentre dans un milieu qui n'est pas le sien, avec des gens que je mets à distance de moi-même, parce qu'ils ne me ressemblent pas. 

    Ce que je voulais montrer dans cette série, c'est que ces gens-là sont des gens comme nous, et que Romain, c'est notre pote, notre fils... Des gens qui pourraient faire partie de notre quotidien, et qu'ils se retrouvent dans un monde que la plupart des gens ne comprennent pas, mais que leur façon d'interagir est finalement extrêmement banale, d'où le titre.

    Il y a aussi une dimension pudique à ne pas vouloir pousser les frontières trop loin, parce que ça ne sert à rien. La quasi-totalité des documentaires que j'ai pu voir là-dessus étaient beaucoup axés sur la violence, un peu racoleurs...  C'est intéressant parce qu'au moment même où on faisait la série, le film Pleasure de Ninja Thyberg est sorti en salles. J'ai trouvé que c'était vraiment l'extrême opposé parce que ce n'était pas un point de vue situé, mais celui de quelqu'un qui est allé à Los Angeles pour visiter un zoo.

    Jérémy Gillet : C'était comme si on regardait la situation de haut, et il y avait un mépris presque obligatoire qui en ressortait parce que le point de vue ne venait pas de l'intérieur.

    Raïka Hazanavicius : Il y avait aussi beaucoup de scènes de sexe, et ce que j'aime beaucoup dans la série à ce titre, c'est qu'on comprend très bien le message sans. Ce n'est pas parce qu'on parle du milieu du porno qu'on a besoin d'en montrer à chaque scène, ce n'est pas le sujet du tout. On comprend très bien le travail de ces gens, on le connaît, on en regarde tous, ce n'est pas pour ça qu'on regarde la série !

    Des Gens bien ordinaires saison 1, à partir du lundi 6 juin à 23h04 sur Canal+ et disponible en intégralité sur Canal+ Séries et myCANAL.

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