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    Hitchcock Forever

    Alfred Hitchcock aurait eu cent ans ce vendredi 13 août. Hommage au plus grand réalisateur de suspense de tous les temps.

    A l'approche de cette fin de siècle, si on devait citer un cinéaste marquant, il est indéniable que Sir Alfred Hitchcock serait largement plébiscité, au même titre que les défunts Orson Welles, Charlie Chaplin ou Stanley Kubrick.

    Le réalisateur à l'éternelle mine débonnaire, avec cinquante-quatre films à son actif, est rentré dans la conscience collective des spectateurs comme étant le maître ès suspense. La référence absolue des sueurs froides.

    Né le 13 août 1899 dans à Leytonstone, dans le comté d'Essex (Angleterre), le jeune Alfred connaît une enfance solitaire, loin des camaraderies et jeux de son âge. Introverti, il entre au collège des Jésuites, où il subit les brimades corporelles de ces "gens diaboliques" (dixit l'intéressé). Il enchaîne par des études d'ingénieur, qui le mèneront à la Cie Télégraphique Hanley, puis à la succursale londonienne de la firme Famous Players Lasky.

    Il entre, dès lors, dans le monde du cinéma, en étant tour à tour dessinateur de sous-titres pour films muets, assistant réalisateur, adaptateur, dialoguiste et même décorateur. C'est en 1925 qu'il tourne son premier film, The Pleasure Garden. Film qui a connu un tournage mouvementé.

    L'année suivante, il épouse, vierge, l'amour de sa vie, Alma Reville et réalise The Lodger, histoire inspirée de Jack L'Eventreur. Film muet qui contient tous les ingrédients qui feront son fonds de commerce : une femme, un méchant, un brave type suspecté, et une fin heureuse.

    Commence dès lors l'ascension magistrale et prolifique de ce disciple de Conan Doyle. Jusqu'en 1939, il connaît les succès (L'Homme qui en savait trop (1934), Les trente-neuf marches (1935) et Une Femme disparaît (1938)), mais aussi les échecs (A l'Est de Shanghaï ou Le Chant du Danube). 1939 est la date où il met fin à sa période anglaise, riche de 26 films en 17 ans. Il s'exile outre-Atlantique à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Ce qui suscita, à l'époque, pas mal d'interrogations sur cette dérobade à "l'anglaise".

    Le premier film américain du maître est Rebecca en 1940. Produit par le plus influent producteur de l'époque David O. Selznick, ce long métrage remporte l'Oscar du meilleur film. Oscar qui n'ira jamais au réalisateur, puisque la coutume veut que ce soit le producteur qui conserve la statuette. Hitchcock n'obtiendra d'ailleurs jamais la récompense suprême. Sauf pour l'ensemble de sa carrière en 1971. Heureusement.

    La Corde des frissons

    Alfred Hitchcock connaît son apogée dans les années cinquante, avec l'exploration de ses thèmes de prédilection : l'innocence accusée, le crime, le péché... Il donne les frissons aux spectateurs en utilisant le MacGuffin, concept révolutionnaire qui devient un style à part. Utilisé pour justifier l'histoire, l'élément apparaît vite comme secondaire et sans grande importance. Dans Psychose, le thème est une sombre histoire d'argent qui s'évapore assez rapidement.

    La poursuite demeure aussi l'un des éléments moteurs de ses films. Sans poursuite, point de films. Le suspense est lancé. Dans La Mort aux Trousses, Cary Grant symbolise cette folie, cette fuite en avant.

    Il devient le roi incontesté de la peur et du glamour. Alfred Hitchcock aime les femmes. Les blondes en particulier. Il noue des relations ambiguës avec les stars féminines. Relations faites de mépris ( "Du bétail" a-t-il déclaré un jour). Tout le monde se rappelle de cette réplique cinglante, le jour où Kim Novak (Sueurs froides, Vertigo) lui demanda qu'elle était son meilleur profil, et qu'il rétorqua, sévèrement, qu'elle était assise dessus. Mais, relations aussi faites d'admirations, voire de fascinations. Comme celles qu'il éprouvait, secrètement, pour Grace Kelly, la future Princesse de Monaco. Elle fut son égérie, tournant plusieurs films célèbres comme Fenêtre sur cour, Le Crime était presque parfait ou La Main au collet.

    Sa silhouette rondouillarde, Hitch l'assume sans complexe, la promenant fièrement dans ses apparitions en guest star. Toutes les occasions sont bonnes pour se montrer. Généralement au milieu d'une foule. Ces apparitions sont guettées par les puristes. Car un film sans une ombre joviale ou arrogante de Hitch est considéré presque comme un crime de lèse-majesté.

    A la fin des années cinquante, le réalisateur tourne moins, mais signe quelques chefs d'œuvre comme Sueurs Froides, La Mort aux trousses, Psychose et sa mythique scène du meurtre sous la douche ou Les Oiseaux. Il travaille pour la télévision avec sa série Alfred Hitchcock Presents, dont il dirige plus de cent histoires. Mais des ennuis cardiaques l'éloignent des plateaux de tournage. Il termine péniblement Complot de Famille en 1976. Annonce quand même sa prochaine réalisation, Nuit Brève qui devait réunir Sean Connery et Liv Ullmann. Mais, Sir Hitchcock n'a pas le temps de le mettre sur rail qu'il meurt le 29 avril 1980.

    Le suspense est tombé. Souvent imité, jamais égalé, Hitchcock demeure la référence. Chapeau bas. L.B

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