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    Le Combat de Luc Besson

    Depuis une semaine, Luc Besson est accusé de plagiat par l'hebdomadaire, L'Evénement du Jeudi. Une polémique qui déplait au cinéaste de "Jeanne d'Arc".

    Luc Besson est-il un plagiaire ?

    C'est par ce titre choc que l'Evénement du Jeudi a décidé de faire la une de son hebdomadaire avec une photo des plus symboliques et racoleuses : un Luc Besson, cheveux hirsutes, se cachant dans son tee-shirt, comme pour se cacher de l'opprobre.

    En effet, depuis quelques jours, les conversations et rumeurs vont bon train aussi bien dans le milieu du Septième Art que dans les discussions du spectateur lambda : "le président du prochain Festival de Cannes est-il un usurpateur ?".

    Depuis la parution de l'article de Yseult Williams dans l'Evénement (dans son édition du 2 mars), la polémique enfle sur les supposées qualités artistiques et morales de Luc Besson. A l'origine, une série d'accusations et de plaintes formulées contre le cinéaste, dont une partie pour plagiat ou contrefaçon. Cette suspicion a fait sortir Luc Besson de son anonymat, en expliquant et contre-attaquant point par point ce procès d'intention dans une longue interview accordée au quotidien Libération (du 6 mars). Retour sur cette affaire Besson.

    Luc Besson, en ouvrant les portes de son manoir en Normandie au journaliste Olivier Séguret de Libération, a fait une mise au point concernant ce "portrait à charge orienté et de mauvaise foi" de l'EDJ. Un Luc Besson décrit comme oisif, passant ses journées à chercher des documents à pomper. Il fustige "la maladie américaine des procès", et cette judiciarisation du succès..

    L'intégrité professionnelle et morale de Luc Besson est ainsi contestée pour ses films, Le Dernier Combat (1983), Le Grand Bleu(1988), Léon (1994) et Jeanne d'Arc (1999), ainsi que pour Taxi (de Gérard Pirès – 1998) dont il est le producteur.

    Les griefs reprochés sur Le Dernier Combat concernaient les droits d'exploitation que Pierre Jolivet, coproducteur, co-scénariste, interprète du film et "amis de dix ans" avec Besson, tenta de récupérer. En vain. Un conflit de mauvaise gestion (3 millions de francs de dettes) que Luc Besson a gagné en première instance, puis en appel.

    Autre collaboration qui tourne mal : Le Grand Bleu. Après le succès populaire du film de toute une génération, le cinéaste coupe les ponts, du jour au lendemain, avec Jacques Mayol (personnalité dont s'inspire Le Grand Bleu), refusant de partager les fruits du succès avec le mythique plongeur en apnée.

    Concernant Léon, le cinéaste reconnaît qu'une plainte pour plagiat a été déposée par Franck Gérardi, jeune auteur lyonnais. Ce dernier était persuadé que son scénario, L'Enfance déchirée (déposé en 1989 à la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques – SACD) aurait servi de script à Léon ; il y retrouvait sa trame, ses personnages...

    A cause de ces similitudes, il déposa une plainte pour plagiat. Que nenni. Le nettoyeur Léon, interprété par Jean Reno, n'a aucun rapport avec le personnage du script de Gérardi. Les juges lui donnent tort, il est débouté de sa demande en dommages et intérêts en 1999. Et n'a pas encore décidé s'il allait élever le conflit en appel. S'attaquer au système Besson relève donc de la sinécure.

    L'autre accusation de contrefaçon concerne Taxi. Gérard Dardet et Pierre Grombecque, auteurs du script Faux départ, ont trouvé que Taxi, réalisé par Gérard Pirés, mais écrit et produit par Besson, comportait d'étranges similitudes avec leur scénario. Ils l'attaquent en justice. De son côté, Luc Besson se défend "de n'avoir jamais lu le script qu'on (m') accuse d'avoir contrefaçonné". Les ressemblances entre les deux écrits sont tellement bateau pour Besson, "qu'il y a partout des scènes comme ça". De plus, Besson rappelle qu'une première monture de son scénario a été déposée à la SACD en 1988, soit six ans avant les prétendus copiés.

    Enfin, le procès en cours sur Jeanne d'Arc concerne, selon Besson, un conflit de business, entre lui et la réalisatrice américaine Katryn Bigelow (Point Break, Strange Days). Au départ, les deux cinéastes avaient le projet de développer conjointement une nouvelle version de Jeanne d'Arc. Mais, un différend éclate sur la distribution du rôle de la Pucelle d'Orléans, Bigelow voulant Claire Danes, Besson optant pour sa femme Milla Jovovich.

    Besson décide de se retirer de la production, et de tourner sa Jeanne d'Arc. Sur les conseils de Gregory Dovel, avocat intraitable d'Hollywood, Katryn Bigelow dépose plainte et accuse le réalisateur du Cinquième Elément de lui avoir subtilisé le projet de film qu'elle souhaitait absolument réaliser. Des dédommagements sont réclamés ; le prononcé du jugement est prévu en août prochain. Pour Besson, c'est "un procès en cours sur le contentieux de production assez courant". A moins que l'avocat de la plaignante décide d'élargir les soupçons en apportant la preuve que le cinéaste de Subway a plagié les idées et inventions narratives de sa cliente.

    Deux mois avant de prendre la présidence du 53ème Festival de Cannes, Luc Besson se voit ainsi malmener par cette campagne de presse quelque peu calomnieuse et dénigrante. Une question se pose : Luc Besson dérange-t-il ? Certainement. Nombre de ses détracteurs dans la profession lui reprochent son américanisme et ses films démesurés. Les critiques cinéma sont rarement tendres avec ses productions. Il a été boudé, vilipendé à la dernière cérémonie des César, où le malheureux n'est reparti qu'avec deux statuettes techniques (sur huit nominations). Une maigre récompense pour un cinéaste hors norme et paradoxal puisqu'il reste le champion du box-office international.

    Depuis son premier film, Le Dernier Combat, Luc Besson a attiré quelques trente millions de spectateurs en France. Un succès qui dépasse les frontières puisque depuis des années, il fait la part belle au cinéma français à l'étranger. Le Cinquième Elément, à titre d'exemple, a enregistré 1 milliard de francs de recettes hors France.

    Cinéaste maudit, envié, jalousé, détesté, Luc Besson s'est défendu de ses accusations malhonnêtes. "J'ai commencé à écrire à l'âge de 16 ans, et j'ai dû écrire une quarantaine de scripts. Je n'ai pas besoin de copier". Une mise au point nécessaire pour laver un honneur ! L.B

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