4 ans après Ni juge, ni soumise, César du meilleur documentaire en 2019, les réalisateurs belges Jean Libon et Yves Hinant reviennent avec Poulet frites. Dans ce second long métrage Strip-tease on retrouve la juge Anne Gruwez, personnage central du premier film.
Cette histoire vraie digne d'un polar plonge le spectateur au cœur de l'enquête de Jean-Michel Le Moine et de son équipe afin de trouver le meurtrier de Kalika. Si tout semble accuser son conjoint, l'enquête va démontrer qu'une frite peut tout faire basculer (surtout en Belgique)...
Un vrai polar
Dans la lignée de l'émission belge à succès Strip-tease diffusée sur France 3, ce documentaire en noir & blanc n'a rien à envier à une fiction. Reprenant la construction d'un polar, le film plonge le spectateur au cœur d'une enquête. On y suit les réflexions des policiers et de l'inénarrable juge, les perquisitions, les discussions avec l'accusé...
Le spectateur mène l'enquête aux côtés des brigadiers et découvre peu à peu des personnages hauts en couleurs qui auraient pu être scénarisés tant certaines situations prêtes à rire.
Apollo Films
Pour les réalisateurs, dans un polar: "Peu importe le criminel, du moment que ceux qui le traquent se passionnent pour son profil". Et l'Inspecteur bruxellois Jean-Michel Lemoine et son équipe sont clairement investis dans leur enquête sur l'assassinat de Kalika, tuée chez elle à coups de couteau.
Si tout accuse son conjoint, un toxicomane qui vit dans le même immeuble et dont la seule ligne de défense est ”si je l’avais tuée, je m’en souviendrais quand même !”, la brigade va aller au-delà des apparences. Les enquêteurs font ici preuve d'une grande humanité et croient en la parole des accusés.
Strip-tease sur grand écran
Lancée en Belgique en 1985, Strip-tease est une émission de télévision documentaire créée par Jean Libon et Marco Lamensch et montre des instants de la vie quotidienne dans lesquels les spectateurs peuvent se reconnaître.
Pendant plus de trente-cinq ans, le programme, sans interview, ni voix off, proposait de "déshabiller la France et la Belgique". Devenu culte, Strip-tease tirait son influence des comédies sociales à sketches italiennes et a marqué l'histoire de la télévision. L'émission s'est terminée en 2012.
Les créateurs arrivaient à tirer le drôle des situations parfois tragiques. Et Poulet Frites en est le digne héritier. On se laisse happer par cette tragédie sociale belge, parfois cruelle, parfois drôle mais toujours sincère.
Apollo Films
Filmer le réel
Les producteurs Bertrand Faivre et François Clerc soulignent dans le dossier de presse du film : "Il est toujours très délicat pour une œuvre de changer de nature. Les romans ne sont pas toujours sublimés par leurs adaptations cinématographiques ou théâtrales, les magazines télé ne se convertissent pas toujours harmonieusement en long-métrage cinéma (...).
Dans Strip-tease, c’est le réel qui mène la danse. Rien n’est écrit à l’avance. On peut certes déterminer le milieu que l’on va essayer de déshabiller, mais c’est à peu près tout..."
Il faut donc accepter de poser sa caméra et de suivre une enquête qui, peut-être n'aboutira pas puisque rien n'est écrit à l'avance. Et la formule a déjà fait ses preuves sur grand écran puisque Ni Juge, ni soumise, sorti en février 2018 (et disponible sur Netflix), a totalisé 203 000 entrées au box-office français et remporté les César et Magritte du Meilleur Documentaire en 2019.
Poulet Frites sort ce mercredi dans nos salles.
