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    Hollywood contre la violence ?

    Après le massacre de Littleton, Hollywood va-t-il prendre conscience des effets néfastes de la violence à l'écran ?

    L'Amérique a été profondément choquée par le massacre de treize étudiants dans le lycée de Columbine dans la petite ville aisée de Littleton, proche de Denver (Colorado). Deux adolescents ont ouverts le feu sur leurs camarades avant de retourner l'arme contre eux.

    Cette tragédie relance le sempiternel débat sur la violence à l'école, mais surtout de la "culture de la mort" à laquelle la jeunesse yankee aime se retrouver à travers la télévision, le cinéma et les jeux vidéos.

    Cette violence omniprésente explique en partie la folie meurtrière qui hante la culture américaine. Sont directement visés les mass-médias qui portent, selon des spécialistes, "les germes de ce virus de la violence".

    Plusieurs études ont montré le lien entre violence et télévision. Une enquête du célèbre sociologue US, le Dr George Gerbner, constate que les émissions de télévision pour enfants contenaient environ 20 actes violents par heure et que les jeunes se comportaient différement après avoir vu ce type d'émissions.

    Effets mimétiques ? Certainement. Les américains ne s'y trompent pas; selon un sondage de CNN réalisé au lendemain de la fusillade, plus de 50% d'entre eux estiment que la violence à la télévision a joué un rôle néfaste dans les récents épisodes meurtriers sur les campus américains.

    Le groupe auquel appartenait les deux adolescents qui ont perpétré le massacre possédait ses propres rites. Cette mafia des Longs-Manteaux (trench coat) était vêtue de longs imperméables noirs, était fascinée par les emblèmes nazis et les théories racistes d'Adolphe Hitler, scandaient des slogans comme "Je hais les gens" ou "Vive la mort !", en écoutant la musique de la rock-star satanique et gothique, Marylin Manson (celui qui affirme être l'Antichrist et porteur de l'Apocalypse).

    Hollywood a réagi à ce massacre, en décidant de ne pas porter à l'écran la tragédie du lycée. Réaction à chaud ? ou véritable prise de conscience ?

    On peut en douter, eux qui n'avaient pas attendu le dénouement de la prise d'otage de la secte au ranch de Waco (Texas) en 1996 pour immédiatement l'adapter sur petit écran. "Tout ce qu'il y a là est souffrance et tragédie. Je serais surpris si quinconque s'apprêtait à porter cette fusillade à l'écran" a déclaré au Los Angeles Times sous couvert de l'anonymat un responsable d'un réseau de télévision.

    Les responsables de CBS, NBC, ABC et Fox ont indiqué qu'ils n'avaient pas de plans concernant un film sur ce massacre et qu'ils n'avaient pas (encore) été approchés par des producteurs cherchant à vendre un tel projet, au demeurant morbide et voyeuriste.

    Les bonnes intentions des réseaux ont conduit la Warner Bros et CBS à déprogrammer les épidodes des feuilletons Buffy the Vampire Slayer (Buffy, le tueur de vampire) et Promised land (Terre promise), ou, pour l'un, il évoquait un possible carnage dans une école, et pour l'autre, parlait de la violence des gangs.

    Le cinéma est dans la ligne de mire des associations contre la violence. Après le Natural born killers (Tueurs-nés) d'Oliver Stone avec le couple Harrelson-Lewis qui massacre gratuitement, les longs-métrages n'hésitent pas à offrir la violence dans toute sa splendeur. Dernièrement, la jeunesse américaine a apprécié Un élève doué de Bryan Singer (Usual suspects et le mythique Kaiser Söse), l'histoire de cette fascination et obsession d'un brillant élève pour le Troisième Reich ; ou encore American History X de Tony Kaye (avec les Edward Norton et Furlong), qui raconte la saga d'un skinhead où la colère, la haine raciale et l'intolérance constituent le parcours initiatique de ce personnage imprégné de relents nazis. Sans oublier la suite de I still know what you did last summer de Danny Cannon (Souviens-toi de l'été dernier) où se succédèrent une série de meurtres d'adolescents.

    Mais, les critiques les plus véhémentes viennent du film de Scott Kalvert, The basketball diaries avec un certain jeune premier à l'époque (1995) Leonardo DiCaprio, qui campe un ado qui va descendre aux enfers, sombrant dans une plus vision de plus en plus surréaliste des choses et perdant tout contact de la réalité. Portant un trench coat noir, il n'hésitera pas, dans un des scènes du film, à faire feu sur son professeur et les élèves de son école.

    La MGM a tenté de retirer le film des rayons des vidéo-clubs américains. Mais, elle se heurte à un problème de droits : le film appartient jusqu'au 30 juin prochain à Polygram Filmed Entertainment. La compagnie a eu même l'intention d'offrir une compensation financière aux propriétaires qui retourneraient le film de leur propre gré. Mais encore là, la MGM a buté sur les avocats de Polygram. Le film fait actuellement l'objet d'une poursuite judiciaire de 130 millions de dollars de la part des familles de trois étudiants assassinés en 1997 par un jeune homme de 14 ans dans une école de Paducah Kentucky.

    Cette action fait ensuite à l'accord de la Cour Suprême des Etats-Unis de refuser d'invalider une décision de la Cour d'Appel de Louisiane qui autorisait la famille d'une jeune femme blessée lors d'un braquage d'un magasin à poursuivre Oliver Stone, les producteurs et distributeurs de Tueurs Nés. Pour les magistrats, l'oeuvre incitait à des activités illégales, et donc à commettre des "meurtres par imitation".

    La liberté artistique est ainsi mise à mal. Les droits des idées créatrices des artistes et la liberté d'expression, garantis par le Premier Amendement de la Constitution ne sont plus à l'abri de poursuites pénales.

    Les relations entre médias et violence sont des thèmes récurrents. Les avis sont partagés sur les effets directs et puissants des médias. Pour la plupart des sociologues, la violence à l'écran entraîne des réactions de mimétisme. Mais, pour d'autres, le fait de regarder une scène de violence est une forme de catharsis qui libère et purifie l'individu.

    Le problème est bien là et déchaîne les passions. Le journal Hollywood Reporter a publié une lettre ouverte à Hollywood dans laquelle une organisation du Colorado, HAVE (Hollywood Against Violent Entertainment) appelle l'industrie du cinéma à renoncer au spectacle de la violence. La médiatisation de ce massacre doit faire réfléchir les producteurs qui doivent arrêter toute forme de violence gratuite et réaliste.

    A l'heure où, en France, la violence se déchaîne dans les tribunes des stades de foot et le manisfeste Stop la violence prend de l'ampleur, réfléchissons pour que cela ne se reproduise plus ! L.B

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