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    La Maison d'en face sur M6 : "Eve va s'enfoncer dans la folie" selon Julie de Bona
    Jérémie Dunand
    Jérémie Dunand
    -Chef de rubrique télé / Journaliste
    Bercé dès l’enfance au rythme de Sous le soleil, de P.J., ou des sagas de l’été, il se passionne de plus en plus pour les séries françaises au fil du temps. Et les dévore aujourd’hui (presque) toutes, de Balthazar à Scènes de ménages, en passant par Hippocrate, Candice Renoir, Ici tout commence.

    Alors que la diffusion de "La Maison d'en face" continue ce soir sur M6, Julie de Bona revient pour nous sur les hésitations qu'elle a eues à la lecture du scénario, sur la construction de son personnage, et sur ses envies de comédie et de folie.

    AlloCiné : Eve, que vous incarnez dans La Maison d'en face, est un personnage plus trouble que ceux qu'on a l'habitude de vous voir jouer à l'écran. C'est ce qui vous a plu dans ce projet ?

    Julie de Bona : Oui, vraiment. Ce n’est pas l'enquête policière qui m'a dit attiré, c’est le côté intrigant de toute cette histoire et ces personnages qui vrillent. C'est vrai que mon personnage est différent de ce que je joue d'habitude. Il y a un côté beaucoup moins positif.

    Eve fait de très mauvais choix (rires). Et ça m’a bien plus de jouer une femme aussi trouble. Je n’arrête pas de le dire à tout le monde (rires). Elle a un côté très obsessionnel. Sans son bébé, elle n’a plus de vie. Et puis il y a tout l’aspect de la série sur l’échangisme qui m'a beaucoup plu aussi. On le sent venir peu à peu mais ce n'est pas évident au départ, j'ai trouvé ça génial.

    Votre personnage traverse le pire des drames : la perte d’un enfant. Avez-vous eu des appréhensions au moment de lire le scénario ?

    J’ai eu très peur, je ne voulais pas le faire au début. J'en ai beaucoup parlé avec mon agent. C’est la réalisateur Lionel Bailliu qui m'a proposé la série. J'avais fait Innocente avec lui. C'était une de mes premières grosses séries, j'avais beaucoup aimé travailler avec lui. C’était mon premier rôle dramatique, il y avait beaucoup de force dans mon personnage. Et là, après avoir lu le scénario de La Maison d’en face, j'ai eu un rejet total du personnage en premier lieu. A cause de la mort de ce petit bébé. Je me suis dit "C’est mort, je ne peux pas, je ne peux pas".

    Mais il n'y a pas que ça. À la lecture du scénario, je ne comprenais pas le personnage d’Eve, je trouvais qu’elle faisait des choix incompréhensibles, je la trouvais inhumaine. J'ai fait part de ce rejet à Lionel, et puis finalement j'ai pris le temps de bien relire la série et mon agent est arrivé à me convaincre en me disant que ce rôle me permettrait de sortir de ma zone de confort et d’ouvrir la porte à d’autres types de personnages. J'ai alors appelé ma coach et on a fait un gros travail de dissociation. Et tout le boulot a été de construire le personnage loin de moi.

    Et en fin de compte, grâce à ça, j'ai réussi à incarner cette femme qui pense que la vie c’est une carte postale et qui veut un enfant car, pour elle, c’est l’image de la famille qui prime. C’est hyper loin de moi. Mais cette Eve j’ai commencé à la comprendre, à la connaître et à l'adorer. Je suis rentrée dans les méandres de son obsession, de sa raison d'être. Et tout d'un coup j'ai tout compris.

    En arrivant sur le plateau ça a été d'une facilité incroyable. J'ai pu jouer ce drame sans que ça m’affecte du tout. J’en étais la première étonnée, mais j’ai vraiment joué ce personnage avec une sensation d’amusement folle. Alors, qu’avant, sur une série comme Plan B, je pense que je me suis laissée un peu déborder, le personnage, l’histoire, ça m’a chamboulé. Mais là, pas du tout.

    Julien CAUVIN/INCOGNITA/M6

    Ça vous a donné envie de poursuivre vers des personnages encore plus sombres par la suite, plus méchants, plus machiavéliques ?

