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    Le détective "Shaft" revient

    Samuel L. Jackson reprend le rôle du privé noir, Shaft, ancienne gloire de la blaxploitation. John Singleton réalise cette nouvelle version.

    Black is beautiful

    L'acteur noir Samuel L. Jackson, qui triomphe actuellement aux Etats-Unis en Mace Windu dans La Menace Fantôme, commence le tournage, au début du mois d'août, d'une nouvelle version de Shaft, film culte des seventies de la mouvance blaxploitation.

    Réalisé par John Singleton (Boyz ‘N the Hood, Poetic Justice), sur un scénario de Richard Price (Money train), Shaft met en scène un détective noir de Harlem qui est chargé par le chef de la pègre locale de retrouver sa jeune fille kidnappée par une bande rivale new-yorkaise.

    Produit par Scott Rudin (South Park, The Truman show) et distribué par Paramount, ce long métrage réunira, autour de Samuel L. Jackson (nominé aux Oscars pour son rôle de Jules Winnfield dans Pulp Fiction), l'acteur colombien John Leguizamo (Romeo + Juliet, The fan, Moulin Rouge) qui interprétera le méchant Peoples Hernandez, mais aussi la chanteuse-comédienne et ancienne Miss America, Vanessa Williams (à l'affiche le 04 août prochain sur les écrans français dans Danse Passion) qui sera l'innocente victime.

    Les premières prises de vue se dérouleront à New York. La sortie n'est pas prévue avant le troisième trimestre 2000.

    Blaxploitation

    En interprétant le détective John Shaft, Samuel L. Jackson va ainsi faire renaître le mouvement blaxploitation qu'a connu l'Amérique des années 70.

    S'étendant sur presque une décennie, cette époque correspond à un désir de reconnaissance de la communauté noire. En effet, lassés de se voir représenter aussi bien au cinéma que sur le petit écran, "en dealers, voleurs, violeurs, enfin bref, en personnages peu recommendables", les noirs décident de réagir en poussant un grand cri de légitimité. Ils ne veulent plus être appelés Noirs, qui leur semblent trop péjoratifs, mais Afro-Américains. Ils vont ainsi devenir les héros de productions où se mêleront allègrement sexe et ultraviolence. La blaxploitation est ainsi née.

    Ce terme est inventé par un journaliste de la presse spécialisée pour ainsi désigner des films d'exploitation destinés à un public noir.

    L'instigateur de ce mouvement a été Melvin Van Peebles, le père de Mario, avec son Sweet Sweetback Baad Assss Song. Tourné en 1971, ce film choquant pour l'époque racontait, dans une ambiance complètement psyché, la fuite d'un "noir poursuivi par la police à travers le ghetto pour le meurtre de deux policiers blancs qui avaient tabassé à mort le leader d'un groupe de manifestants".

    Film politique et racial, il était le reflet de la société américaine, où les Noirs étaient enfermés comme faire-valoir de la communauté blanche.

    Sur les fonts baptismaux de la blaxploitation se trouvent, la même année sur les écrans, les aventures de Shaft, les nuits rouges de Harlem. Le réalisateur Gordon Parks révélait ainsi Richard Roundree, détective privé noir (appelé la sagesse de la rue), entretenant aussi bien des relations avec le milieu qu'avec les poulets blancs.

    Carton plein en salles, Shaft renouvellera par deux fois ses aventures : dans Les nouveaux exploits de Shaft (1972) et dans Shaft contre les trafiquants d'hommes (1973). Avec une bande-son immortalisée par Isaac Hayes, ce succès colossal marque véritablement le début de cette ère du "blackpower".

    Dès lors, tous les genres possibles seront déclinés pour faire jouer des héros noirs : films de karaté, westerns, fantastiques et gores (et les célèbres Blacula et Dr Black, M. Hyde), comédies musicales, polars...

    Des stars, éphémères, vont ainsi se révéler (Louis Gosset Jr, Antonio Fargas). C'est aussi le cas de la jolie Pam Grier, véritable égérie de cette culture. Repérée par le découvreur de talents Roger Corman (The Big Doll House de Jack Hill), elle explose dans le légendaire Coffy, la panthère noire de Harlem (1973) du même Jack Hill, où elle interprète une "Charles Bronson en jupons, armée d'un fusil à pompes et qui fait le ménage à tout va dans le milieu de la pègre". Pour les besoins du scénario, elle n'hésite pas à montrer sa lourde carrosserie mammaire et ses fesses rebondies pour pimenter l'ultraviolence de ses actions.

    Par la suite, son rôle est décliné dans Foxy Brown (1974), Friday Foster (1975) ou Sheha Baby (1975). Pam Grier se fonde ainsi une solide réputation de femme-panthère affamée, une "Clint Eastwood au féminin". Elle est même reconnue comme icône des féministes. Mais, sa carrière s'interrompt à la fin des années 70, en même temps que la blaxploitation. Après une longue traversée du désert, elle reprend du service, à la demande de Tarantino, en hôtesse de l'air filoute dans Jackie Brown (1998), sorte d'hommage à ce mouvement.

    La blaxploitation s'essouffle, ne parvenant plus à se renouveler. Les intrigues tournaient toujours contre les oppresseurs blancs. En panne d'inspiration, les metteurs en scène se heurtent à la crise économique des années 80. Le mouvement disparaît.

    Mais, il reste aujourd'hui encore quelques signes de cette époque : la musique spirit of soul, les pattes d'eph, les grosses lunettes style the fly, les tee-shirts psychés et autres coiffures afro Jackson Five qu'aborde fièrement la jeunesse, éprise de liberté. L.B

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