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    "J'ai pris la récompense de Polanski comme une gifle !" : Florence Foresti revient sur la houleuse 45e cérémonie des César
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Dans le dernier numéro de Télérama, Florence Foresti évoque ses souvenirs de la très houleuse 45e soirée des César, où elle officiait en tant que maîtresse de cérémonie. "J'ai eu le sentiment d'être le violoniste du Titanic" dit-elle...

    C'est peu dire que la 45e cérémonie des César, qui s'était tenue le 28 février 2020, fut marquée par de fortes tensions. Entre une manifestation provoquée par les nominations nombreuses pour Roman Polanski et son film J'accuse, le départ fracassant d'Adèle Haenel, et certains comédiens comme Lambert Wilson, qui dénonceront "le lynchage public" de la cérémonie, le malaise fut intégral.

    Wilson était d'ailleurs revenu sur le discours, à la fois engagé et humoristique, de Florence Foresti, maîtresse de cérémonie de cette 45e édition : "Je parle de gens que j’aime énormément, mais oser évoquer un metteur en scène en ces termes… Parler d’Atchoum, montrer une taille… Et en plus, qu’est-ce qu’on va retenir de la vie de ces gens par rapport à l’énormité du mythe de Polanski ? Qui sont ces gens ? Ils sont minuscules." 

    Interviewée dans le dernier numéro de Télérama, la comédienne livre justement ses douloureux souvenirs de cette soirée. "J'ai eu le sentiment d'être le violoniste du Titanic" lâche-t-elle, "assistant à la fin d'un monde de privilèges qui n'avait plus de raison d'être, et qui continuait à s'accrocher alors que nous étions à la veille de la pandémie, déjà au bord du gouffre. J'avais une mission précise : présenter une émission, égayer public et spectateurs dans un climat épouvantable".

    Elle poursuit : "Aujourd'hui encore, je reste persuadée que cette cérémonie était infaisable, mais que je l'ai bien faite. [...] Il me fallait quand même montrer que je n'étais pas d'accord avec ce qui était en train de se passer. Mais je ne pouvais pas non plus dynamiter la soirée, ce n'est pas mon rôle.

    Surtout, j'étais persuadée que dans un tel climat, les votants n'éliraient pas Roman Polanski. J'ai pris sa récompense comme une gifle qui m'était personnellement adressée. C'était pour le vieux monde, une manière de dire à toutes les femmes : "Vos gueules les putes ! Nous sommes encore là". Je me suis mise à pleurer, comme une enfant".

    Florence Foresti ne reviendra pas sur la scène ce soir-là. "C'était le dernier prix, et je n'avais pas besoin de remonter sur scène. Ça aurait été démago et grotesque d'y aller les larmes aux yeux. Un aveu de faiblesse et une façon de leur donner raison".

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