    Complètement. Je pense qu’Eve fonctionne par instinct de survie. Tout d’un coup elle vrille et s’enfonce dans la folie. Mais c’est une folie douce. Elle peut essayer éventuellement de tuer quelqu’un, mais elle n’y va pas (rires). Et moi, dans mes autres rôles, j’aimerais bien aller plus loin avec mes personnages. Je crois que maintenant j'ai envie d'aller jouer la folie ou la manipulation. Ça m'a bien plu.

    Je pense que La Maison d’en face c’était une première étape. On monte peu à peu les curseurs. Mais c’est super. Ça ouvre la porte sur quelque chose de nouveau. Je pense que là j’ai exploré 5 % de la noirceur humaine. Il y a encore tant à explorer, et j’ai vraiment envie de ça maintenant, à ce stade de ma carrière.

    La série a un côté très Desperate Housewives. C’était assumé dès l’écriture ?

    Je crois, oui. Je suis très contente de ça. Je pense qu'il fallait aller à fond là-dedans de toute façon. J’ai adoré que la musique soit proche de celle de Desperate Housewives, qu’il y ait plein de références, de clins d’œil, comme cette rue et ces pavillons de banlieue où vivent les personnages. J’ai trouvé ça super de jouer là-dessus. Grâce à ça, la série n’est pas trop réaliste. Il y a un côté too much, presque tragicomique parfois, et c’est ce qui fait que la série ne ressemble pas à ce qu’on voit tous les jours à la télévision française.

    La Maison d'en face
    La Maison d'en face
    Sortie : 2022-09-20 | 52 min
    Série : La Maison d'en face
    Avec Julie de Bona, Caterina Murino, Thierry Neuvic
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    2,9

    Il y a une belle alchimie entre Marc Ruchmann, Thierry NeuvicCaterina Murino et vous. Ça a été une évidence entre vous quatre sur le tournage ?

    Je connaissais Thierry, avec qui j'ai tourné il y a presque 20 ans La Légende des 3 clefs. J'avais rencontré Caterina lors du Festival de Dinard, on avait fait partie du jury toutes les deux et on était devenue copines. Et plus récemment on avait joué ensemble dans Plan B, c’est elle qui me donnait le Plan B lors d’une courte apparition. Mais par contre je ne connaissais pas du tout Marc, on s’est vraiment rencontré sur le tournage.

    Et c’est vrai qu’en revoyant la série, je me suis dit que je ne pourrais pas imaginer d’autres acteurs à leur place dans les rôles de Yanis, Livia, et Stéphane. Caterina, elle dégage une sensualité en permanence. Pour le rôle, c'est parfait. Et la scène où ils nous apprennent qu’ils font de l’échangisme, ça fonctionne super bien, Caterina et Thierry sont super, et on se demande forcément ce qu’on ferait si un couple d’amis nous proposait un tel scénario (rires). Leurs prestations y sont pour beaucoup.

    Y a-t-il une scène que vous retenez en particulier ? Qui a été plus dure à tourner que les autres ?

    La mort du bébé, bien sûr, même si c’est fugace. J’avais dit à Lionel que je voulais jouer le strict minimum, que je ne voulais pas qu’on montre cette mort. J’avais la sensation que ce n’était pas utile, et puis surtout ce genre de scène c’est super difficile à jouer. De toute façon, avec La Maison d’en face, on est quand même sur deux sujets qui ne se font pas en télé, qui ne sont pas évidents : la mort d’un bébé et l’échangisme. Scénaristiquement, ça peut vite être casse gueule.

    J’ai beaucoup réfléchi et j’ai dit à Lionel "Il faut vraiment être très pudique là-dessus". Je redoutais cette séquence, ce sont des images qui restent dans la tête, mais finalement c'est un plan, on l’a tournée très vite, ça duré une demi-heure sur le tournage. Et ça a été fait avec pudeur, je suis contente.

    La Maison d'en face est l'adaptation d'une série néerlandaise qui a connu quatre saisons. Seriez-vous partante pour une saison 2 en cas de succès ?

    Oui, je suis partante. Mais seulement si Eve devient vraiment folle. La production est déjà prévenue (rires). Pour moi, cette première saison c’est les prémices de quelque chose. Et si on ne pousse pas le curseur, si je refais un peu la même chose, je ne suis pas sûr que ça m’intéresse. J’aime le fait qu’on soit sur du drama qui se décale, Eve devient peu à peu désaxée. Et j’aime bien ce côté désaxé. Donc si on pousse plus loin je serais ravie. Mais tout dépend de ce qu'ils vont faire et de qu’ils vont écrire. Si ça ne me plaît pas, je sais que je serais la moins bonne des actrices. Donc on verra.

