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    Un été comme ça : comment filmer le sexe sans jugement
    Vincent Garnier
    Vincent Garnier
    -Rédacteur en chef
    Cinéphile omnivore, Vincent « Michel » Garnier se nourrit depuis de longues années de tous les cinémas, sans distinction de genres ou de styles. Aux côtés de Yoann « Michel » Sardet, il supervise la Rédac d’AlloCiné et traque les Faux Raccords.

    Avec "Un été comme ça", Denis Côté s'intéresse à la sexualité féminine sans fausse pudeur ou préjugés. Rencontre avec un réalisateur qui ose.

    AlloCiné : Comment est né Un été comme ça ?

    Denis Côté : L’étincelle a été un bouquin écrit par une historienne new-yorkaise. Le livre date de 2002. Elle se questionne sur les définitions et perceptions du mot "nymphomane" à travers les âges. Ça m’a fasciné. La suite a été une aventure d’écriture assez conventionnelle autour de quelques personnages féminins. Il y avait quelque chose du challenge aussi. L’époque est ce qu’elle est et je suis un homme blanc hétérosexuel. L’aventure était risquée mais j’avais envie de quelque chose de très doux, bienveillant, délicat, mais au final très ambigu aussi.

    Un été comme ça
    Un été comme ça
    Sortie : 27 juillet 2022 | 2h 17min
    De Denis Côté
    Avec Larissa Corriveau, Aude Mathieu, Laure Giappiconi
    Presse
    2,9
    Spectateurs
    2,4
    louer ou acheter

    Le film infuse lentement chez le spectateur et laisse une trace durable...

    Je remarque qu’aux termes des projections, les applaudissements sont... perplexes. Ce n’est pas un film qui se donne facilement. Je crois qu’on ne se permet pas immédiatement d’aimer le film. Puis, oui, j’ai beaucoup entendu que le film reste en tête, trois, quatre, cinq jours plus tard. Je le prends comme un compliment bien sûr.

    Les films qui racontent les thérapies obéissent quasiment tous à un schéma balisé. Votre film fait tout exploser.

    On peut dire ça. Simplement parce que cette thérapie ne m’intéresse pas et n’existe pas pour moi. C’est un prétexte très joueur pour regarder des gens vivre, loin de toutes considérations trop narratives. Le film n’a pas de chronologie ni pivots dramatiques. Il est très horizontal.

    Si j’avais décidé que la thérapie avait une importance, que ces femmes doivent être "guéries" de quelque chose, je serais parti sur des bases que je cherche à gentiment dénoncer. Imaginez le même film qui surlignerait que ces femmes sont malades, que leur sexualité est problématique et déviante. Je ne voudrais pas voir ce film. Je veux voir un film qui dit "laissez-nous la paix, nous sommes belles (et beaux) dans nos contradictions et nos faiblesses".

    Pourquoi ce titre ?

    Il ne laisse absolument pas deviner quel film nous attend. Je voulais quelque chose de très rohmérien ou rivettien. Une sorte de boîte de Pandore. Qu’est-ce qu’on va y voir ? Du drame bourgeois ? De la comédie de mœurs bien légère ? J’aime bien. Aussi, que retiendront ces femmes de leur été ? Peut-être rien, peut-être beaucoup. C’est Un été comme ça.

    Comment avez-vous abordé le tournage des scènes qui flirtent avec la limite ?

    Nous avons eu un très beau tournage. Sans difficulté ni once de malaise. Tout est dans la communication et la préparation. Les gens que je filme sont d’abord des amis. On blague et communique beaucoup ensemble avant le tournage. Ça rend confiant et ça allège tout. C’est très rare que je choisisse un acteur ou une actrice qui doit se présenter un matin à 8h pour faire sa scène puis au revoir.

    La force du film vient aussi de ses interprètes. D'où viennent ces comédiennes ?

    Oui, le cast est formidable et généreux. Je suis tombé amoureux du visage tragique d’Anne Ratte Polle. Elle a appris le français pour le film. C’était ma troisième collaboration avec Larissa Corriveau et ce ne sera pas la dernière. Pour Aude Mathieu (Geisha), je voulais quelqu’un qu’on n'a jamais vu. C’était son premier long métrage. Laure Giappiconi est française, inconnue chez nous, déjà très à l’aise dans la performance et la réalisation de courts métrages érotiques. Elle m’a beaucoup aidé à me mettre à l’aise avec le sujet. Et bien sûr Samir Guesmi, pour sa présence, sa voix unique. C’est définitivement un casting qui paraît étrange ou sorti de nulle part.

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