'Je jure comme réalisateur de m'abstenir de tout goût personnel. Je ne suis plus un artiste. Je jure de m'abstenir de créer une oeuvre', affirment les cinéastes danois du mouvement 'Dogme 95', qui ont cette année deux représentants en compétition à Cannes.
Lars von Trier avec 'Les idiots', et Thomas Vinterberg avec 'Fête de famille' sont même à l'origine du 'Dogme', lancé au printemps 1995 en réaction à 'certaines tendances' du cinéma contemporain. S'insurgeant contre une dramaturgie 'prévisible' et la 'dérive technologique', affirmant la nécessité d'une 'avant-garde' alors que le media se fait de plus en plus accessible et que 'tout le monde peut faire des films' ils instituent une série de règles rigides pour 'forcer la vérité hors de (mes) personnages'.
Tournage en décor réel et caméra (souvent vidéo) à la main, format 35 mm en couleurs, pas d'éclairage artificiel, son direct uniquement (pas de musique si elle n'est pas jouée dans une scène). Pas de costumes, pas d'accessoires non plus, à moins qu'on ne les trouve sur le lieu choisi pour le tournage. Côté scénario, pas de 'film de genre' ou d'actions 'superficielles' telles que meutres et autres coups de feu. Enfin, le nom du réalisateur ne doit pas figurer au générique, ce qui est 'uniquement symbolique' reconnaît Thomas Vinterberg, puisque 'les gens savent bien qui a fait le film'.
'Dogme 95' rassemble cinq réalisateurs, tous Danois.
Pour Thomas Vinterberg 'l'intention est la chose la plus importante' dans ces règles 'écrites en une demi-heure et en s'amusant beaucoup'. Le réalisateur a d'ailleurs estimé lundi au cours de sa conférence de presse de présentation de son film (celui de Lars von Trier n'a pas encore été projeté) 'qu'au bout de quelques minutes le public a oublié que c'est un film Dogme'.
Martin Scorsese, président du jury, interrogé sur son sentiment sur ce
mouvement au début du Festival, avouait pour sa part 'ne jamais en avoir
entendu parler'.(AFP)