    Julien CAUVIN/INCOGNITA/M6

    Votre rentrée est chargée avec Les Combattantes le lundi sur TF1 et La Maison d’en face le mardi sur M6. Vous trouvez que c’est un peu dommage que tout arrive en même temps à l’antenne ?

    Oui, c’est un peu dommage. C’est un peu comme quand on a deux mariages d'amis le même jour. J’aurais évidemment préféré qu’il y ait plusieurs mois entre les deux séries. Mais il y a la Coupe du monde de football qui arrive en novembre, je crois que ça a forcé les chaînes à anticiper et à proposer beaucoup de séries dès septembre.

    Mais je ne cache pas que j'avais envie de mettre du soin à chacune des séries, au niveau de la promo. Et puis c'est beaucoup d'émotion pour moi la sortie d'une série. Le retour du public, l’échange, on a envie de d’apprécier ça, donc là sur deux séries en même temps je ne sais pas comment je vais le vivre. C’est fort. En plus ce sont deux rôles complètement différents, deux séries très différentes. Mais c’est comme ça.

    Espérons que ça aide les séries, plutôt que ça les desserve. Et que les spectateurs se disent pas "On la voit partout, elle nous soule, on zappe". Mais heureusement ce sont deux séries chorales, je n’ai pas le rôle-titre comme dans Plan B, ce n'est pas comme si on voyait ma tête partout. Tant mieux, sinon je pense que ça en achèverait certains (rires).

    Vous tournez actuellement la saison 2 de L’école de la vie, dans laquelle vous incarnerez la nouvelle prof principale de la série, qui succède au personnage de Guillaume Labbé. Que pouvez-vous nous en dire ?

    Je suis ravie de cette nouvelle aventure. Je pense que la saison 2 va être encore meilleure que la saison 1 qui était déjà superbe. Le personnage qu'ils ont écrit est incroyable. On se rapproche vraiment du Cercle des poètes disparus. Et comme c'est un de mes films préférés, je suis ravie. Il y a une vraie subtilité du personnage qui est dans la bienveillance. Elle doit sauver ces gamins, et en même temps il y a quelque chose qui la touche personnellement. Et elle a un drame personnel qui se joue en même temps.

    C’est extrêmement bien écrit, le réalisateur, Slimane-Baptiste Berhoun, c’est une merveille. Une vraie belle rencontre. Et vous verrez qu'il y a beaucoup d'humour, beaucoup de comédie, mon personnage est très solaire. C’est différent de la première saison où le personnage de Guillaume Labbé subissait un énorme drame dès le départ, c’était un peu plombant. Là on est totalement sur autre chose. Le drame arrive plus tard pour mon personnage. Mais je ne peux pas tellement en dire plus.

    Un mot sur vos projets à venir ?

    On me verra bientôt, sur M6, dans Le Souffle du dragon. C’était un bonheur de retourner avec Stéphanie Pillonca, qui m'avait dirigée dans Apprendre à t'aimer. C’est un vrai téléfilm choral, un téléfilm de femmes. Et on s’est vraiment aimées sur ce tournage avec Julie Gayet, Firmine Richard, Lola Dewaere, Annie Gregorio, et Bérengère Krief que je ne connaissais pas et qui a été une magnifique rencontre. Il y a eu vrai tourbillon d’amour entre nous toutes. C’est assez rare. Et malgré le sujet, puisqu’on parle du cancer, c’est un film hyper solaire. Un film de combattantes, vraiment dans la sororité. Et ce sera diffusé le 11 octobre sur M6, pour "Octobre rose".

    Et ensuite, dès janvier, je serai au théâtre. Ça va me faire du bien. Ça me manquait vraiment. Ça fait longtemps que je lis plein de pièces sans trouver mon bonheur. Et là j'ai trouvé mon bonheur avec Elie Semoun. On va jouer un couple qui se déchire dans une pièce de Bernard Murat qui va s’appeler Suite royale. Ça se jouera au Théâtre de la Madeleine dès la fin janvier 2023, et moi qui avais envie de comédie et de folie, je vais être servie. Je sens que je vais me régaler et je suis ravie d’aller à la rencontre du public.

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