Le cinéma français a triomphé samedi au Pays basque, raflant six des neuf prix du festival de San Sebastian, dans le sillage des deux films français en compétition, C'est quoi la vie ? de François Dupeyron et La maladie de Sachs de Michel Deville, salué chacun à deux reprises.
Concha de oro (coquille d'or) du meilleur film et meilleur acteur, avec Jacques Dufilho, pour C'est quoi la vie ?, meilleur réalisateur et meilleur scénario pour La maladie de Sachs: le jury, présidé par Bertrand Tavernier, lui-même couronné par le prix du public avec son dernier film, Ca commence aujourd'hui, a fait dans la francophilie. Un sentiment visiblement partagé par le jury du meilleur jeune réalisateur, qui a voté à l'unanimité en faveur de Laurent Cantet, pour son très engagé Ressources humaines.
Seule l'Espagne, avec Aitana Sanchez-Gijon pour son interprétation de la Duchesse d'Albe, dans Volaverunt, de Bigas Luna, et Alfredo Mayo, pour la photographie de Cuando vuelvas a mi lado, de Gracia Querejeta, a finalement tiré son épingle du jeu.
Quant à la Chine, sortie en triomphe lors de la Mostra de Venise, elle s'est une fois de plus mise en évidence, avec Zhang Yang, couronné comme meilleur réalisateur, aux côtés de Michel Deville, pour son magnifique Xizhao (la douche).
Avec C'est quoi la vie ?, une romance toute simple au fond des Causses du Larzac sur fond de malaise paysan et de crise de la vache folle, le festival de San Sebastian a justifié cette "vocation culturelle du risque" que son directeur, Diego Galan, défend ardemment.
Réalisée par François Dupeyron, entré par la grande porte dans le cinéma en 1988 avec Drôle d'endroit pour une rencontre, une histoire de passion jouée par Gérard Depardieu et Catherine Deneuve, sur une aire d'autoroute, la >Concha de oro 1999 est un film à l'écart des modes. Histoire d'amour, C'est quoi la vie ? est aussi un émouvant portrait de trois générations de paysans, avec notamment un extraordinaire patriarche, Jacques Dufilho, le récent Pétain de Jean Marboeuf, dans le rôle du grand-père.
"Je n'ai pas voulu faire un film "écolo", s'est défendu François Dupeyron, lors de la présentation de son film à San Sebastian. J'ai simplement voulu filmer la vie, la misère, la mort, et l'amour".
Déjà couronné par la Concha de plata (la coquille d'argent) à San Sebastian, en 1978, avec Le dossier 51, Michel Deville a récidivé, 21 ans après, avec lui aussi une histoire toute simple, adaptée du roman homonyme de Martin Winckler, La maladie de Sachs.
Ici, le héros n'est pas un paysan mais un petit médecin généraliste, dans un petit village. Le docteur Sachs, confronté quotidiennement aux souffrances et aux angoisses de ses malades, vrais ou imaginaires, tente d'exorciser son mal, de vivre par l'écriture.
Pour composer cette "mosaïque d'éclats de vie", cette maladie que Martin Winckler (lui-même médecin près du Mans) qualifie de "malle à dits", Michel Deville a fait appel à une palette de comédiens, tous professionnels, mais pour la plupart inconnus du grand public. Quant au docteur Sachs, il est interprété tout en nuances par Albert Dupontel.
Certes, l'acteur-réalisateur du récent et très sauvage Bernie n'était pas en terrain totalement inconnu: "j'ai été carabin pendant quatre ans. Mais quand je suis parti, personne ne m'a regretté, ni les médecins, ni les malades".
A.F.P
