La presse chinoise a observé un black out quasi total jusqu'à présent sur le festival de Cannes, magré la présentation dimanche du film l'Empereur et l'assassin du réalisateur chinois Chen Kaige, en compétition pour la Palme d'or.
Aucun média chinois n'a fait état de cette présentation, tandis que la veille le quotidien de la jeunesse de Pékin s'était contenté d'un bref article pour signaler "que les masses n'avaient pas cessé de protester" contre les frappes de l'OTAN contre la Yougoslavie durant la cérémonie d'ouverture du festival mercredi dernier.
Plusieurs centaines de manifestants ont protesté contre les frappes de l'OTAN, "mettant un peu d'animation dans un 52ème festival manquant singulièrement de vedettes" a relevé le journal, dans le seul article consacré jusqu'à présent au festival de Cannes par la presse chinoise.
Celle-ci a consacré l'essentiel de ses colonnes aux suites du bombardement "par erreur" de l'ambassade de Chine à Belgrade par l'OTAN qui a suscité des manifestations monstres à travers le pays au début de la semaine dernière.
Le festival de Cannes avait déjà été sur la sellette le mois dernier lorsque le réalisateur Zhang Yimou, auteur du film Epouses et concubines primé à Venise, avait annoncé dans un journal chinois qu'il avait décidé de "retirer" du Festival les deux films qu'il comptait présenter cette année, afin de protester contre la "discrimination" qui frapperait selon lui les films chinois en Occident.
Gilles Jacob, délégué général de la manifestation lui avait répondu que les films retenus l'étaient pour leurs "seuls critères artistiques".
Le quotidien "matin de Pékin" a reconnu vendredi que l'un des deux films mis en cause Yige dou bu neng shao (Pas un seul absent), qui relate l'histoire d'une jeune institutrice en milieu rural, avait reçu un accueil plutôt négatif jusqu'à présent en Chine où les recettes enregistrées jusqu'à présent sont très en deçà de celles attendues d'un film de Zhang Yimou.
Présenté en avant première dans le Grand Palais du Peuple à Pékin en octobre dernier, le film de Chen Kaige l'Empereur et l'assassin, une vaste fresque épique sur l'Empereur qui unifia la Chine par le fer et le feu, avait lui aussi reçu un accueil très mitigé : la presse chinoise avait notamment critiqué plusieurs scènes particulièrement violentes tout en regrettant certaines des libertés prises par le scénario avec la réalité historique.
A.F.P
