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    Stephen Hopkins

    A l'occasion de la sortie de "Suspicion", remake américain de "Garde à Vue", Stephen Hopkins a répondu à "Parole de Star".

    AlloCiné : Si vous n'aviez pas été réalisateur, qu'auriez-vous fait ?

    Stephen Hopkins : En fait, j'ai commencé comme dessinateur de "comic books", à dessiner des super-héros... Mais je me suis aperçu que je n'étais pas assez bon, pas assez patient, que si je faisais cela, je mènerais surtout une vie triste et solitaire, assis dans mon coin à faire des dessins. Mais si j'échoue dans le cinéma, je retournerais peut-être à cette activité...

    Le premier film que vous ayiez vu sur grand écran

    J'ai grandi en Jamaïque. Enfant, il y avait une petite cabane où était tendue une toile et étaient projetés des films en 16mm, en Noir et Blanc. Mais, à cause de la situation politique entre la Jamaïque et l'Angleterre, ils ne montraient que des films de Tarzan et Randal Scott Weston.

    Votre réalisateur de référence

    Je crois qu'en grandissant, j'ai été assez influencé et intéressé par le travail de Hal Ashby, le réalisateur américain qui a fait Harold et Maude, Shampoo, Bienvenue Mister Chance...

    Votre plus grand regret professionnel

    J'essaie de ne pas avoir de regrets. Mais, je pense que dans ma carrière, j'aurais pu faire des films un peu plus différents les uns des autres.

    Votre meilleur souvenir professionnel

    Je crois qu'il s'agit d'une scène de ce tournage de L'Ombre et la Proie en Afrique. Je me tenais près de l'une de mes idoles, le scénariste William Goldman ; on regardait cette merveilleuse scène où un train entrait en gare. Il y avait des milliers de curieux, parce qu'on avait construit toute cette ville en Afrique du Sud.

    C'était très intéressant pour moi, parce que c'était exactement le plan que j'avais imaginé plusieurs mois auparavant. C'est vraiment quelque chose d'extraordinaire pour un réalisateur quand vous voyez sous vos yeux ce que vous avez rêvé, ce sentiment de "déjà vu".

    Votre film de chevet

    Harold et Maude... Je crois qu'en grandissant, j'étais un ado rebel et autodestructeur. Quand j'étais déprimé, pour oublier ce que je faisais, je regardais ce film, et cela me rappelait immédiatement la vivacité de la vie.

    Votre plus grand désir

    Réaliser un film aussi bien que ceux de Patrice Leconte. Aujourd'hui, c'est l'un des mes réalisateurs vivants préférés. Le dernier film que j'ai vu de lui est La Fille sur le Pont... J'adore à chaque fois ses films. Ils parlent toujours du mystère de l'amour ; ils sont charmants, intéressants, sombres, magnifiques...

    La rencontre déterminante dans votre carrière

    Je travaillais avec un de mes amis réalisateurs sur un plateau de film télé, à la fin des années 70. A l'époque, je dessinais des comic books, et j'ai réalisé que cette activité n'était pas vraiment pour moi. Je me suis dit alors, je pourrais faire ça. Je suis arrivé sur le plateau, et je me suis dit "Tiens, c'est ici que je devrais être..."

    En résumé, "Suspicion"...

    Pour moi, ce film est intéressant à plusieurs titres... Ce sont deux hommes intransigeants qui semblent très puissants, mais qui ont peur de perdre ce pouvoir. Le film parle de ce qui conduit les hommes, les impulsions qui vous poussent à faire des choses et à réagir. Cela montre comment les gens qui n'aiment pas ressembler aux autres veulent imposer à tout prix leurs idées.

    Ce qui m'intéressait, c'était aussi l'exploration du thème de l'amour qui ne fonctionne pas.

    Votre première réaction à la lecture du script

    Quand je l'ai lu pour la première fois, c'était juste une traduction française, qui était relativement assez mauvaise ; c'était donc dur à comprendre... Il y avait de très bonnes idées et d'excellents thèmes dans le script, mais qui n'étaient pas du tout étayés.

    J'ai alors regardé le film [Garde à Vue de Claude Miller NDLR] et cela m'a beaucoup aidé. Sont alors ressortis les thèmes du film comme l'amour, la rivalité, les compromis, l'ambition, l'argent... J'en ai discuté avec Morgan Freeman et Gene Hackman de ce qu'ils pensaient du film, des personnages... et j'étais excité de voir qu'on avait tous la même vision.

    Comment êtes-vous arrivé sur le projet de ce remake ?

    La compagnie de Morgan Freeman [Revelations Entertainment NDLR] m'a envoyé la traduction du film de Claude Miller, Garde à Vue. Une fois qu'on avait, Morgan, Gene Hackman et moi-même, fixé ce qu'on voulait faire, ils m'ont laissé choisir un scénariste. Nous disposions que de cinq semaines pour écrire le script. On s'est mis à travailler, jour et nuit, avec Peter Iliff. C'est un processus passionnant.

    Connaissiez-vous la nouvelle de John Wainwright, "Brainwash", qui a servi d'adaptation pour "Garde à Vue" ?

    Non, je n'avais pas lu le livre du britannique John Wainwright, avant d'entendre parler du projet de ce remake. Je l'ai alors lu, et j'ai trouvé que c'était vraiment quelque chose de très différent du film de Claude Miller.

    C'est très poignant. Cela me rappelle un film anglais de Sidney Lumet, The Offense avec Sean Connery, que j'avais vu quand j'étais plus jeune et qui m'avait vraiment frappé...

    En fait, ce livre raconte l'histoire d'un minable employé du Trésor qui est haï par sa femme. C'est donc vraiment différent ; c'est très anglais.

    Comment s'est passé le travail avec Gene Hackman et Morgan Freeman, qui sont les deux héros du film, mais surtout les producteurs exécutifs de "Suspicion" ?

    Je me souviens d'avoir été un peu intimidé. Mais, j'ai vite réalisé que je ne devais pas l'être, parce que ces deux types sont vraiment excellents dans ce qu'ils font, qu'ils m'ont rendu la vie plus facile, m'ont décontracté. C'était vraiment bien de se dire que tout ce que j'avais à faire était de collaborer avec eux. Cela donne le moral de savoir que tout est OK, que tout se construit. Beaucoup de gens croient que lorsqu'on est réalisateur, on a tout le pouvoir, qu'on dirige le monde. Mais, ce n'est pas vrai du tout. Je pense qu'on est là pour servir le film et pour essayer de contrôler toute cette machine.

    Pourquoi avoir choisi Monica Bellucci pour interpréter Chantal, rôle tenu dans l'orginal par Romy Schneider ?

    J'ai vu L'Appartement [de Gilles Mimouni NDLR] plusiers fois. Je suis un grand fan de ce film, et je me suis toujours demandé pourquoi je n'avais jamais entendu parler d'elle auparavant.

    Je l'ai rencontrée par hasard à Londres par l'intermédiaire de son agent ; Gene Hackman m'en avait aussi touché deux mots. Quand je l'ai vue, je me suis dit qu'elle serait parfaite pour le rôle de Chantal.

    Je voulais essayer d'amener différents styles à un film américain ; je ne voulais pas d'une star US dans ce rôle, mais plutôt quelqu'un de mystérieux, avec toutes ses qualités. Elle est l'archétype de la femme avec tous ses attributs. C'est une vraie femme, ni enfant, ni masculine ; elle est forte, puissante. Je voulais absolument dans ce film cette image qu'elle vous donne et qui vout fait dire "C'est vraiment une grande actrice". Elle est très belle, très intelligente. Concernant le personnage, elle a suggéré beaucoup de choses pour se glisser dans la peau de Chantal.

    Que représente pour vous ce nouveau film ?

    Peut-être une période de ma carrière, où au lieu de faire des films très visuels, basés sur les effets, les styles, je reprends ma caméra et je travaille avec une petite équipe. Je fais quelque chose d'un peu plus dramatique, des choses moins communes. J'essaie de véhiculer des idées un peu mystérieuses, à la manière des films en noir et blanc.

    Commentaire de filmographie

    - Freddy 5 : l'enfant du cauchemar

    C'était ma première production hollywoodienne. Je me souviens avoir été engagé le jour de la St Valentin. Les producteurs m'ont dit "Voilà, ton script. Maintenant au travail !". C'était étonnant, surréaliste ; je n'ai pas arrêté pendant six mois. Je tournais encore quand le film était au mixage. C'était une période très instructive. J'ai toujours aimé les films d'horreur. C'était vraiment bien.

    - Predator 2

    Ce n'est vraiment pas pareil. Ici, vous devenez le réalisateur de Joe Silver [producteur des Matrix, L'Arme Fatale, Assassins... NDLR]. C'est un film de studios à très gros budgets. C'était très excitant de pouvoir composer avec tous ces jouets comme les marionnettes de Stan Winston, de grands acteurs comme Danny Glover, Bill Paxton, Gary Busey, Ruben Blades... On ne s'est pas trop servi du script. C'était assez amusant de s'attaquer à Los Angeles en tant que jeune homme, créant toute cette violence, ce ballet de folie.

    - Blown Away

    C'était un très bon scénario, très intelligent. Je leur ai dit que je voulais le faire si j'avais vraiment de bons acteurs. Jeff Bridges et Tommy Lee Jones étaient partant. J'ai essayé de faire un thriller style années 70, un peu plus lent que mes précédentes réalisations. Il y a de très bonnes séquences. Visuellement, c'était très intéressant, et drôle.

    - Perdus dans l'espace

    Grosse machine, très compliquée à approcher. Plus de deux ans pour faire ce film. C'était très difficile. Beaucoup de monde sur le tournage, les ordinateurs, les équipes... Un défi intellectuel.

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